[Nulladies] Mes critiques en 2015

Modérateur: Dunandan

Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Mark Chopper » Mer 15 Juil 2015, 08:37

La tagline Pokemon :love: :eheh:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar pabelbaba » Mer 15 Juil 2015, 10:22

:eheh: :eheh:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Spider-Man 3 - 3/10

Messagepar Nulladies » Ven 17 Juil 2015, 06:57

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Hollywood, mars 2006. Sur la table ovale en acajou, trois corbeilles dans lesquelles on distingue des papillotes, de l’eau minérale, de la Redbull, des bâtonnets de Justin Bridou, des Mon Chéri, des pommes de terres et une cagette de navets.

- Comme vous pouvez le constater, on est très nombreux, alors commencez par fermer vos gueules. On va faire vite, on va faire bien, on vous explique. Rick ?
- Oui, bon, en fait : on split les teams. Vu le carton des deux épisodes précédents, le budget est over, et le mot d’ordre, c’est RATISSER LARGE. Sam nous a déjà donné ses idées, a vous d’étoffer.
- Ouais, il nous fait un peu chier avec ses résumés des épisodes précédents. Grand pouvoir, grandes responsabilités, tout ça, Tante May en Mamie Nova qui vient dire qu’il faut pardonner et que la vengeance c’est mal, on saupoudre. L’essentiel est ailleurs. Nick, on t’a chargé du volet action.
- Alors chef, toutes les dix minutes, une séquence. Et j’ai du lourd. De l’overboard, des sabres lasers, une grue folle genre elle tronçonne des buildings, mais aussi des métros et des sauts périlleux comme dans Matrix, de l’eau et du sable, du feu et des tempêtes.
- Oh putain les quatre éléments et tout.
- Ouais.
- On devait laisser la symbolique à Stanley, mais c’est pas grave. Qu’est-ce que tu nous as préparé ?
- Le méta ultime, boss. Visez le kiff : le risque du 3ème épisode, on est d’accord, c’est la surenchère. Genre on prend la grosse tête. Et ben c’est ce que fait Parker.
- Genre il se la pète.
- VOILA. Côté obscur de la force, tout ça, il flirte avec le dark, tu vois.
- Excellent. Mais on reste dans la comédie, quand, même, c’est d’ailleurs le boulot de Bick.
- Yep. On va lui foutre du sable dans la raie, et genre quand il frime, il mate les chicks dans la rue, il change de coiffure en mode gothique et danse sur des pianos et la voisine, vous savez, le thon géorgien lui prépare des cookies. Ça va être fun.
- Mais alors on fait que ça ?
- Tu déconnes ? Troisième épisodes, 3 méchants, ma couille. Sandman, Bouffon Jr, et le Darkspider, genre on lui fait un COSTUME NOIR PUTAIN.
- Ouais. Putain, son pire ennemi c’est lui-même. Puissant.
- Bon, vous me torchez tout ça.
- Ça va être un peu le bordel à gérer quand même.
- En plus faut la romance. C’était mon job, patron.
- Ouais, vas-y chérie.
- Alors en fait, faut que ça craque avec MJ, voyez. Une nouvelle blonde, un remake du baiser, des mensonges, des bagues dans des flutes de champagne, des manipulations, du soap, quoi.
- Et genre en dark mode il lui en colle une !
- Excellent. Fusion des thèmes. J’adore.
- Attention quand même à Mamie Nova. On est chez des gens foncièrement bons. Le méchant a beau ressembler à un étron façon Jabba des bacs à sable, il faisait ça pour sa fille malade. Et Harry peint des natures mortes.
- Et fait des omelettes aux poivrons.
- Putain, c’est clair qu’on a vraiment un budget illimité.
- Bon, comment on relie tout ça ? Sick ?
- On a toujours les solutions de secours, chef. L’astéroïde tombé du ciel, du slime qui noircit les gens et repart avec les cloches, un truc du genre. On s’en branle en fait. Sinon, la solution de l’amnésie temporaire est pas mal ; ou de la révélation tardive, genre « en fait Spider Man a pas tué ton père, j’avais oublié de te le dire » ou « en fait j’ai pas tué ton oncle, tu vois, mon doigt a glissé, désolé pour le dérangement, et même si je voulais te défoncer la gueule il y a cinq minutes, pardon, quoi, je pleure un peu, rappelle-toi j’ai une fille malade merde ».
- Ouais, ça tient la route.
- Ça parle beaucoup quand même. Je propose qu’on rajoute des femmes qui hurlent. Et MJ doit finir suspendue dans le vide, n’oubliez pas, c’est une tradition.
- Oui bon, on étoffe : suspendue dans un taxi. Et au-dessus, vous me foutez un camion benne qui lui largue des parpaings dans la gueule.
- Et en bas, des flics new yorkais qui applaudissent.
- Et la télé qui dit que merde, peut-être il va mourir le héros.
- On est bon, là. Sam va être content.
- Je veux. Il est quand même à la tête du plus gros morceau de l’histoire.
- Putain.
- On..
- …va…
- …cartonner.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Hannibal » Ven 17 Juil 2015, 07:48

excellent :eheh:
Mark Chopper a écrit:La mode des années 2010 consiste à faire des suites de merde qui permettent de réévaluer des purges.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Nulladies » Ven 17 Juil 2015, 08:33

Si jamais les épisodes précédents t'intéressent :

http://www.senscritique.com/liste/Les_a ... ter/369869

:wink:
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La Isla Minima - 6/10

Messagepar Nulladies » Sam 18 Juil 2015, 17:40

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Un rien andalou

Il suffit souvent de peu pour qu’on vous brandisse un film comme étant d’un intérêt qui le distinguerait de la masse. Une présence insistante sur le live, le label France Inter, des comparaisons à des figures de proue (dans ce cas, True Detective et son enquête dans le passé, son duo de flics plus ou moins retors, son ambiance glauque) et on se laisse tenter.
La Isla Minima commence comme un film de Yann Arthus Bertrand, soit une succession de plans aériens sur la très singulière nature andalouse, marais aux motifs et couleurs splendides. Cette ouverture soignée, accompagnée d’une musique anxiogène et des trognes assez patibulaires des deux flics de service laisse présager le meilleur.
A mesure que l’intrigue se déroule, on semble oublier cette audace première au profit d’une intrigue qu’on attend de voir décoller, et le réalisateur s’en rendant compte lui-même, il la ponctue de ses plongées aériennes à vocation tragique (en variant le ton, par exemple, tenez : l’ocre du cimetière, l’île sous la pluie…) et oublie de demander à la musique de se taire de temps à autre.
Soucieux d’étoffer son enquête, il tente assez maladroitement de l’engluer dans un passé franquiste encore tout chaud et de lester de casseroles honteuses l’un des protagonistes, sans doute pour passer de 90 à 105 minutes et donner plus d’ampleur à son projet sans que cela fasse mouche.
On met un certain temps à comprendre que l’intrigue policière ne dépassera jamais les canons du genre et reste au niveau d’un téléfilm gentiment ficelé.
Alors oui, les paysages sont beaux, l’ambiance un peu sombre et les personnages dotés d’une certaine présence, mais tout cela ne mérite pas non plus les éloges qu’on lui prête.
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Ant-Man - 4/10

Messagepar Nulladies » Lun 10 Aoû 2015, 06:45

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Fourminable.

A écouter les déclarations de James Gunn, Les gardiens de la Galaxie 2 sera plus émouvant.
Donc, la parodie, le dilettantisme, la jubilation de petits teigneux qui tirent dans le tas, laisse tomber.
C’est Edgar Wright qui devait à l’origine réaliser Ant-Man, et les amateurs de la trilogie Cornetto ne pouvaient que s’en réjouir : introduire dans la grosse machine ce petit grain de comédie, cette absence de sérieux ne pouvait être que salutaire. Sauf qu’il a été viré pour différends artistiques.
Le constat est donc sans appel : on ne change pas une médiocre formule qui gagne.
Paul Rudd a fait des efforts sur ce film : il a gagné en muscles ce qu’il a perdu en humour, en sens de la famille ce qu’il avait de lose attachante.
C’est l’été, les salles sont climatisées et notre tolérance en berne. On est donc prêts à bien des concessions, on emmène la marmaille, tout ça, au moins eux ça leur plaira.
Expliquez-moi l’intérêt de faire un film si long, qui met trois plombes à commencer, avec des dialogues interminables et sans interêt ?
Expliquez-moi l’intérêt de nous resservir pour la millième fois le coup de « l’ex détenu qu’a fait un coup à la Robin des bois donc il est pas vraiment méchant et qui va replonger uniquement pour voir sa fille de 7 ans » ?
Ne parlons même pas de l’humour, toutes ces vannes qui tombent immanquablement à plat, cette équipe de djeunes issus d’une séance d’écriture appliquant la ségrégation positive, ce scénario d’une platitude monumentale (en gros, un casse et des mini gigots d’agneau) ou cette laideur généralisée des CGI.
On avait apprécié dans la bande annonce ce jeu entre les différentes proportions de taille : un train qui, selon l’échelle, est un jouet inoffensif ou une arme de destruction massive. Certes, certaines séquences sont amusantes dans ce registre, comme la maquette criblée de balles ou la bataille dans la valise. On pourrait même, avec un peu d’indulgence, retrouver dans le carnage final où les objets sont agrandis (joli placement du train Thomas, + une fourmi géante) une sorte de référence aux films des années 80, de l’Aventure Intérieure à Chéri, j’ai rétréci les gosses, sorte de carton-pâte bon enfant qui fait appel à notre innocence de spectateur.
Si le rythme gagne un peu en densité dans le dernier quart du film, c’est tout de même bien tardif, et surtout sans enjeu. On a vraiment du mal à s’attacher à un gars dont l’unique talent consiste à appuyer sur deux boutons rouges et domestiquer différentes races de fourmis capables de tout faire à sa place, et dont le charisme est, reconnaissons-le, fortement limité.
Marvel semble davantage préoccupé à tisser son réseau en exhibant autant que faire se peut l’étendue de son univers, par ses références aux autres franchises, des Avengers à Stark en passant par le Faucon, Shield et compagnie.

Tout cela est terriblement lassant.

Sinon, on a eu droit à la bande annonce de Star Wars sur grand écran. C’était bien. Peut-être que pour ce film aussi, je devrais me limiter à ce plaisir fugace...
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Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil (La) - 4/10

Messagepar Nulladies » Lun 10 Aoû 2015, 06:47

ImageTu tapes et je matte.

Joann Sfar a 43 ans. Il est une figure de proue d’à peu près tout ce qui se médiatise, de la BD au roman, de l’essai au film, de la philosophie à l’héroïc-fantasy parodique.

Freya Mavor a 21 ans. Actrice et mannequin, elle a des jambes interminables, une chevelure flamboyante et des yeux dans lesquels on souhaite se noyer.

Voilà. Un bouquin réputé inadaptable parce que « lynchien », une belle Thunderbird, une ambiance fin 70’s, des cadavres, des routiers, une rivière, la mer, des hôtels de nuit et c’est parti pour une ambiance trouble, où la schizophrénie le dispute à l’onirisme, le thriller au road-movie.

Pour ce faire, Sfar joue la carte du formalisme échevelé. Split-screen, esthétique clipesque, bande son classieuse, rien n’est trop beau pour reluquer la belle plante à son service, dans son long manteau, avec ses lunettes, avec son fusil, donc, mais aussi sous la douche, en talons, en nuisette, dans les cabines d’essayage. Et que je t’incline la caméra, que je te joue sur les faux raccords, que je te lèche le cadre. La même sauce veut épaissir le récit : mélange des temporalités, flashbacks et forwards, multiplication de fausses pistes, impasses de sens, tout est convoqué pour « perdre » l’héroïne qui craint de devenir folle et le spectateur qui ne suit pas grand-chose sur cette route sinueuse, nocturne et myope.

Dire qu’on s’en fout un peu serait insultant.
Mais on s’en fout pas mal.
Personnages sans épaisseur, mise en scène poseuse sans chair à défendre (à défaut de celle à grain de pêche de notre affriolante protagoniste), alignement de passages obligés et surtout, résolution alambiquée plombent les intentions plastiques du réalisateur. Le scénario et sa tentative d’explication (qui plus est donnée par la voix inaudible de cet insupportable Benjamin Biolay) achève le tout.
Freya Mavor est très jolie, sa voiture aussi. Ses lunettes sont trop grandes mais c’était la mode à cette époque-là. Son fusil est très grand, et porte en sa longueur l’illusion qu’il peut tenir à lui-seul tout le fil d’un récit sans intérêt.
Au suivant.
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While we're young - 6/10

Messagepar Nulladies » Lun 10 Aoû 2015, 06:48

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Marris et fans.

Après le frais et revigorant Frances Ha, Noah Baumbach accentue sa réflexion sur la jeunesse et ce qu’on emmène d’elle lorsque l’âge avance. Plutôt que de jouer sur la période trouble de la transition, c’est par l’opposition apparente entre deux générations, ceux dans leur vingtaine et leurs ainés ayant presque le double qu’il joue sur les codes, les aspirations et les renoncements propres à chaque catégorie.
Proche de Woody Allen mais plus connecté à son époque, l’univers hipster new-yorkais est restitué avec brio. Toute la première partie du film qui voit cette collusion entre les deux couples est aussi amusante qu’authentique, et l’on s’attache rapidement aux personnages, surtout le tandem des ainés, dans la mesure où la satire ne fait jamais dans le vitriol et l’humour dans le potache. Ben Stiller est un habitué de l’univers du cinéaste, et on se réjouit d’y voir invitée Naomi Watts, de plus en plus convaincante dans ces rôles où elle joue de son âge et ne craint pas le ridicule, à l’image de sa composition du prostituée low cost dans le récent St Vincent. C’est avec une vraie tendresse que Baumbach contemple ses personnages, et si les situations décrites sont loin d’être innovantes, le regard est pertinent et l’efficacité humoristique réelle, que l’on pense à l’autre couple évoquant sa parentalité (mention spéciale pour la scène du concert pour enfants) ou les happenings stupides d’une jeunesse dont la rébellion consiste à se déconnecter, élever sa poule dans le salon ou jouer à des jeux de plateau.
Tout cela ne raconte pas une histoire, se dira le spectateur, et c’est probablement la réflexion que s’est faite le réalisateur lui-même, ouvrant la voie à la principale faiblesse du film. En faisant de Stiller et de son jeune ami Adam Driver des documentaristes en galère, Baumbach échafaude une trame narrative assez grossière où l’amitié soudaine de l’apprenti pour l’ainé pourrait être intéressée, où le dilettante pourrait se révéler un ambitieux cachant bien son jeu. La réflexion sur le documentaire, son rapport au réel et sa facticité, n’est finalement qu’un prétexte. Du point de vue de la dynamique du film, c’est assez superflu et fait converger le film vers des séquences convenues et décevantes au vu de ce qu’il annonçait au départ. Sur le plan moral, on évite néanmoins la catastrophe parce que la vision manichéenne est soigneusement éludée, mais il n’empêche qu’on pouvait souhaiter que le film s’en tienne à cette atmosphère savamment restituée, ce portrait de mélancoliques encore un peu flamboyants et cette satire bienveillante sur la société et ses codes. Le jeu des acteurs et le sens du rythme (bien moins inventif que dans Frances Ha, dont tout le charme résidait dans cette gestion de la temporalité trouble de son héroïne) étaient suffisamment substantiels pour que ne se perde pas dans les détours d’épaisses ficelles, au risque de plomber quelque peu cette jolie comédie.
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Mission : Impossible - Rogue Nation - 7/10

Messagepar Nulladies » Mer 12 Aoû 2015, 16:59

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Rien de neuf, un effet bœuf

Le plaisir éprouvé devant ce cinquième opus de la saga occasionne un questionnement légitime : comment expliquer qu’on puisse se satisfaire de l’inertie d’un tel cahier des charges lorsqu’on fustige les redites, au choix, dans les Marvel ou les Michael Bay ? Qu’est-ce qui fait qu’on accepte de jouer le jeu quand il nous irrite au plus haut point dans d’autres franchises ?
Tout n’est que répétition dans Mission Impossible : masques, gadgets, capitales aux quatre coins du globe, missions officielles et officieuses, séditions et agents doubles, casse irréalisable et retour à la lumière, rien ne dévie dans cette déviance programmée qui tente de nous faire croire à chaque épisode que cette fois, ça va mal, que cette fois, on ferme la boutique, que cette fois, vraiment, on va en baver.
Le secret est limpide : il suffit d’assumer. Au contraire de la saga James Bond, qui est suffisamment antédiluvienne pour chercher du sang neuf avec un certain bonheur depuis l’arrivée de Daniel Craig, Mission Impossible a pour pivot son producteur/acteur principal Tom Cruise, qui, rappelons-le, ne vieillit pas. Alors qu’il conjure la fuite du temps par le clonage et la résurrection dans la SF, cette série lui assure une fixité légendaire à l’image des masques dont il s’affuble. Tout est là : puisqu’on va jouer aux faux semblants, puisqu’on n’est pas là pour être attaqué sur le terrain de la crédibilité ou de la profondeur psychologique des personnages, amusons-nous.
Force est de constater que l’ensemble fonctionne bien. Les courses poursuites sont limpides, le casse en apnée plutôt réussi (et à nouveau sans musique, histoire de se mettre au diapason de la scène maitresse du premier opus) et les revirements scénaristiques à tiroir certes tirés par les cheveux, mais plaisants, même si là aussi assez convenus. Simon Pegg en sidekick chargé de la tonalité humoristique ne fait pas toujours mouche, et la belle Rebecca Ferguson joue des cuisses, des robes longues et des yeux sans ciller comme il se doit. Les autres font clairement de la figuration, de Ving Rhames en rescapé originel à Jeremy Renner qui doit tout de même l’avoir mauvaise de passer d’un spin-off de Jason Bourne à un rôle aussi insignifiant.
Christopher McQuarrie fait donc plutôt bien son job après le nerveux Jack Reacher, et parvient à donner à l’action ce dont elle a besoin pour fonctionner : de la visibilité. Gadgets, caméras de surveillance, jauges et compte à rebours, cages de verre et rétroviseurs s’enchainent avec efficacité.
Mais là où le film gagne un point, c’est dans cette séquence de l’opéra de Vienne. Citation assumée d’Hitchcock et de L’homme qui en savait trop, cette longue parenthèse concentre une saveur telle qu’elle va faire de l’ombre à la dynamique générale, notamment la fin qui n’est clairement pas à la hauteur de ce qui précède. Dans ce jeu de faux semblants, de multiples tireurs embusqués sur fond de Turandot, c’est surtout au grand lecteur d’Hitchcock qu’on pense De Palma, instigateur de la saga au cinéma. L’exploration de l’espace, la dilatation du temps et la multiplicité des points de vue renvoie à bien des séquences maitresse de son œuvre, de Carrie à Femme Fatale en passant par Snake Eyes, ces deux derniers opus souffrant par ailleurs du même déséquilibre d’une scène nodale écrasant la médiocrité de l’ensemble.

Il y a donc une bonne nouvelle : pour peu qu’on ne se prenne pas trop au sérieux, qu’on ne joue pas la redite dans la morale familiale (Marvel, m’entends-tu ?), on peut distiller du plaisir au spectateur. Il acceptera de jouer le jeu de la redite au profit des jeux infinis sur la partition visuelle de l’action pure et décomplexée.
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Dheepan - 4,5/10

Messagepar Nulladies » Jeu 27 Aoû 2015, 05:41

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Dirty curry

On aura rarement vu un tel exemple de déséquilibre qu’avec ce dernier film de Jaques Audiard, tout comme il serait passionnant de comprendre ce qui a conduit le jury de l’année dernière à lui accorder la Palme d’Or… Certes, la selection fut décevante et les meilleurs films apparemment dans les sections parallèles, mais tout de même…
Audiard l’a dit lui-même, la sélection cannoise l’a mis dans l’urgence et il est arrivé sur la Croisette avec le sentiment que son film était perfectible. C’est le moins qu’on puisse dire.

Dheepan est, sur ses deux tiers, un très beau récit. Ce qui frappe de prime abord, c’est de constater la maturité que semble avoir acquise son réalisateur par la modestie du sujet qu’il exploite. A hauteur d’hommes, sans intrigue fracassante a priori, sans stars, il s’immisce dans la vie de ceux qu’on ne voit pas, les écoute dans leur langue et dresse un portrait véritablement touchant des tentatives d’intégration. Cette fausse famille couturée à la hâte pour obtenir ses faux papiers et son droit d’asile a tout à découvrir, et c’est avec un véritable tact que l’on restitue les embûches et les espoirs qui jalonnent son parcours. Dheepan propose ainsi un regard à la Lettre Persanes sur la société française, tout comme il traite des questions universelles de l’attachement, de l’amour, voire de l’humour. La violence est partout : dans le pays qu’on a été forcé de quitter comme dans celui qui nous accueille, et partout, c’est la sphère la plus proche de nous qui pourra nous donner la force de survivre. Cette thèse s’accompagne d’un véritable enjeu formel, celui de regarder les individus au plus près, et de donner la parole à tous les protagonistes, quel que soit leur camp. L’empathie et la pudeur d’Audiard, faits nouveaux, lorgne alors du côté des frères Dardenne, dans des échanges d’une grande justesse où la barrière de la langue exacerbe l’humanité et la solidarité, et qui contribuent au sentiment réconfortant d’une véritable reconstruction. De la même manière, l’évolution des échanges entre Dheepan et sa fausse épouse évite bien des pièges, et la circulation d’un bouquet de jonquilles au sein de la « famille » est une des très belles scènes de cette fragile et délicate intrigue sentimentale.

Seulement voilà : Audiard fait du Audiard. On ne sait pas si la finalité du film était de toute façon prévue à l’avance pour retourner sur les rails de ses petites obsessions, où si un brusque revirement d’écriture l’a fait rechuter. Toujours est-il que le cinéaste ne peut s’empêcher de dériver vers un thriller à la fois décousu (le retour du général qui veut enrôler Dheepan est une fausse piste qui ressemble vraiment à une erreur de montage), convenu et grotesque.
Pourquoi grossir à ce point le trait sur la vie des banlieues où les échanges de coups de feu semblent le lot quotidien ? Pourquoi réveiller la bête dans le gardien et faire de lui cet être invincible qui peut tout autant réparer un ascenseur que faire exploser une cage d’escalier ?
La dernière partie du film est un ratage et une rupture totale dans l’équilibre général, comme si le cinéaste n’assumait pas son changement de cap, pourtant si maitrisé. Sang, scènes d’action où certes, des tentatives de mise en scène émergent, comme celle de mettre hors champ le sort des victimes, tout cela n’a pas grand sens. Qu’on nous explique par exemple comment le gardien d’immeuble se retrouve avec une machette au milieu de son matériel de ménage…se transformant soudain en une sorte de vengeur venu nettoyer la cité, tout droit sorti des plus mauvaises séries B.
Spoiler
Le film est déjà sérieusement ébranlé lorsque arrive cette dernière séquence sur l’Angleterre, qui achève définitivement de le décrédibiliser : la France, donc, c’est les cités aux mains des gangstas armés jusqu’aux dents, l’Angleterre un quartier résidentiel où il fait bon vivre, et l’abondance nous pousse à nous reproduire dans l’harmonie. Voilà qui ne va pas régler le problème des candidats au départ à Calais.
La question finit par se poser : et si cette modestie, cette maturité qu’on prêtait au cinéaste n’était qu’une feinte pour aller chercher une légitimité encore plus grande ? Et si, à l’image de cette fausse famille qui finit par l’emporter et devenir la norme enviable, Audiard avait usé de ce détour a priori anti glamour et commercial pour rafler la mise ?
Le pire, c’est que ça a marché.
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Qui veut la peau de Roger Rabbit? - 8,5/10

Messagepar Nulladies » Jeu 27 Aoû 2015, 06:13

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Lapin justifie les moyens.

Un projet comme Roger Rabbit n’aurait aujourd’hui plus du tout le retentissement qu’il eut en 1988, tant le numérique a infusé le film, qu’il s’agisse de décor ou de personnages entiers.
Plutôt que de faire un cour sur l’animation aux jeunes spectateurs, choisissons de leur présenter le film sans commentaire : à savoir, en prologue, ce cartoon absolument grandiose, entreprise de destruction massive du lapin éponyme s’acharnant à souffrir de toutes les potentialités qu’une cuisine peut offrir.
La rupture narrative qui clôt le dessin animé pour montrer son tournage en prise de vue réelles est un effet de surprise garanti, qui saisit tout public et met en place un univers singulier dont les vertus distrayantes ne se démentiront pas.
Roger Rabbit, c’est ce point d’équilibre incroyable entre la référence permanente (à l’univers des Toons, certes, mais aussi au film noir) et une tonalité propre, un humour pétillant et des trouvailles à la pelle. Zemeckis est alors à son apogée, et on trouve dans ce film la même vibration enthousiaste que chez Joe Dante, cet amour du cinéma qui nous recrée tout un décor et ne cesse de parler de l’illusion, des faux semblants au service de la vertu suprême, le rire. Outre le personnage hilarant de Roger Rabbit lui-même, tornade comique à l’effet dévastateur, les animateurs nous gratifient d’un flingue à balles capricieuses, d’un taxi allumé, d’une vamp aux formes démesurées, (« I'm not bad. I'm just drawn that way. ») d’un duel de canards au piano à queue et de fouines qui meurent de rire…
Le rythme est endiablé, et la totalité de l’équipe semble se faire plaisir, de Bob Hoskins qui donne chair à ses interlocuteurs virtuels à Christopher Lloyd à qui on offre un rôle à sa démesure, celui d’un Toon serial killer, le tout au service d’une satire assez maline sur l’évolution urbaine, le projet d’autoroute et des commerces aseptisés qui la jalonneraient semblant l’idée d’un esprit totalement malade.
Voilà qui ravit : Roger Rabbit vieillit particulièrement bien. Parce que son rythme est intact, parce que ses répliques font mouche et ses gags sont atemporels. Et l’on est ravi de se joindre à Jessica lorsqu’elle affirme à son mari : « I've loved you more than any woman's ever loved a rabbit. »
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Voyage dans la Lune (Le) - 8/10

Messagepar Nulladies » Sam 29 Aoû 2015, 05:27

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Et la lumière fut.

Regarder Le Voyage dans la Lune aujourd’hui génère une émotion similaire à celle qu’on pourrait ressentir devant un incunable, ou les enregistrements originels du blues du Mississipi. On est là devant l’origine du monde.
Il ne s’agit pas de déterminer les maladresses ou l’amateurisme, les soubresauts de la restauration ou les limites de la narration.
Il s’agit de prendre la mesure de ce que fut le cinéma à ses origines : un tour de magie qui avait la prodigieuse innovation de durer 15 minutes. Un voyage, donc, des processions, une suite de tableaux dont la fluidité des enchainements fait oublier plans fixe et absence de son. Une profondeur de champ fantastique où des personnages surgissent de parties qu’on croyait peintes, où les constellations s’humanisent et les champignons poussent, où le clair de terre illumine d’un jour nouveau le cinéma, jusqu’à alors rivé au sol. Une couleur qui semble annoncer le psychédélisme et une ode au décollage, une fusion avec tous les éléments et une apologie de la découverte vers l’imaginaire sans borne.
On a beau restaurer avec toute les technologies de pointe, c’est ce charme-là qui opère le plus : la fraicheur de cette expérience qui induit dans des tableaux l’idée du mouvement : dans ses vagues, dans ses perspectives en trompe-l’œil, dans la magie du montage qui permet de faire pousser un champignon à partir d’un parapluie ou disparaitre en autochtone dans un nuage de fumigène. Par leur mouvements saccadés, toutes les foules du récit se ressemblent : les savants sceptiques, les astronautes en vadrouille, les êtres lunaires qui les emprisonnent ou la foule terrienne qui les acclame : et c’est bien là la chambre d’écho de ce cinéma des origines : un flux fédérateurs qui unit tous les êtres mouvants dans une même danse à la gloire de la féérie et du voyage.
Les modes passent, et avec elles les cortèges de musiciens venus habiller l’œuvre intouchable : Air, ici, comme Lambchop pour l’Aurore. Rencontre un peu incongrue, vaguement hype, sans grand intérêt sinon de révéler à quel point l’image a sa propre intégrité, atemporelle et fondatrice pour l’histoire du septième art.
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Hugo Cabret - 7/10

Messagepar Nulladies » Sam 29 Aoû 2015, 05:29

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C’est pas sorcier.

La liste des éléments qui peuvent rendre Hugo Cabret détestable est particulièrement fournie. Une imagerie de carte postale sur le Paris début du siècle, des personnages enfants pénibles dans leur épaisseur psychologique (je suis un garçon aux yeux très bleu, triste et sale parce qu’orphelin, je suis une fille intello très enthousiaste au sourire imparable), une intrigue longue et pour le moins inintéressante, exposée laborieusement, des personnages secondaires tout aussi cartonnés et contribuant à dépasser allègrement les deux heures… Ajoutons à cela un recours à la CGI pour le moins abusif ; il peut certes occasionner de jolies transitions (comme celle du premier plan ou le mécanisme d’horloge se métamorphose en place de l’Etoile) ou des plans séquences féériques pour l’entrée en gare du Nord (nous proposant en cela une présentation des lieux diamétralement opposée à la très belle ouverture d’Eastern Boys qui, dans une approche bien plus documentaire, surplombe avec grâce ce nœud bourdonnant). Mais il semble surtout permettre un clinquant assez pénible et des séquences pesantes, comme celle du rêve et de l’accident de train, clin d’œil à ce cliché fort connu de la chute de la locomotive parisienne, enlaidi dans une scène d’action plutôt incongrue.
C’est finalement là le plus embarrassant : convoquer ces moyens pour évoquer avec la plus grande sincérité du monde son amour pour le cinéma naissant, son grain et son amateurisme, son artisanat et son illusionnisme de bouts de ficelles.
Car si Scorsese accepte de jouer dans un registre qui ne lui ressemble absolument pas, c’est bien pour servir un propos qu’il s’assigne depuis maintenant de nombreuses années : le discours d’un patriarche cinéphile notamment par ses indispensables documentaires (Les voyages à travers le cinéma). L’intention est louable, les moyens discutables, les effets contrastés.
Le film, lourdement didactique, fait son exposé de A à Z et semble la plupart du temps, surtout dans sa deuxième moitié, répondre à une commande l’Education Nationale, genre « C’est pas Sorcier explique moi les origines du cinéma ».
Pour un adulte cinéphile, c’est relativement pénible. On peut légitimement se dire qu’on n’est pas vraiment la cible, ce qui est tout à fait exact : les enfants ont trouvé ça passionnant et ont appris plein de choses. (donc, + 2, objectif atteint). Et ils étaient fiers d’avoir vu la veille Le voyage dans la lune avec leur père.
Coïncidence ?
Je ne pense pas.
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Hors Satan - 9/10

Messagepar Nulladies » Jeu 03 Sep 2015, 05:40

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Des hommes et des lieux.

Le spectateur aguerri à Bruno Dumont sait qu’on ne rentre pas en toute impunité dans chacun de ses nouveaux films. Après les mystères du fanatisme d’Hadewijch, le cinéaste poursuit son exploration du sacré au travers d’un récit encore plus surprenant qu’à l’habitude. Autour de la figure de l’ange gardien noir, il intègre à la narration des éléments mystiques et surnaturels qui exigent une ouverture totale. Miracles et ellipses s’entrecroisent dans un univers où la violence habituelle du réalisateur peut surgir à tout moment, au sein d’une séquence lente et le plus souvent dénuée de paroles, à l’image de l’atmosphère pesante qu’on trouvait déjà dans TwentyNine Palms. Portrait d’une jeune fille aux prises avec le désir, celui des autres en prédateurs et le sien face à une figure qui voudrait n’être qu’une présence platonique pour elle, Hors Satan propose une mystique agnostique assez perturbante où l’on exorcise par la bouche et l’on punit par le feu ou la pierre sur un crâne fracassé. Où l’on marche presque sur l’eau pour éteindre des incendies dont on ignore s’ils ont réellement eu lieu. Où l’on converge vers une issue très proche de l’Ordet de Dreyer, le discours en moins. Où l’épure générale n’est que la dentelle d’une densité phénoménale, l’essentiel se logeant au cœur des silences.

Tout cela pourrait considérablement irriter, et laisser à la porte un spectateur que Dumont ne cherche jamais à séduire par la facilité.
Il s’agit de tenter de mettre des mots sur la fascination absolue que suscite ce film, gageure d’autant plus intense que sa force réside précisément dans son silence.
Hors Satan, ce sont des visages et des lieux. L’épure gangrène, ou plutôt magnifie, tout le récit : pas de noms aux personnages, aucune explication, mais des faits, des échanges de corps, des râles, et, en valeur suprême, une fusion avec la nature. Deux noms viennent immédiatement à l’esprit lorsqu’il s’agit d’évoquer le panthéisme des décors : Terrence Malick (dans les plus belles séquences de La Ligne Rouge) et Andrei Tarkovski (surtout dans L’Enfance d’Ivan ou Le Miroir), certes bien différents dans leur intensité et leur discours, mais tous deux soucieux de redonner à la nature cette place première. Quand le premier dérive vers l’esthétique clipesque et musicale à outrance au risque de la mièvrerie (qu’on pense aux excès de A la merveille), le second accompagne ses tableaux d’une exégèse et d’un discours où le sacré s’incarne et se fond clairement dans une doctrine chrétienne, d’Andrei Roublev à l’ultime Sacrifice.
La musique (qu’on retrouve aussi dans l’autre grand film sur la nature, Barry Lyndon) ou le verbe.
Chez Dumont, tout s’efface.
A de multiples reprises, le personnage principal regarde le paysage et ploie devant sa beauté par une génuflexion averbale. Initiateur de cette contemplation silencieuse qu’on retrouvera chez les enfants dans P’tit Quinquin, il emmène à sa suite la jeune fille qui s’ouvre à la majesté du cosmos. Pour cette foi païenne, Dumont déploie une photographie magistrale, une science du cadre et un travail sur la lumière époustouflants. Forêts, landes brumeuses, mer, roche et craie composent une série de tableaux mémorables qui entrainent le spectateur à la suite des protagonistes : la parole s’estompe, la beauté se répand et avec elle un léger sourire qui pourrait être assimilé à de la grâce. Et l’on comprend alors qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer, et que l’ordre infini de ce qui nous contemple en retour est une parole réconfortante :

La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

(Baudelaire, Correspondances, Les Fleurs du Mal.)
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