Robocop de Paul Verhoeven - 1987
J'ai vraiment patienté pour le revoir celui-là. A tel point que je suis incapable de dire dans quelles conditions je l'avais vu initialement. D'ailleurs avec le temps, les images du 2 et de la série sont venues s'insérer dans mes souvenirs. Du coup c'est quasiment une redécouverte et ça, c'est le pied!
Parce que finalement, il n'a pas pris une ride. Ca m'a limite choqué à quel point très peu d'éléments font datés, alors que le film va bientôt fêter ses 30 ans. Pourtant ça se joue à des détails, mais le fait de voir Clarence Boddicker insérer un CD, et non pas une pauvre disquette ou même une VHS pour montrer une vidéo, ça change tout!
Pareil pour les looks, hormis un pantalon à pinces un peu moche sur les gambettes de Clarence pendant une scène, les fringues sont globalement passe-partout et ne nous font pas bondir directement en 87.
Ensuite le look de Robocop est toujours aussi parfait, rien à redire, sans fioriture à la con. D'ailleurs son "port-USB" d'avant-garde ne fait pas nanard et sied bien à l'histoire. Ainsi il inspire toujours la force et la résistance sans souci. Sincèrement, dans le cinéma, à part lui et Vador, peu de créatures de Frankenstein ont si bien passé les ans.
Enfin tout ça c'est juste esthétique. Qu'en est-il du reste? Ben ça démoule toujours autant. Le propos déglingo de Paulo passe encore très bien. Il n'y a aucune concession nulle part. Les exécutions ressemblent à des gangbangs, les news sont atroces, les corps sont mutilés, martyrisés, brisés à l'extrême et plein cadre. La vie est pourrie et ça se voit. Le monde est gangréné de toute part et on le ressent.
Mais malgré tout, on arrive à en rire, par l'outrance des situations on rit, on jubile et se fait plaisir devant ce bain de sang jouissif comme rarement. Les morts ne sont jamais anodines, leurs mise en scène est toujours bien pensée. Avec une superbe mention spéciale pour les deux méchants finaux qui ont droit à un soin tout particulier du point de vue du scénario.
D'ailleurs le casting est d'une perfection rare. Kurtwood Smith est génial en caïd intello et cruel, Ronny "Bogomil" Cox c'est pareil avec un magnifique rôle à contre-emploi, sans parler du défilé de sales tronches de truands et même de la bouille de Nancy Allen, antisexy comme c'est pas permis, mais qui correspond du coup parfaitement à son rôle.
Au final, on a vraiment l'impression de voir le film ultime, celui que nombre de réalisateurs de série B ou Z auraient voulu tourner, mais qui, faute de moyen, de talent ou d'ambition, ont tourné au nanard ou au film juste potable.
9/10