Il buono, il brutto, il cattivo (Le bon, la brute et le truand) de Sergio Leone
(1966)
Je me doute bien que ce ne sera pas spécialement ma critique la plus populaire, mais bon, je pourrais peut-être en rassurer certains en déclarant que je revois quelque peu le film à la hausse
. On a tous connu l'étrange sentiment de déception face à un prétendu classique que tout le monde apprécie, et où on a l'impression d'être l'un des rares à le trouver moins bon que ne l'annonce sa réputation, dans mon cas ce film de Leone correspond plutôt bien à ce cas de figure. C'est d'autant plus surprenant que le film est signé par un cinéaste que j'estime énormément, mas rien à faire : autant je trouve
Le bon, la brute et le truand indéniablement bon, autant je n'arrive pas à y voir le chef-d’œuvre tant vanté, au point de préférer certains films plus mineurs dans la carrière de Leone. J'ignore si le fait d'avoir toujours visionné la version longue joue dans mon appréciation du métrage, mais le fait est que j'ai l'impression d'y voir le style habituel du réalisateur poussé à ses limites, notamment dans la façon dont il dilue le temps, et donc dans le façon de rythmer son histoire. Sur ce point, le film est pour le moins déstabilisant. Il faut ainsi attendre plus d'une heure avant que l'histoire principale (la chasse au trésor donc) ne se lance, le tout pour laisser place à une longue introduction qui ne fait que répéter des traits de caractère que l'on assimile déjà en tant que spectateur dès les premières scènes.
A cela se rajoute l'inévitable longueur des scènes Leoniennes, et si un duel passe encore (la science du montage du réalisateur aidant beaucoup), difficile d'être convaincu devant des séquences plus anodines qui durent et durent encore (le premier exemple me venant à l'esprit étant le montage où Tuco court à travers le cimetière, une scène qui aurait pu durer trente secondes et qui durent ici presque deux bonnes minutes), à croire qu'elles n'existent que pour intégrer la totalité des sublimes morceaux de Morriconne (qui signe là l'une de ses plus belles BO, il faut l'avouer). Pour le reste, difficile d'attaquer quoi que ce soit, surtout lorsqu'on est fan du style de Leone, et malgré les deux gros défauts cités plus haut, il faut reconnaître que le film donne déjà l'idée d'un certain aboutissement du réalisateur dans le domaine du western, qu'il trouvera finalement dans
Il était une fois dans l'Ouest. Néanmoins, je persiste : impossible pour moi d'y voir le chef-d’œuvre tant vanté, et s'il fallait choisir un favori dans la trilogie du dollar, c'est plutôt du côté de
Et pour quelques dollars de plus que je me tournerais : moins redondant et donc plus efficace.
7/10