Ni vu, ni connu
(Yves Robert – 1958)
(Yves Robert – 1958)
Au village de Montpaillard, le garde-champêtre Parju a fort à faire pour empêcher le braconnier Blaireau de braver les interdictions de chasse et de pêche. En fait, c’est bien simple, il n’y arrive pas et passe son temps à se faire ridiculiser au grand dam du maire, scandalisé de voir que la notion de respect de l’autorité est une vaste blague chez ses administrés. Pendant ce temps, la charmante et malicieuse Arabella de Chaville fait tourner la tête à Armand Fléchard, son jeune professeur de piano qui brûle de l’épouser…
Revoir un film que l’on a vu lorsque l’on était un lardon présente toujours le risque d’être déçu, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un de Funès, c’est-à-dire un film forcément apte à séduire un jeune public mais beaucoup moins capable de susciter l’indulgence lorsque les anciens gamins ont grandi. De Ni vu ni connu, je me souvenais du fameux « Viens ici Fous-le-camp ! », du concours de pêche ou encore de la scène du marché dans laquelle de Funès refourgue ses poissons à des clientes au nez et à la barbe (ou plutôt à la moustache) de Parju. Revoir ces scènes, c’était courir le risque de les démythifier, de leur ôter l’aura comique particulière que mes jeunes pupilles leur avaient autrefois conférée.
Deuxième risque : celui de découvrir toutes les autres scènes oubliées (l’amourette entre le personnage de Claude Rich et celui de Noëlle Adam, le mois de prison purgé par Blaireau…) et d’être là aussi déçu. Après tout, si ces scènes avaient été oubliées, c’est peut-être parce qu’il y avait une bonne raison.
Enfin il y a le personnage de De Funès. Pas l’habituel personnage colérique et autoritaire qui nous est immédiatement familier. Non, ici c’est plutôt le finaud, le Scapin de service qui ne sera jamais ridicule ou dominé par la situation, mais qui au contraire la dominera et ridiculisera ses adversaires (le garde-champêtre, le maire, le directeur de la prison et même Maître Guilloche qui lui est pourtant un allié potentiel). Bref est-ce vraiment de Funès ? Peut-il fonctionner aussi bien que celui de ses succès ultérieurs ? Là aussi, le désappointement rôde.
Reste que, à toutes ces questions, il n’y a qu’une réponse à apporter : Ni vu ni connu n’a rien perdu de son charme et demeure certainement un des meilleurs de De Funès. Dès le générique nous montrant une marionnette avec la gueule de De Funès en train de filer la bastonnade à un gendarme moustachu, on comprend de quoi il s’agit : c’est du plus pur théâtre populaire qui nous attend, celui de guignol, le sympathique brigand qui fait bicher son jeune public parce qu’il gagne toujours et qu’il botte le cul de celui qui incarne les limites. Or, les limites, c’est forcément étranger à une âme d’enfant. D’où la fascination lors de cette scène de pêche dans laquelle Blaireau, tout en respectant les limites, les règlements du concours, va faire exploser celui-ci de l’intérieur en y injectant ses propres règles, sa propre manière de faire. De même lorsqu’il essuie l’unique revers du film : quand il purge sa peine à la prison, très vite il utilise le règlement intérieur (pas très dur, il est vrai) à son avantage pour devenir le véritable maître des lieux. Bref, de Funès en mode guignol malicieux, ça fonctionne parfaitement.
Et il n’en va pas autrement des gags, du comique de situation (le pauvre Parju qui poursuit Blaireau dans sa barque sabotée, ou encore la flicaille cachée dans la maisonnette de Blaireau). Ricaner de la simplicité naïve des gags serait faire fausse route. On est devant des petites saynètes visuelles, totalement dans la tradition du muet, faites pour toucher celui que le poids des ans n’aurait heureusement pas définitivement éloigné d’une tradition populaire de la farce. Et l’idylle Armand/Arabella de devenir du coup parfaitement cohérente. Dans toute bonne farce qui se respecte, il y a forcément un jeune couple d’amoureux qu’il faudra bien marier à coups de Deux Ex Machina et de coups de main fortuits d’un Blaireau/Scapin. Et une fois le rideau tombé, je gage qu’Armand saura aussi bien honorer son épouse que les sous-entendus égrillards du film. En tant que membre honorable du « club de la fine gaule » et habitant à « Montpaillard », le contraire serait bien décevant.
Deuxième risque : celui de découvrir toutes les autres scènes oubliées (l’amourette entre le personnage de Claude Rich et celui de Noëlle Adam, le mois de prison purgé par Blaireau…) et d’être là aussi déçu. Après tout, si ces scènes avaient été oubliées, c’est peut-être parce qu’il y avait une bonne raison.
Enfin il y a le personnage de De Funès. Pas l’habituel personnage colérique et autoritaire qui nous est immédiatement familier. Non, ici c’est plutôt le finaud, le Scapin de service qui ne sera jamais ridicule ou dominé par la situation, mais qui au contraire la dominera et ridiculisera ses adversaires (le garde-champêtre, le maire, le directeur de la prison et même Maître Guilloche qui lui est pourtant un allié potentiel). Bref est-ce vraiment de Funès ? Peut-il fonctionner aussi bien que celui de ses succès ultérieurs ? Là aussi, le désappointement rôde.
Reste que, à toutes ces questions, il n’y a qu’une réponse à apporter : Ni vu ni connu n’a rien perdu de son charme et demeure certainement un des meilleurs de De Funès. Dès le générique nous montrant une marionnette avec la gueule de De Funès en train de filer la bastonnade à un gendarme moustachu, on comprend de quoi il s’agit : c’est du plus pur théâtre populaire qui nous attend, celui de guignol, le sympathique brigand qui fait bicher son jeune public parce qu’il gagne toujours et qu’il botte le cul de celui qui incarne les limites. Or, les limites, c’est forcément étranger à une âme d’enfant. D’où la fascination lors de cette scène de pêche dans laquelle Blaireau, tout en respectant les limites, les règlements du concours, va faire exploser celui-ci de l’intérieur en y injectant ses propres règles, sa propre manière de faire. De même lorsqu’il essuie l’unique revers du film : quand il purge sa peine à la prison, très vite il utilise le règlement intérieur (pas très dur, il est vrai) à son avantage pour devenir le véritable maître des lieux. Bref, de Funès en mode guignol malicieux, ça fonctionne parfaitement.
Et il n’en va pas autrement des gags, du comique de situation (le pauvre Parju qui poursuit Blaireau dans sa barque sabotée, ou encore la flicaille cachée dans la maisonnette de Blaireau). Ricaner de la simplicité naïve des gags serait faire fausse route. On est devant des petites saynètes visuelles, totalement dans la tradition du muet, faites pour toucher celui que le poids des ans n’aurait heureusement pas définitivement éloigné d’une tradition populaire de la farce. Et l’idylle Armand/Arabella de devenir du coup parfaitement cohérente. Dans toute bonne farce qui se respecte, il y a forcément un jeune couple d’amoureux qu’il faudra bien marier à coups de Deux Ex Machina et de coups de main fortuits d’un Blaireau/Scapin. Et une fois le rideau tombé, je gage qu’Armand saura aussi bien honorer son épouse que les sous-entendus égrillards du film. En tant que membre honorable du « club de la fine gaule » et habitant à « Montpaillard », le contraire serait bien décevant.
8/10
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– de Funès à son meilleur ?
– Une jolie galerie de personnages.
– "Les champi, les champipi, les champignons !"
– "54 !"
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- A moins de faire partie de la catégorie des BKRiens aigris shootés aux mauvais films à gogo, réellement, je ne vois pas comment y trouver le moindre défaut. Peut-être l’absence d’une scène de nu avec Noëlle Adam ?