Légende, David Gemell (1984)
Avec ce premier roman, David Gemell frappait déjà un gros coup dans le genre de l'Héroïc Fantasy. Non pas qu'il a un style exceptionnel (au moins est-il limpide est suivre), mais ses personnages paraissent "vrais", authentiques, vivants, et le fait de passer d'un personnage à un autre permet de casser la linéarité du récit et de l'enrichir de points de vue différents.
On suit donc plusieurs personnages principaux à la fois, dont Druss la légende, supposé le roc sur lequel le bouquin s'appuie, n'est finalement pas si aussi central que l'on aurait pu penser, car au fond le dilemme entre le "véritable" héros et ce qui en n'est que la surface dorée, voilà le fil directeur central fort passionnant à suivre.
Et puis sinon Gemell confirmait déjà son talent à enchaîner des séquences épiques dignes d'un Conan le Barbare, avec notamment un siège final faisant penser à la bataille du Fort Alamo avec des protagonistes inférieurs en nombre face à leurs adversaires. L'autre force du bouquin est aussi d'avoir réussi à alterner affrontements qui ne passent pas par quatre chemins et une certaine sensibilité qui émane de cette situation-limite où chacun y trouve un sens différent, et rendant certains personnages d'autant plus attachants.
La gloire de mon père, Marcel Pagnol (1957)
Voilà une belle petite incursion de la France du début du siècle, période où les instituteurs laïques prenaient une place prépondérante face aux curés de paroisse dans l'éducation et les moeurs. Livre-témoin d'une certaine époque, je retiens surtout le ton mordant de Marcel Pagnol racontant d'abord ses anecdotes d'enfance en Provence, puis enfin ces fameuses vacances où son père allait briller à la chasse aux côtés de l'aguerri oncle Jules. Car à l'instar d'autres romanciers, Pagnol ne cherchait pas à déguiser la vérité, et le faisait avec un certain panache, où les enfants comme les adultes faisaient parfois certaines bêtises, ou du moins n'étaient pas tout immaculés. Avec une telle approche, difficile de se tenir à distance des personnages et de ce récit qui finit par prendre un certain sens initiatique, puisqu'à travers les yeux de Marcel-enfant, ce sont les facéties et les déconvenues liés au monde adulte que l'on découvre, loin d'être "adulte" comme un enfant pourrait l'entendre de son point de vue plus ou moins innocent.
Je regretterais seulement quelques pages en trop au début (le côté "anecdotes" m'a un peu saoulé), puis à la fin de ce bouquin, pourtant très court (environ 150 pages), qui elles s'attardent sur cette fameuse "gloire de mon père". Malgré cela, je reconnais le talent de conteur de Pagnol qui me donne envie de continuer sur cette voie.