Les revival de franchises du passé, c'est rarement une bonne idée. Je suis même le premier à pester devant les reboot/remakes/suites mercantiles des films qui ont marqué le siècle dernier. Le Mad Max nouveau est à mon sens l'exception qui confirme la règle. Il profite des moyens techniques exceptionnels que l'époque met à sa disposition pour illustrer graphiquement son univers post apo. Les premières minutes à la citadelle sont pour ainsi dire enthousiasmantes. On sait immédiatement qu'on va en prendre plein la tronche et qu'on va avoir du mal à s'en relever. L'histoire? Bah, on s'en branle. Mad Max erre comme un loup solitaire, se fait piéger par une armée de punks dégénérés et va devenir le figure de proue d'une lutte post-féministe dont on se moque éperdument. Entre les lignes de dialogues qui forcément ne volent pas très haut (et encore, je trouve ça plus intelligible que la plupart des blockbusters qui pètent plus haut que leur cul avec leur suffisance très premier degré alors qu'ils servent de la soupe pour débiles), je suis presque surpris du sérieux de l'entreprise. Univers post apo oblige et n'étant pas particulièrement fan du genre, il y a forcément des personnages complètement cons qui défilent avec leurs accoutrements ridicules et leurs diatribes sentencieuses sur la consanguinité comme seul salut dans un monde dénué d'espoir. Ça fait toujours sourire mais c'est inhérent au genre et on fait donc avec.
Passés ces impératifs philosophiques et sociologiques, tout le monde fait ce qu'il sait faire de mieux. Gueuler au volant/guidon de véhicules plus fun les uns que les autres et trucider tout ce qui se met en travers de leurs roues. Sur ce point, Geoge Miller fait la nique à toute la génération actuelle de réalisateurs pourtant tombés dans la marmite numérique lorsqu'ils étaient petits. Techniquement, son film est hyper maîtrisé et arrache la rétine. A part la scène avec les mecs sur les perches, je n'ai pas vu d'idées de mise en scène complètement ouf, mais alors en terme de générosité, ça envoie du bois. C'est surtout hyper lisible (même s'il abuse un peu trop des effets d'accéléré qui constituaient déjà la marque de fabrique des opus précédents), et bien furieux comme il faut (le titre ne ment pas à ce sujet). Et si ça devient limite abrutissant sur la fin, on ressort épuisé de la séance (la faute aussi à cette bouillie sonore signée Junkie XL qui ne laisse jamais nos tympans se reposer), on a du mal à effacer la banane qui n'a pas quitté notre visage pendant deux heures.
Il y a bien de menus défauts comme le personnage de Max qui se retrouve un peu en retrait et n'est pas spécialement iconisé par son réalisateur (sa meilleure scène, ô paradoxe, se déroule hors champ) ou ce revirement narratif qui fait jaser, mais ça n'a finalement que peu d'importance. Tant pis, le résultat ne sera pas le blockbuster ultime et légendaire qu'il aurait pu être avec un peu plus de matière narrative mais il tacle allègrement la concurrence. Depuis combien de temps n'avions nous pas eu un "spectacle" aussi exaltant en salle? A l'image de son personnage féminin, dont on peut se contrefoutre du combat qu'elle mène, mais qui est sûrement le rôle le plus intéressant qu'une actrice ait pu escompté obtenir dans le cinéma de divertissement contemporain. Pas déçu, j'ai eu ce que je voulais, Miller et ses sbires ont rentabilisé et cramé le moindre mm² du billet de 10 euros que j'ai lâcher à l'entrée. Mad Max est presque anachronique et s'est trompé d'époque. Pas sûr qu'on revoit un truc du même acabit à court terme. Il ne rentre pas dans le moule ultra formaté imposé par des studios qui bannissent aujourd'hui toute prise de risque. Sûrement pas assez rentable et trop ancré au siècle dernier pour exciter les ados d'aujourd'hui, Mad Max n'initiera sûrement pas de mouvement dans son rétroviseur mais aura au moins eu le mérite de redonner un peu d'espoir en cette période de disette.