Freddy est un dragueur chevronné. Pour lui, lever une petite parisienne se fait toujours en deux temps trois mouvements. Un jour, il rencontre Joseph, un apprenti dragueur qui aimerait bien lui aussi collectionner les jolies filles mais auquel il manque la technique et le physique de l’emploi. Freddy sympathise avec lui et l’emmène faire la tournée des coins de Paris riches en gibier. Par la même occasion ils en apprendront un peu plus sur eux-mêmes…Premier film de
Mocky,
Les Dragueurs est un petit film de 78 minutes pour le moins sympathique. D’abord parce que cette virée nocturne arrive à facilement maintenir éveillée l’attention du spectateur brinqueballé à des endroits variés (une aérogare, le Lido et ses environs, Montmartre, une « surboum » décadente chez une riche bourgeoise) et découvrant tout un éventail de parisiennes potentiellement en chaleur, de l’étudiante à la bourgeoise croqueuse d’hommes en passant par la cocotte ou la beauté infirme.
A cela ajoutons le tandem formé par
Jacques Charrier et
Charles Aznavour. A l’origine c’est
Mocky et son physique à la Delon qui devait occuper le rôle de
Charrier. Cela aurait peut-être fonctionné mais il faut reconnaître que
Charrier joue assez justement ce personnage de dragueur coincé entre cynisme dégueulasse et sordide solitude n’ayant qu’une envie : trouver en fait la femme de ses rêves. La scène clé en ce qui le concerne est lorsqu’il tombe à Monmartre sur le personnage d’
Anouk Aimée. Pour la première fois son discours amoureux sonne de manière sincère, jusqu’à ce qu’il découvre que la femme de ses rêves est infirme. Comme repris par ses vieux réflexes de dragueur toujours soucieux de perfection et du qu’en dira-t-on, il laissera partir la belle femme, mais sans doute avec force regrets rentrés.
Pour le personnage d’
Aznavour, c’est différent. On comprend que ce type souhaitant lever un max de belettes n’aurait en fait besoin que d’une chose pour être heureux : se trouver une femme ordinaire et gentille, et rester avec elle. Là aussi
Aznavour joue bien le rôle. Sans en faire des kilos dans le registre naïf et gaffeur, il parvient à camper un personnage attachant, bon contrepoint au personnage de
Charrier.
Enfin, il y a donc les femmes.
Mocky s’en est donné à cœur joie dans son casting et va même jusqu’à faire défiler lors de son générique de fin la liste des actrices qui « ont été draguées ». petites, grandes, blondes, brunes (Ah !
Dany Carrel !), plates ou avec des gros seins, elles sont finalement les véritables maîtresses du jeu tant les deux personnages masculins sont renvoyés à leur vide dès qu’elles ne sont plus là.
Pour qui n’aurait jamais vu de
Mocky,
les Dragueurs est une bonne entrée en matière puisque c’est le point de départ d’une période allant à peu près jusqu’à la fin des années 60, période à mon sens la meilleure de
Mocky. Après, ce sera un peu plus les montagnes russes.
A noter que le terme « dragueur » trouve son origine dans le film. Dragueur à ses heures perdues en 1959,
Mocky a expliqué qu’il s’agissait une expression d’un de ses potes dragueur.
Dragueur, de draguer, « racler avec une drague le fond d’un fleuve, d’un port, etc. ». L’emploi a ici un sens purement métaphorique, des hommes « draguent » les rues de Paris pour en retirer des moules à déguster le soir dans leur lit.
Sur ce bonne bourre, moi ça m’a donné envie de me taper un autre film avec la môme
Carrel.