Modérateurs: Alegas, padri18, Moviewar
Il existe déjà de nombreux de films, téléfilms et séries sur Pablo Escobar. Qu'avez-vous de plus à dire ?
Nous ne faisons pas une série sur Pablo Escobar, mais sur le trafic de cocaïne en général. Quand la cocaïne est passé d'une petite production au Chili à un commerce en Colombie, qu'elle a franchi les frontières et est devenue un problème pour les Etats-Unis, il se trouve qu'Escobar a eu un rôle prépondérant. Il sera au cœur de la saison 1, mais nous voulons prendre ensuite du recul, quitter le cartel de Medellin pour parler de celui de Cali, puis des FARC, du Mexique – le cœur du trafic aujourd'hui. Cela nous permettra de porter un regard critique sur le plan de lutte américain contre la drogue, qui se concentre sur l'élimination des producteurs et de tous ceux qui font entrer la « marchandise » sur leur territoire. Ce que la série tend à démontrer, c'est que le problème ne vient pas de l'offre, mais de la demande. Ce n'est pas un enjeu militaire, c'est un enjeu de santé, un enjeu social.
Donc, Narcos va évoluer d'une saison à l'autre ?
Il y sera toujours question du trafic de cocaïne, mais les personnages principaux vont changer. Le cartel de Cali ne sera qu'au second plan en saison 1, mais au cœur de la saison 2. Le sujet restera le même, mais le contexte changera.
Vous semblez avoir une ambition documentaire, pourtant votre histoire est racontée sur un ton assez enlevé, résolument « pop »…
L'histoire du trafic de cocaïne remonte au Chili d'avant Pinochet, et se poursuit jusqu'à aujourd'hui. Donc, si Narcos prend son temps, nous ne sommes pas prêt d'en voir la fin ! Il faut que nous adoptions un rythme enlevé pour espérer en faire le tour en quatre ou cinq saisons, notre objectif. De plus, je ne crois pas que nous toucherions l'audience de Netflix si nous mettions en scène le trafic de drogue comme dans un film roumain ou iranien. Narcos se rapproche plus de l'esthétique des Affranchis de Martin Scorsese : un narrateur avec qui l'on pénètre dans un monde nouveau et un récit qui va et vient dans le temps.
Escobar est le « personnage » le plus charismatique de cette histoire du trafic de la cocaïne. Comment allez-vous faire sans lui dans la saison 2 ?
C'est évidemment un enjeu clé pour le futur de Narcos, mais je ne suis pas inquiet. Prenez Le Parrain. S'il n'y avait pas eu un remplaçant digne de ce nom pour Don Vito dans Le Parrain 2, les spectateurs ne seraient pas revenus. Donc, si nous voulons changer de décor à chaque saison, il va nous falloir trouver aussi bien qu'Escobar dans le cartel de Cali, puis chez les FARC, etc. Ce n'est pas une mince affaire, mais nous garderons comme fil rouge le récit de l'évolution du trafic de cocaïne, qui est suffisamment incroyable pour captiver les spectateurs. C'est l'histoire d'une erreur magistrale dans la « guerre » menée par l'Occident et les Etats-Unis, et illustrée par cette déclaration naïve, simpliste, oserais-je dire stupide, de Nancy Reagan en 1986, que l'on voit dans le pilote : « Dites oui à la vie, non à la drogue. » Comme si c'était une question de choix individuel, alors que c'est évidemment un problème sociétal.
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