Super déçu pour le coup. Je n'attendais clairement pas de
The Walk un grand film, mais de la part de Robert Zemeckis je m'attendais quand même à quelque chose de plus correct. Alors non, ce n'est pas un mauvais film en soi, mais c'est de très loin le film le plus mineur du cinéaste depuis une bonne décennie (depuis
Le Pôle Express en fait). Le cinéma de Zemeckis depuis plusieurs années consiste en un équilibre subtil entre une volonté de raconter une grande histoire, et une volonté de la mettre en image de façon étonnante. En cela, Zemeckis fait parti des rares réalisateurs aujourd'hui à tenter de marier l'évolution de sa mise en scène par la technologie sans pour autant tout concéder à cette dernière. Le problème avec
The Walk, c'est que cet équilibre est totalement bousculé, et ces deux façons de percevoir le métrage se retrouvent séparées distinctement pour un résultat plutôt mitigé.
On commence donc avec une première partie évoquant pourquoi Philippe Petit souhaite traverser l'espace entre les deux tours du World Trade Center, une partie qui est de loin ce que Zemeckis a fait de moins bon depuis un long moment. Gimmick de mise en scène WTF (Paris en noir et blanc pendant cinq minutes, puis arrivée de la couleur alors qu'on reste à la même époque), écriture sacrifiée des personnages secondaires (celui de Ben Kingsley en étant la preuve absolue), et utilisation nawak de la langue française (forcément, ça fait bizarre d'entendre des discussions entre deux français alors que l'un a un accent américain parfaitement audible), la liste est longue. Le pire étant de constater que Zemeckis, qui n'avait pas signé le script d'un film-live depuis Retour vers le futur, loupe le coche dans la partie essentielle de son métrage, à savoir créer l'empathie autour de son personnage principal en lui donnant une raison que le spectateur pourra rejoindre. Ainsi donc, plusieurs pistes sont lancées, mais aucune d'entre elles n'aboutit sur quelque chose de concret. Une première partie tout simplement ratée donc, et qui contraste totalement avec le dernier tiers du métrage qui est, pour le coup, un total show-off assumé de Zemeckis. On s'en doutait avec l'utilisation du relief mise en avant lors de la promotion du film : la fameuse traversée sur le fil se veut être un gros morceau de mise en scène, la raison même pour laquelle le spectateur paye son billet.
Sur ce point,
The Walk réussit son pari : l'infiltration des tours puis la mise en place du câble fournit de sacrés moments de tension, épaulés par un beau passage au sommet d'une cage d’ascenseur où l'on relativise sur la fine limite entre la vie et la mort, et enfin la traversée, sublimée par une belle 3D, est l'un des gros morceaux de la carrière de Zemeckis, ou plutôt aurait pu être. Car oui, pour une raison totalement inconnue, Zemeckis décide de transformer une séquence poétique qui fonctionne très bien sans paroles, en un long climax sans cesse accompagné d'une voix-off qui surligne ce qui se passe à l'écran. Incompréhension totale de la part d'un cinéaste qui a prouvé par le passé sa maîtrise de la puissance évocatrice des images (les meilleurs moments de
What lies beneath en sont peut-être le meilleur exemple), à croire que sa confiance en sa mise en scène a disparue, de même que sa confiance envers Joseph Gordon-Levitt qui livre pourtant une sacré performance avec une belle palette d'émotions passant uniquement par l'expression faciale. Une scène sublime qui devient donc une scène à la fois superbe et agaçante, qui aurait pu être bien plus, à l'image du film dans sa globalité. Même la partition de Silvestri est peu mémorable malgré quelques jolis thèmes, le meilleur passage musical du film étant l'arrivée bienvenue de Beethoven. Un film intéressant, bourré de promesses non tenues, mais qui ne mérite quand même pas l'indifférence totale qu'il se prend actuellement.