Juve, à côté de son efficacité relative pour ce qui est de choper Fantômas, fait aussi parfois preuve d'une capacité à trouver des idées totalement WTF. Alors que Fantômas est à l'ombre dans la cellule d'une prison de Belgique (il ne risque là-bas que la perpét'), Juve se dit qu'il serait plus judicieux de le faire évader, de le ramener en France pour qu'il soit jugé et condamné à mort. Aussitôt pensé, aussitôt fait : s'infiltrant dans sa prison, il prend la place de Fantômas, le fait sortir flanqué de deux inspecteurs pour le filer, Dupondt magnifiques que le génie du crime ne tarde évidemment pas à semer. Endossant dorénavant la peau d'un vieux procureur (dont il a balancé le corps du haut d'un viaduc), il peut dorénavant s'adonner au mal en toute impunité. Premier objectif : mettre la main sur un paquet de bijoux que des apaches ont dérobé à un marquis et planqué dans…
LA CULOTTE DE RIE NAKAGAWA !
(image placée juste pour attirer le regard et inciter à lire ce qui suit)
Et de cinq ! Et bonne nouvelle, malgré une durée plus conséquente qui ne me laissait augurer rien de bon, cet ultime épisode conclut peut-être pas brillamment mais au moins de manière satisfaisante la saga Fantômas. Pourtant c'était plutôt mal barré au départ : la longueur donc, un carton au début résumant des scènes perdues (avec le risque de donner l'impression de voir un brouillon incomplet) et surtout une quasi absence de Juve et de Fandor. Pas vraiment de confrontation entre le bien et le mal, on suit Fantômas dans ses manigances pour palper un magot, et c'est à peu près tout.
On pourrait se plaindre de cette présence envahissante, préférant des interventions ponctuelles mais efficaces, lui donnant une aura de malin génie. Mais on aurait tort tant le Fantômas de Souvestre et Alain est présenté comme parfois comme un simple humain avec ses hystéries, ses moments de colère, ses doutes, bref ses failles. Du coup il nous paraît à l'écran moins inaccessible, presque familier et sans cautionner les coups tordus qu'il met au point (le coup du compteur de gaz montre bien quel petit enfant de putain il peut être), on est derrière lui, espérant qu'il se fasse pincer mais le plus tard possible, tant il est magnifique dans son agitation frénétique pour faire le mal à son prochain. Intéressant donc, et les une heure et quart passent finalement assez vite, avec en plus un twist final bien savoureux.
Mais c'est surtout au niveau de la réalisation que ce cinquième opus constitue une bonne surprise. Il serait intéressant de revoir dans la foulée le premier épisode pour prendre la mesure du développement de l'ambition cinématographique de Feuillade. Sans aller jusqu'aux futures acrobaties de Keaton, on a ainsi des tentatives de cascades, mini moments de bravoure qui témoignent d'une envie de placer la caméra face à des situations « extrêmes » (Fantômas qui rejoint par l'extérieur du train son compartiment, l'apache qui escalade l'échelle pour accéder aux bijoux planqués dans la cloche d'une église). Plus de mouvements panoramiques aussi : la scène où la caméra suit Fantômas suivis des deux inspecteurs sur une place de Louvain n'est pas sans procurer un petit sentiment de modernité. De même ce plan moyen où l'on voit Fantômas non déguisé, accoudé et laissant paraître sur son visage la rage d’être floué. Ici aussi, c'est tout con, mais le plan rapproché, dans sa composition, paraît peu usuel, loin des plans larges stéréotypés du cinéma muet (la restauration 4K aide sans doute aussi un peu à apprécier).
Dernière chose : une nouvelle fois la musique qui, dans l'ensemble des cinq film, aura été franchement excellente. On termine en beauté avec James Blackshaw dont l'alternance de morceaux pour piano et d'autres pour une guitare qui n'était pas sans m'évoquer une ambiance à la Jim O'Rourke, porte vraiment le film et aiderait sans problème le réfractaire au genre à s'enquiller sans sourciller ces 75 minutes. Moi, après 354 minutes de Fantômas, je m’octroie une petite pause… mais avec la ferme volonté de revenir prochainement à ces sagas en épisodes concoctées par le père Feuillade.
7,5/10
+
- Fantômas plus pute que jamais. - Un twist final bien vu. - Une réalisation qui annonce de bonnes choses dans la suite de la filmo de Feuillade (qu'il me reste à explorer). - La musique de James Blackshaw.
-
- Un Juve bien naïf à côté duquel le Juve de De funès a l'air d'un vrai Sherlock. - Fandor sous-exploité. - Un défaut commun aux cinq épisodes : la sensualité sous-exploitée. On peut penser que c'est l'époque qui veut ça mais lorsque l'on voit des images de son autre saga, les Vampires, on peut en douter.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."
Morlar est né avec un pouvoir peu enviable, celui de provoquer des catastrophes (c’est en tout cas ce qu’il prétend). Alors qu’il est retrouvé chez lui assassiné, le crane défoncé à coups de statuette, l’inspecteur Brunel découvre avec stupéfaction que le macchabée se remet finalement à montrer des signes de vie ! Alors que Morlar poursuit sa convalescence à l’hôpital, Brunel continue son enquête et se met à douter de l’apparente maladie mentale de Morlar. Et s’il avait vraiment le pouvoir de causer des crises cardiaques, des incendies ou encore de crasher des jumbo-jets ?
Bonne petite surprise que ce Medusa Touch. Pourtant on se méfie toujours lorsque des acteurs emblématiques au faîte de leur carrière se partagent le haut de l’affiche pour peut-être accoucher d'un pétard mouillé. Il y a surtout ici la crainte d’assister à une resucée de la Malediction, avec son personnages tout puissant à la source lui aussi de meurtres en tous genres, crainte renforcée avec la présence de Lee Remick qui jouait dans the Omen la mère de Damien. Il y avait vraisemblablement le désir de surfer sur la vague des films de possédés mais avec suffisamment d’originalité et de qualité dans le jeu d’acteurs pour faire avaler ce film avec un redresseur de torts très particulier. Car c’est toute l’originalité de Morlar. Conscient de la malédiction de son don, en souffrant réellement, il sent aussi qu’il est le moyen d’agir pour punir des êtres malfaisants (sa nourrice, sa mère, son instituteur, un juge injuste) ainsi qu’une société toutes à ses injustices au détriment des plus pauvres. Les Américains décident-ils d’envoyer sur la lune une coûteuse mission lunaire que Morlar décide de saborder l’engin lunaire pour punir cette arrogance qui ne permet en rien de résoudre les problèmes terrestres plus terre-à-terre mais bien réels. Ici le choix de Burton pour le rôle est parfait. Avec sa stature, sa diction un brin dramatique et son regard azur qui pétrifie ses futures victimes, Burton incarne parfaitement la mégalomanie meurtrière. A l’opposé Ventura, sans être génial non plus, convient bien dans ce rôle largement rôdé du flic tenace et humain. Un seul regret : qu’il n’y ait pas de réelle rencontre au sommet entre les deux acteurs, que le regard méduséen de Burton croise celui du Gorille. Il le croisera à la fin mais dans des circonstances pas vraiment satisfaisantes. Pas grave : le film demeure suffisamment intriguant avec la montée progressive du doute chez l’inspecteur et la puissance toujours plus dévastatrice du pouvoir de Morlar pour que le spectateur ne boude pas son plaisir et, au contraire de Morlar et ses mirettes meurtrières, ferme les yeux lui, sur quelques défauts.
7/10
+
- Ventura et Burton. - Un mégalomane meurtrier possesseur d’un pouvoir surnaturel et persuadé de faire le bien : c’est Death Note avant l’heure. - Quelques trognes anglaises bien connues. Ainsi Philip Stone, le père d’Alex « Orange Mécanique » Delarge. - Des morts sympas. - Marie-Christine Barrault en mode peau de vache (mais qui mange froid).
-
- Des cascades qui sentent un peu trop le studio et le carton pâte (mais allez, ça peut passer). - Un duel surtout à distance entre Burton et Ventura. - Fin largement prévisible. - Les efforts pour susciter un sentiment de malsain, de malaise, auraient pu être plus accentués. Je pense ici à l’ambiance d’ I comme Icare avec son ambiance mystérieuse nimbée de mythologie.
Marrant comme Hiroki peut alterner l'intéressant avec de la guimauve shojo. T'inquiète pas pour Strobe Edge, je vais pas tomber dans le panneau. Voir Yellow Elephant (pas pu tenir plus de trente minutes) m'a servi de leçon.
Jean Doucet est un admirable instituteur apprécié de ses élèves. Malheureusement, on voit un jour sortir de l’école en courant, les larmes aux yeux et les vêtements déchirés, la petite Catherine qui affirme que son maître a essayé de la violer. Le maire puis la police interviennent et questionnent les différents partis, Doucet et sa femme d’un côté, Catherine et ses parents de l’autre. Tout cela sent les bobards enfantins à plein nez mais tout se complique lorsqu’une autre élève, Hélène, affirme avoir été l’amante de Doucet et que la petite Josette assure elle aussi avoir dû subir de malhonnêtes assauts de la part de son instit’…
Film de reconstitution judiciaire assez captivant que ces Risques du Métier. D’abord parce que le rôle principal est tenu par un Brel qui montre une nouvelle fois quel excellent acteur il pouvait être et ce, quel que soit le registre. Qu’il ait pu jouer dans un rôle bouffon (l’Emmerdeur), ou dans un rôle plus dramatique, Brel, avec sa gueule, sa diction et sa voix en impose, captive, incite le spectateur à prendre fait et cause pour lui. D’instinct, on l’aime cet instit, on se dit qu’on aurait bien aimé l’avoir. Et quand il engueule Catherine en la traitant de merdeuse parce qu’elle veut jouer à la grande personne au lieu de lire Salut les Copains, on applaudit. Sévère, grossier mais juste ce qu’il faut pour recadrer les lardons, et on se dit que le lendemain tout sera oublié et fera preuve à l’égard de Catherine de la même bienveillance que pour les autres élèves. Bref, il y a une aura particulière autour de ce personnage liée au choix de Jacques Brel pour l’incarner, aura qui fait que l’on reste captivé par le déroulement de l’enquête qui, on l’espère ardemment, saura trouver une faille parmi la boue de mensonges de ces petites merdeuses.
Merdeuses qui ne sont d’ailleurs pas sans talents non plus. A chaque personnage correspond un type d’actrice bien particulier : Catherine est la petite tête à claques sans doute habituée à être soutenue par maman (sa mère est d’ailleurs le personnage le plus horrible du film), Hélène est l’élève froide et altière, déjà sûre de sa beauté et encore plus sûre d’attirer le mâle. Sans mauvais jeu de mots (mais en fait si !), il n’est pas étonnant qu’elle constitue le nœud de l’affaire. Enfin Josette est l’élève ordinaire, sans personnalité, qui aimerait bien qu’un garçon s’intéresse aussi à ses miches mais qui est partie à patienter encore un bon paquet d’années. Bref, les Risques du Métier, c’est un peu voyage dans le ciboulot des adolescentes. Voyage lui aussi captivant et un brin rageant tant on est stupéfait de constater qu’envoyer un homme aux travaux forcés à perpétuité ne semble pas soulever en elle le moindre remords.
A cela s’accompagne un autre voyage, celui dans une petite bourgade où il n’y a rien à faire, où tout le monde sait tout sur tout le monde et où la perspective d’un scandale médiatisé fait bicher et donne envie de se mettre sur son trente-et-un pour répondre aux questions de ces messieurs les journalistes de la ville. Un peu à vomir, parfois un brin caricatural (les parents de Josette et la mère de Catherine) mais là aussi, on se dit qu’on est face à un petit échantillon de médiocrités pas si inimaginable.
Plutôt un bon film mais attention ! Âmes sensibles s’abstenir ! Car le film nous montre à deux moments des images déplaisantes, marquantes, vraiment choquantes. Si votre goût du malsain vous titille et vous incite à voir coûte que coûte ce film, vous pouvez cliquer ICI pour en avoir un avant-goût. Mais vous ne direz pas que je ne vous ai pas prévenus.
7,5/10
+
– Brel excellent en instituteur, et Emmanuelle Riva dans le rôle de l’épouse n’est pas en reste. – La campagne française, sa vie tranquille, ses autochtones sympathiques, ses préjugés nauséabonds. – Une reconstitution bien ficelée.
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– Brel en maillot de bain, horreur ! – Les immigrés portugais en prennent encore plein la gueule. – On jette le soupçon sur le street shooting, forcément je désapprouve. – Jacques Dynam dans le rôle d’un des inspecteurs, on a l’impression d’être dans un Fantômas, merde !
Dans la lignée des chanteurs français (Bourvil, Montand...) qui ont abordé le cinéma avec succès. Gainsbourg est hors jeu mais je ne peux m'empêcher de me dire qu'un remake des Risque du métier avec lui dans le rôle de l'instit aurait eu de la gueule. Au programme camel en salle de classe, état d'ébriété avancée lors des leçons de calcul et mandales dans la gueule des petites impertinentes. Ouais, on est passé à côté de quelque chose là !