[Alegas] Mes Critiques en 2015

[Mark Chopper]

Occupe-toi du furet, je me charge du reste.

[Alegas]

Southpaw (La Rage au ventre) de Antoine Fuqua
(2015)

Fuqua sur un film de bose avec Jake Gyllenhaal, cela avait de quoi nourrir quelques attentes. Si on se doutait bien qu'un grand film ne naisserait pas forcément, on pouvait au moins espérer quelque chose de l'ordre d'un Fighter. Malheureusement, c'était sans compter sur Kurt Sutter, scénariste issu du petit écran, qui vient ici donner de sa plume à la qualité douteuse, et qui transforme un beau potentiel un film finalement assez moyen. Alors non, Sutter n'est pas l'unique défaut de ce métrage qui est pas mal handicapé par une mise en scène peu inspirée ou encore quelques choix de casting pas glorieux (50 Cent en acteur, c'est véritablement le genre de choix à ne pas faire), mais force est de reconnaître que ce rise & fall ne fonctionne guère à cause d'une écriture forcée jusqu'au bout. Du passage où le héros perd absolument tout en quelques minutes pour des raisons nawak, au discours bien propre sur le pouvoir de la rédemption, en passant par le nom de famille du héros qui souligne des valeurs qu'on a déjà vu mille fois démontrées telles quelles, autant dire que la pilule a du mal à passer. Rajoutons à cela un score très oubliable du regretté James Horner, et on obtient un film qui, certes, livre bien la marchandise (la bande-annonce du film ne laissait pas présager autre chose) mais qui aurait pu (dû ?) être plus surprenant que ça. D'autant que Southpaw avait de beaux atouts derrière lui, entre un Jake Gyllenhaal en mode Oscar, mais qui le fait très bien, ou encore un Forest Withaker qui trouve là son meilleur rôle depuis un bon moment. Plaisant sur le moment donc, mais ça ne méritera clairement pas une seconde vision. Dommage.

6/10

[Alegas]

Amy de Asif Kapadia
(2015)

Les documentaires sur des personnalités célèbres, c'est toujours la même histoire. Soit on se retrouve avec un film-page Wikipédia, soit on se retrouve devant quelque chose qui possède une âme, une véritable intention et ce, dans le but de décortiquer au mieux son sujet. Bien heureusement, Amy fait partie de la seconde catégorie. Cela ne veut pas dire forcément que le film est sans défauts, ni même qu'il arrive à être le film définitif sur le sujet (au contraire du Marley de Kevin MacDonald par exemple, qui reste à mon sens l'un des meilleurs films du genre) mais toujours est-il qu'on est loin d'être devant un film qui se complaît à dire des choses déjà répétées par le passé. Ce documentaire s'intéresse donc à Amy Winehouse, personnage plus qu'intéressant puisqu'il est le reflet particulier d'un versant peu glorieux de la célébrité telle qu'on la conçoit aujourd'hui. Exit donc le personnage de la chanteuse qui se complaît dans son succès avant de s'effondrer, Amy Winehouse est, comme le souligne très justement le métrage, une personne qui aurait préféré rester dans l'ombre, pour mieux se consacrer à sa musique. Le film est donc un peu construit comme un rise & fall où le personnage est condamné dès que le succès est atteint, la surprise étant de constater que le film ne tombe heureusement pas dans un certain misérabilisme, ni même dans quelque chose de tire-larmes.

Un film terre à terre donc qui doit beaucoup à l'accès des archives de la famille, qui permet d'accéder à une vision plus personnelle de Winehouse et donc de mieux saisir ce qu'il peut y avoir derrière l'image que nous vendait les médias à l'époque, à savoir la nana qui profite de son succès pour devenir une junkie. Jeune fille hyper-sensible dont le seul tord était de trop s'attacher aux hommes et de leur accorder trop de confiance (notamment son père qui s'avère être un trou du cul de compétition), Winehouse devient un personnage aussi bouleversant que les paroles de ses chansons, pendant que les médias se prennent une sacrée déculottée (le parallèles entre les déboires d'Amy pendant que les talks-shows se foutent de sa gueule, un moment pour le moins révoltant). Comme dit précédemment, si le film n'a pas l'aura d'une œuvre définitive sur son sujet, force est de reconnaître que l'objectif est atteint : Amy Winehouse est enfin révélée au grand jour, telle qu'on aurait dû la voir il y a plusieurs années pour éviter sa chute.

7/10

[lvri]

Aussi bien foutu que le documentaire qu'il avait fait sur Senna ?

[Alegas]

J'ai pas vu Senna, pour le coup le sujet m'intéresse moins.

[Alegas]

Mustang de Deniz Gamze Ergüven
(2015)

Du film auteuriste classique sur fond de critique sociale et religieuse comme Cannes sait les apprécier, voilà comment on pourrait aisément résumer ce Mustang qui est soi-disant l'un des films étrangers les plus réussis de cette année. Si le film n'est pas sans qualité, il faut tout de même reconnaître qu'encore une fois le trait est bien forcé, car d'un sujet prometteur, à savoir la vie de jeune filles au sein d'un famille dirigée par la religion, en découle une œuvre facile qui se complaît dans une écriture destinée à provoquer sur un sujet de société que tout le monde connaît déjà. Une faiblesse d'écriture qui doit beaucoup, je pense, au fait que le script soit issu de mains féminines. Résultat : tout est fait pour que le spectateur soit du côté des personnages principaux. Là où des scénaristes plus subtils laisseraient un minimum de liberté de jugement, le spectateur est ici emprisonné dans la vision simpliste et manichéenne du sujet.

Le drame social se transforme alors en un véritable film de prison de laquelle il faut s'évader à tout prix (la filiation au genre est largement assumée par la mise en scène qui filme des barreaux dès que c'est possible) pendant que les personnages masculins sont quasiment tous des êtres peu recommandables, à l'exception d'un seul, cliché du beau gosse qui respire la liberté et qui va donc aider une jeune fille après lui avoir parlé trois fois (même pas dix minutes à l'écran pour développer une relation-clé du métrage). A cela se rajoute les poncifs du sujet : la prof capable de comprendre les jeunes filles, la vieille voisine qui met son nez dès qu'elle peut dans les affaires familiales, la grand-mère qui se tait par peur de représailles physiques, et clou de l'écriture extraordinaire de ce film : l'oncle qui déclare que ses nièces doivent rester vierges, mais qui abuse sexuellement d'elles dès que c'est possible. Si je pourrais difficilement critiquer le jeu d'acteur de ce film (c'est bien la seule chose à véritablement sauver finalement), la mise en scène indé-style à base de caméra épaule rajoutée au script misérabiliste à tendance sexiste font que je ne peux que porter un regard dédaigneux sur ce film qui tente de bien faire mais qui tombe dans toutes les facilités possibles. Un truc acclamé qui sera oublié dans deux ans, on en a l'habitude avec les sélections cannoises.

4/10

[Mark Chopper]

Un truc acclamé qui sera oublié dans deux ans, on en a l'habitude avec les sélections cannoises.

Mais + 1000

[Alegas]

D'un côté je peux comprendre l'euphorie des festivals, j'ai connu ça aussi, mais bon voilà quoi avec Cannes on a l’impression qu'il y a des chefs-d’œuvre indépendants chaque année, et pendant ce temps les vrais bons films se font souvent huer en fin de projection.

[Scalp]

Un truc acclamé qui sera oublié dans deux ans, on en a l'habitude avec les sélections cannoises.

Mais + 1000

Un truc acclamé par Logan et qu'il reniera dans 2 ans.

[Alegas]

[logan]

Un truc acclamé qui sera oublié dans deux ans, on en a l'habitude avec les sélections cannoises.

Mais + 1000

Un truc acclamé par Logan et qu'il reniera dans 2 ans.

Acclamé comme tu y vas. J'ai mis 7 avec un bonus Nick Cave/Warren Ellis. Pour tout te dire je le reverais pas avant bien 10 ans celui la je pense, je suis pas pressé (ce qui n'est pas bon signe.), en plus j'avais pas capté le coup des viols, ca va ma saouler ca je me connais.

[Milkshake]

Une faiblesse d'écriture qui doit beaucoup, je pense, au fait que le script soit issu de mains féminines.

Résultat : tout est fait pour que le spectateur soit du côté des personnages principaux. Là où des scénaristes plus subtils laisseraient un minimum de liberté de jugement, le spectateur est ici emprisonné dans la vision simpliste et manichéenne du sujet.

Pas vu le film, c'est peut être très mauvais/lourd au niveau écriture, il y a peut être une volonté dans ce film de faire passer les hommes pour les grand méchants sans subtilité mais delà à dire que c'est parce que c'est une femme que c'est mal écrit...

Peut être que ce préjugé vient du fait que les scénariste/réalistrice ça représente moins de 10% de la production cinématographique.

Que les films sont avant tout fait par des hommes pour un public masculin alors que la population est à 50% composé de femme, il y a un gros potentiel à exploiter pour les studios qui s'en rendent à peine compte pourtant les produits bien calibré public féminin du type Disney Cendrillon, Magic Mike.. ça cartonne.

[Alegas]

Me connaissant, je suis loin, très loin d'être ce qu'il y a de plus sexiste donc non pour le coup rien à voir.

Seulement voilà, je me retrouve face à un film qui décrit des conditions de vies féminines, face à une société et une religion basées sur un caractère profondément misogyne. A partir de là, je ne peux pas ignorer le fait que le film soit écrit par deux femmes et réalisé par l'une d'entre elles, tout comme je ne peux pas ignorer, par exemple, qu'un Mad Max : Fury Road (que je considère comme un film à tendance féministe, et c'est loin d'être péjoratif) soit écrit par des hommes, ça serait idiot de ne pas relever après tout.
Dans le cas de Mustang, le souci est que le sujet est simplifié à l'extrême pour pouvoir provoquer son spectateur, genre un bon gros coup de coude pour te dire "hey, t'as vu comment, c'est pas facile là-bas ? T'as vu ce qu'elles endure ?". Sur le principe pourquoi pas, mais pas besoin d'aller dans le film de prison pour autant, et surtout pas besoin de diaboliser 95% des hommes du film.

Donc non, absolument rien de sexiste de ma part (quand une femme fait un bon film et/ou script, je suis le premier à m'en rendre compte), je constate seulement que la réalisatrice a voulu bien faire, mais qu'elle n'a pas su écrire au-delà de sa propre vision, qu'elle n'a pas su remettre en question ce qu'elle écrivait.

[Milkshake]

Réponse bien construite, j'ai mieux compris ce que tu veux dire.

Dans le cas de Mustang, le souci est que le sujet est simplifié à l'extrême pour pouvoir provoquer son spectateur, genre un bon gros coup de coude pour te dire "hey, t'as vu comment, c'est pas facile là-bas ? T'as vu ce qu'elles endure ?". Sur le principe pourquoi pas, mais pas besoin d'aller dans le film de prison pour autant, et surtout pas besoin de diaboliser 95% des hommes du film.

Cette phrase ça m'a fait penser à Orange is The New Black, quelle série bidon. Dans ce style récit de prison de femme en quelques minutes le film de Park Chan Wook, Lady Vengeance me semble bien plus intéressant.

Là Mustang ça semble vouloir se pencher du côté du premier film de Sofia Coppola dont je suis pas fan donc ça m'attire pas des masses.

Par contre l'argument Fury Road, film feministe je le trouve totalement bidon (toutes les critiques l'ont évoqué à la sortie) au contraire je trouve les premières séquences du film illustrant les femmes comme des grosses vaches à lait... plus que douteux.... même si Charlize Theron porte tout le film avec un côté badass mais ça me semble une vison très masculine de ce que doit être une héroine.

[Alegas]

Là Mustang ça semble vouloir se pencher du côté du premier film de Sofia Coppola dont je suis pas fan donc ça m'attire pas des masses.

Pour être tout à fait honnête, j'ai beaucoup pensé à Virgin Suicides, mais en moins bien, durant la presque totalité du film. Donc ouais si t'es pas fan de Sofia à la base, je doute que t'apprécies celui-là (sachant que moi Virgin Suicides je met un bon 7).

Par contre l'argument Fury Road, film feministe je le trouve totalement bidon (toutes les critiques l'ont évoqué à la sortie) au contraire je trouve les premières séquences du film illustrant les femmes comme des grosses vaches à lait... plus que douteux.... même si Charlize Theron porte tout le film avec un côté badass mais ça me semble une vison très masculine de ce que doit être une héroine.

Ouais mais les nanas vaches à lait elles le sont parce qu'on les force à l'être, tout comme on force les plus belles femmes à enfanter au point de les enfermer dans un harem. Je suis d'accord pour dire que l'aspect féministe n'est pas le point le plus important du film, ce dernier existant très bien sans ça (un peu comme les blockbusters de Cameron, qui fonctionnent sur le même principe), mais il est tout de même là. Fury Road, c'est l'histoire de femmes qui se rebellent contre un pouvoir établi, et qui décident finalement de le renverser avec l'aide de Max. D'ailleurs, si le peuple de Furiosa est uniquement constitué de femmes, ce n'est pas pour rien.