Pas de problème !
Georges Lautner - 1975
Traqué par deux tueurs, un homme sérieusement amoché déboule par hasard dans l’appartement d’Anita Boucher (Miou-Miou) puis meurt sous ses yeux. Elle décide de demander l’aide de deux hommes : son ancien amant (Henri Guybet) et jean-Pierre Michalon (Bernard Menez), fils à papa rencontré en boite et prompt à filer le train à la belle Anita. Problème : ils décident de mettre le cadavre dans le coffre de la voiture empruntée par papa Michalon (Jean Lefebvre), papa qui évidemment va récupérer sa caisse par un improbable concours de circonstances. L’imbroglio commence…
Pas de problème, pas de problème, c’est vite dit ça. Parce que, franchement, tout le long des cent minutes, on se dit qu’il y en a quand même quelques-uns, de problèmes. Et pas de ceux que rencontrent les personnages mais plutôt en rapport avec la réalisation. Pourtant, en soi le sujet du cadavre encombrant n’avait rien d’inintéressant et les multiples péripéties avaient tout pour susciter le rire. Et ça commence même de manière sympathique avec une course poursuite rocambolesque concoctée par le père Rémy Julienne. Gratuit et débile mais peu importe, ça fait passer le générique d’agréable manière et on se dit que ça laisse augurer d’un film gentiment barré qui va être agréable à suivre, surtout lorsqu’on a la chance d’être tombé avant le visionnage sur ce screenshot :
Photo à l’origine de ma décision de voir le film (je sais, il m’en faut peu).
Bref il y a cette image prometteuse puis le générique façon Shérif fais-moi peur. Ça commence bien. Sauf que, voilà, Miou-Miou arrive (ça, encore, ça passe), puis Bernard Menez (aïe), puis Henri Guybet (re-aïe). Et là, une fois le trio constitué, on s’aperçoit que ça chie un peu dans la colle tout de même. Etrange impression que l’alchimie entre les trois ne prend pas, tout comme l’appropriation respective de leurs lignes de dialogue. Ça sonne faux et l’on se sent très vite étranger à ces moments d’engueulade puis de confessions intimes supposés tisser un lien de familiarité entre eux et le spectateur.
En y réfléchissant, je m’aperçois que le vrai problème vient de Guybet. Le mec joue un personnage de garagiste qui a la rage des belles customisées, qu’elles soient de métal ou de chair. On apprend que Miou Miou en pince pour elle et voyez plus bas le genre de mécanique que le gus attire dans son pieu. Guybet tombeur de ces dames, et girondes encore ! Cherchez l’erreur ! Bref une belle erreur de casting. Guybet peut être sympa ailleurs mais là, sa façon de jouer le déconneur viril, ça fonctionne mal et tire vers le bas le trio de tête. C’est d’autant plus agaçant que le film fait apparaître, le temps d’une scène d’une minute, un certain Patrick Dewaere. Et là, on se dit : qu’est-ce que ça aurait été bath si Dewaere avait récupéré le rôle de Guybet ! Les scènes d’engueulade avec Miou-Miou auraient fait mouche (et on aurait compris, là, pourquoi la belle Anita en pince pour un mufle de garagiste), tout comme le contraste avec Michalon l’empoté. De l’énergie merde ! Voilà ce que l’on aurait eu avec Dewaere ! Au lieu de cela, on a une insipide équipe de bras cassés, et le reste du casting ne permet même pas de limiter la casse. Voir les seins de Paula Moore, c’est sympa, mais ça détourne l’attention seulement le temps d’une scène de l’inanité de Jean Lefebvre. Jeannot est sympa lorsqu’il a un rôle de niais à la diction lente. Après, ce n’est pas de Funès, et lorsqu’il s’agit de jouer le père colérique qui engueule son lardon, on est limite gêné pour lui.
Bon, vous l’avez compris : en fait y’a plein de problèmes ! Reste toujours une ambiance 70’s et une envie de balancer du bon gros divertissement à la face du spectateur. Pas mal en soi mais au regard d’autres comédies de Lautner de l’époque (Laisse aller, c’est une valse notamment), c’est forcément décevant.4/10
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– Euh… le générique ?
– … Paula Moore ?
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– Lefebvre, Menez, Guybet, pour un peu on s’attend à voir surgir Jean-Pierre Foucault pour un numéro de
l’Académie des 9 !
– Dewaere dans le rôle le plus court de sa carrière, hélas !