Hollywood, mars 2006. Sur la table ovale en acajou, trois corbeilles dans lesquelles on distingue des papillotes, de l’eau minérale, de la Redbull, des bâtonnets de Justin Bridou, des Mon Chéri, des pommes de terres et une cagette de navets.
- Comme vous pouvez le constater, on est très nombreux, alors commencez par fermer vos gueules. On va faire vite, on va faire bien, on vous explique. Rick ?
- Oui, bon, en fait : on split les teams. Vu le carton des deux épisodes précédents, le budget est over, et le mot d’ordre, c’est RATISSER LARGE. Sam nous a déjà donné ses idées, a vous d’étoffer.
- Ouais, il nous fait un peu chier avec ses résumés des épisodes précédents. Grand pouvoir, grandes responsabilités, tout ça, Tante May en Mamie Nova qui vient dire qu’il faut pardonner et que la vengeance c’est mal, on saupoudre. L’essentiel est ailleurs. Nick, on t’a chargé du volet action.
- Alors chef, toutes les dix minutes, une séquence. Et j’ai du lourd. De l’overboard, des sabres lasers, une grue folle genre elle tronçonne des buildings, mais aussi des métros et des sauts périlleux comme dans Matrix, de l’eau et du sable, du feu et des tempêtes.
- Oh putain les quatre éléments et tout.
- Ouais.
- On devait laisser la symbolique à Stanley, mais c’est pas grave. Qu’est-ce que tu nous as préparé ?
- Le méta ultime, boss. Visez le kiff : le risque du 3ème épisode, on est d’accord, c’est la surenchère. Genre on prend la grosse tête. Et ben c’est ce que fait Parker.
- Genre il se la pète.
- VOILA. Côté obscur de la force, tout ça, il flirte avec le dark, tu vois.
- Excellent. Mais on reste dans la comédie, quand, même, c’est d’ailleurs le boulot de Bick.
- Yep. On va lui foutre du sable dans la raie, et genre quand il frime, il mate les chicks dans la rue, il change de coiffure en mode gothique et danse sur des pianos et la voisine, vous savez, le thon géorgien lui prépare des cookies. Ça va être fun.
- Mais alors on fait que ça ?
- Tu déconnes ? Troisième épisodes, 3 méchants, ma couille. Sandman, Bouffon Jr, et le Darkspider, genre on lui fait un COSTUME NOIR PUTAIN.
- Ouais. Putain, son pire ennemi c’est lui-même. Puissant.
- Bon, vous me torchez tout ça.
- Ça va être un peu le bordel à gérer quand même.
- En plus faut la romance. C’était mon job, patron.
- Ouais, vas-y chérie.
- Alors en fait, faut que ça craque avec MJ, voyez. Une nouvelle blonde, un remake du baiser, des mensonges, des bagues dans des flutes de champagne, des manipulations, du soap, quoi.
- Et genre en dark mode il lui en colle une !
- Excellent. Fusion des thèmes. J’adore.
- Attention quand même à Mamie Nova. On est chez des gens foncièrement bons. Le méchant a beau ressembler à un étron façon Jabba des bacs à sable, il faisait ça pour sa fille malade. Et Harry peint des natures mortes.
- Et fait des omelettes aux poivrons.
- Putain, c’est clair qu’on a vraiment un budget illimité.
- Bon, comment on relie tout ça ? Sick ?
- On a toujours les solutions de secours, chef. L’astéroïde tombé du ciel, du slime qui noircit les gens et repart avec les cloches, un truc du genre. On s’en branle en fait. Sinon, la solution de l’amnésie temporaire est pas mal ; ou de la révélation tardive, genre « en fait Spider Man a pas tué ton père, j’avais oublié de te le dire » ou « en fait j’ai pas tué ton oncle, tu vois, mon doigt a glissé, désolé pour le dérangement, et même si je voulais te défoncer la gueule il y a cinq minutes, pardon, quoi, je pleure un peu, rappelle-toi j’ai une fille malade merde ».
- Ouais, ça tient la route.
- Ça parle beaucoup quand même. Je propose qu’on rajoute des femmes qui hurlent. Et MJ doit finir suspendue dans le vide, n’oubliez pas, c’est une tradition.
- Oui bon, on étoffe : suspendue dans un taxi. Et au-dessus, vous me foutez un camion benne qui lui largue des parpaings dans la gueule.
- Et en bas, des flics new yorkais qui applaudissent.
- Et la télé qui dit que merde, peut-être il va mourir le héros.
- On est bon, là. Sam va être content.
- Je veux. Il est quand même à la tête du plus gros morceau de l’histoire.
- Putain.
- On..
- …va…
- …cartonner.