Robocop - Paul Verhoeven (1987)
Quand les petits gamins d'aujourd'hui se gavent de Marvel et ses héros au rabais, ben moi gamin je carburais a Robocop, qui contre toute attente ne vient d'aucune BD mais dont l'influence du support est évidente : un flic tué puis revenant d'entre les morts dans une super enveloppe d'acier lui permettant de dégommer du truand sans sommation dans une ville complètement dégénérée, franchement entre nous c'est autre chose que Iron Man quand même !
Rétrospectivement, Robocop est certainement le plus beau coup de poker de la carrière de Verhoeven, l'anecdote la plus connue autour du film reste qu'il ait jeté le script a la poubelle en prétextant qu'il n'etait pas venu en Amérique pour tourner des séries B crétines, surtout après avoir tenté l'expérience de la coproduction avec la Chair et le Sang. Mais le système hollywoodien étant ce qu'il est, plus le fait qu'il est grillé dans son pays d'origine, sa femme va le convaincre de lire entre les lignes, de mettre sa patte de metteur en scène insolent pour tourner ce qui sera enfin de compte son ticket d'entrée pour le succès et prolonger de manière intelligente ce qu'il avait entamé en Hollande. Pour moi, en dehors de la forme, il y a peu de choses qui éloignent Business is Business ou Spetters par exemple de Robocop, car beaucoup de ses films s'inscrivent dans le registre de la satire déguisée en film de genre, qu'il soit une comédie, un film historique ou un film de SF. Ici, Verhoeven déballe sa vision des Etats-Unis en bon européen récemment immigré (en plein milieu des eighties, autant dire le jackpot pour un satiriste comme lui !), une société bi-partite composée de yuppies et de voyous, rongée par l'omniprésence des médias (ces coupures pubs a hurler de rire), des corporations qui font du fric sur tout et n'importe quoi (l'idée d'une ville et ses services publics entièrement sous la coupe d'une multinationale est vraiment intéressante je trouve), ainsi que par la question de la violence où tout le monde où presque se doit d'avoir un flingue et d'en faire usage.
Parlons-en de la violence, qui certes a toujours eu une place importante chez Verhoeven, mais qui n'aura jamais eu autant de sens que sur
Robocop, je crois mis a part
Scarface, aucun film de studio de cette décennie n'a utilisé la violence de manière aussi appuyée et jouissive, à l'instar de la séquence aussi insoutenable que graphique de l’exécution de Murphy (Verhoeven en parle toujours comme d'une crucifixion), où on sent par cet abus assumé d'hémoglobine, une manière potache de titiller les financiers ricains en leur offrant ce qu'ils attendent de lui, mais en tirant la corde toujours plus loin (la séquence de la démonstration foirée de l'ED-209 où il y a facile 3 inserts qui en rajoutent sur le fait que le pauvre employé a été transformé en viande hachée
); Ceci dit,
Robocop fonctionne toujours car a il conscience de ce qu'il est et s'amuse a désamorcer sa violence too much par un humour constant (
"Que quelqu'un appelle un médecin !" toujours pendant la scène de l'ED-209
) qui ravira les amateurs de cynisme tout en offrant un authentique revenge movie urbain doublé d'une quête d'identité convaincante, d'ailleurs avec
Starship Troopers, c'est le film de Verhoeven qui jouit du plus de niveaux de lecture, ce qu'il fait ne peut que se bonifier au fil des visionnages. Si objectivement, ces deux films se valent, je garde une certaine affection/préférence pour
Robocop par son héros absolument iconique m'ayant obsédé pendant toute mon enfance (au point de m'être maté la série TV et de posséder moult jeux vidéos et figurines, voilà c’était l'instant geek) qui arrive a nous toucher dans sa quête d'identité (sa dernière ligne de dialogue est vraiment belle pour le coup) et le thème de Basil Poledouris a tomber par terre achève d'en faire une œuvre capitale du cinéma US des années 80 et l'affirmation d'un grand cinéaste qui ne cessera jamais de m'étonner.
10/10