Retaliation - Yasuharu Hasebe (1968)
Maitre du pinku eiga pendant les années 70 où il s'imposera avec un style brutal sur nombre de productions, Yasuharu Hasebe fut également l'auteur de yakuzas eigas intéressants (et hélas méconnus) avant ça, d'abord
Massacre Gun qui calquait de manière efficace le style bariolé et cynique de Seijun Suzuki, puis le film dont je vous parle, l'étonnant
Retaliation. Il est étonnant parce qu'il remet en question la place de
Blackmail is my Life de Kinji Fukasaku dans l'évolution du genre, la même année un autre réalisateur nous offre un spectacle sans concession où la figure du yakuza est enfin montrée sous son vrai jour : calculateur et irrespectueux du code de l'honneur. De plus, il se permet d'être plus cohérent que le film précité car il est en quelque sorte le pont esthétique/thématique entre le cinéma pop coloré d'alors et le cinéma plus sombre et violent de la décade suivante (d'ailleurs, je ne suis pas surpris de voir la star déclinante Jo Shishido céder le flambeau de la tête d'affiche a Akira Kobayashi, déjà moins connoté 60's).
Cela ne l'empêche pas de rester avant tout un film de yakuza au scénario assez classique (mais bien ficelé) pour peu qu'on connaisse bien le genre, avec le sempiternel schéma du yakuza sorti de prison qui va reformer un clan, à la différence près que le cadre rural choisi est original (a part
Hokuriku Proxy War, j'avais jamais vu ça) montrant comment s'implante les premiers gangs en quête de terrains vierges et les guerres qu'il y a autour. Bien que ça a l'allure d'un Fukasaku, je trouve qu'Hasebe avec les mêmes ingrédients (caméra portée a l'arrache, cadres chargés d'hommes dans les scènes d'interieur) parvient a créer un polar formellement différent, où malgré l'urgence de certaines idées de mise en scène (l'assaut nocturne filmé en plan séquence a la lampe torche !?
),
Retaliation reste d'une tenue visuelle plus classique. Un bon film petit film de yakuza donc, brutal a souhait (c'est peu de choses de dire que Hasebe n'y allait déjà pas de main morte sur la gent féminine, il a pas pu s'empêcher de foutre une scène de bondage ce vieux filou), qui remplit son cahier des charges sans déshonneur et mieux met a l'amende le film pourtant matriciel du patron Kinji.
7/10