[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

[Val]

Barbet Schroeder était invité à Dijon jeudi dernier pour présenter ce film ainsi que la copie restaurée de More (diffusé demain sur Arte d'ailleurs) mais je n'ai pas pu en être à cause du boulot.

[Jed_Trigado]

Revenge : A Love Story - Wong Ching Po (2011)

Voir un tel film a une époque où je pensais le cat 3 mort et enterré, dieu que ça fait du bien (bien qu'on ait eu le sympathique Dream Home a la même période). Une pure œuvre d'exploitation craspec qui n'a aucune autre ambition que de dépeindre un monde nihiliste, avec un pitch qui tient sur un timbre poste malgré sa narration en chapitres et sa mise en scène qui abuse souvent d'effet de styles tapageurs (beaucoup de plans en plongée), on est pas éloigné de l'esprit frondeur et no limits des films de la grande époque. Et c'est d'ailleurs ce que j'ai aimé dans le film, cette allure paradoxale a mêler le laid et le beau dans chaque image, ce qui n'amenuise en rien l'extrême violence de ce que l'on nous montre. Mais c'est finalement la qualité number one du cinéma HK qui saute aux yeux dans ce film avec une gestion maline des ruptures de ton, où une scène d'amourette naive peut immédiatement déboucher sur une séquence d'une violence barbare, d'ailleurs, j'ai particulièrement aimé les 15 dernières minutes dont la finalité est prévisible mais la manière d'y parvenir beaucoup moins.

Il y a pas grand chose a dire de plus, si ce n'est que en deux films que j'ai pu voir de lui, le jeune Juno Mak semble être un acteur interessant de l'industrie locale, qui prouve qu'il a un amour véritable pour l'âge d'or des 80/90's, si je le cite lui et pas le réal (dont c'est étrangement le seul truc que j'ai aimé de lui), c'est parce qu'il est a l'origine du projet et fait parfaitement la paire avec sa réalisation Rigor Mortis qui était un hommage superbe a la Ghost Kung Fu Comedy. Dommage qu'il se fasse assez discret ces derniers temps.

6,5/10

[Mark Chopper]

Il y a pas grand chose a dire de plus

Bah si... Il y a Sora Aoi

[Jed_Trigado]

Ces starlettes japonaises qui font l'étoile de mer pendant les scènes de cul, c'est pas trop mon kif.

[Jed_Trigado]

Galaxy Quest - Dean Parisot (1999)

Décidément, le mélange SF et comédie ça fonctionne presque a tous les coups chez moi (H2G2 ou la série Red Dwarf) et voilà que je découvre enfin Galaxy Quest après en avoir entendu parler comme d'une perle méconnue, si je suis loin de penser que le film est dénué de défauts (notamment sur ce qui touche a l'aspect comique, je me suis jamais tapé de grosses barres devant), a l'inverse, je reste ébloui par l'immense déclaration d'amour qu'il est pour les séries télévisées SF a l'ancienne (on pense forcément a Star Trek) où ne prend jamais de haut cet univers kitsch aux intrigues et aux termes employés parfois incompréhensibles, mais aussi de mettre en avant une donnée souvent oubliée de ce genre de projets-hommage, l'importance du public dans la pérennité d'une œuvre.

En effet, le film est une mise en abime assez risquée sur le papier, où des acteurs d'une série SF culte arrêtée depuis des lustres se retrouvent a devoir sauver la peau d'un peuple alien qui sont venus les chercher après avoir vu leur show en boucle, croyant dès lors qu'ils sont d'authentiques pilotes de l'espace. A partir de là, tout est dit, la frontière réel/virtuel explose, nos acteurs sont dépassés par ce qu'ils jouent et deviennent de vrais héros dans l'inconscient collectif. Le film va tellement loin dans l'exploitation de cette idée, qu'il leur faudra recourir a l'aide d'un fan absolu de la série qui connait mieux qu'eux les petites particularités du vaisseau et ayant élaboré des "théories" sur son univers, montrant que la série appartient désormais a son public. Voilà, ce que tout film estampillé geek devrait être capable de faire, non pas le flatter ou au contraire le dénigrer, mais questionner sa place par rapport aux médias qu'il affectionne. Passé cet aspect "méta" bien digéré, Galaxy Quest ne dépareille pas du point de vue l'entertainement pur, c'est d'autant plus étonnant que le réalisateur n'est pas un foudre de guerre et que le casting ne faisait pas saliver, là au contraire, on sent que tout le monde y a mis du sien. La production design est tip-top (ni trop léchée, ni trop kitsch), les SFX assurent (Stan Winston reste quoiqu'en dise un cador dans son domaine) et les acteurs ont bien compris le truc, avec une préférence pour Alan Rickman, impayable dans son rôle d'acteur de théatre anglais déprimé car condamné a jouer éternellement un horrible clone du Capitaine Spock. Néanmoins, comme je le disais, ce que le film gagne en sympathie et en qualité de fabrication pure, il le perd sur le terrain de l'humour et je me suis pris a rire finalement assez peu, ce qui est un peu dommage pour un truc semi-parodique.

Mais je vais pas bouder mon plaisir, la séance fut agréable et j'aimerais voir plus souvent des gros films de studio qui savent ne pas prendre les geeks pour des cons.

7/10

[logan]

Je sais pas si t'as vu d'ailleurs y a une série qui va arriver sur Amazon bientôt.

[Jed_Trigado]

J’étais pas au courant, par contre, je vois pas trop l’intérêt de transposer ça en série télé, ça va a l'encontre de la base du projet.

[Val]

Pas revu depuis des années, ça me donne envie de me le refaire.

[Scalp]

Je met 0 à ce truc

[elpingos]

Ben oui c'est bien fun ce Galaxy Quest, avec cet hommage en effet bien présent ...

Dans le même délire tu peux ptêt lorgner vers Gentlemen Broncos. Perso ça m'a bien fait marrer.

[maltese]

Je sais pas si t'as vu d'ailleurs y a une série qui va arriver sur Amazon bientôt.

Quelle idée formidable...

[Jed_Trigado]

Je met 0 à ce truc

Pourquoi ne suis-je pas étonné ?

Et je note pour Gentlemen Broncos, ça a l'air cool, Rockwell, il est abonné a la SF parodique on dirait.

[Alegas]

L'Aveu - Costa-Gavras (1970)

Suite au succès immense de Z, Costa-Gavras a toute liberté pour aborder son prochain film et il va en surprendre plus d'un avec cette virulente anti-thèse de Z qui pouvait laisser croire que le bonhomme serait un sympathisant de gauche, il n'en est rien : l'Aveu, adapté des écrits autobiographiques d'Artur London, un communiste convaincu qui vécut le supplice de l'"autocritique" (détail qui sera abordé également dans l’intéressant United Red Army), se voyant obliger sous le coup des tortures mentales et physiques d'avouer des crimes politiques qu'il n'a jamais commis, est une œuvre ouvertement critique envers un système injuste, capable en un claquement de doigts de réduire a néant la dignité d'un homme haut placé et de ses proches sur de simples soupçons. Tourné quasi-entièrement en huis-clos, on ne perd pas une miette des sévices subis par Montand qui iront crescendo face a sa ténacité a ne pas jouer le jeu de ses anciens camarades, c'est d'ailleurs le seul film "politique" de Gavras centré sur la trajectoire d'un seul personnage, ce qui lui donne une vraie singularité et un gain supplémentaire d'attachement pour notre "héros" qui n'aura le soutien de personne (c'est classique de dire que Montand est un très bon acteur, mais alors là il pulvérise tout en termes d'intensité de jeu, de très loin son meilleur rôle).

Nettement plus viscéral que cérébral, l'Aveu est le genre de film qui travaille le spectateur au corps par sa capacité a lui faire vivre exactement ce qu'il se passe a l'écran, a chaque instant j'etais dans la peau de Montand, sentiment renforcé par un rythme assez étiré (2h20, ça peut paraitre beaucoup, mais ça joue vraiment dans l'aspect éprouvant du métrage je trouve) bien que le montage et la réalisation s'avèrent très pêchus, limites expérimentaux dans leur traitement avec un usage récurrent du jump cut et des travellings compensés pour les séquences d'intérieur au fur et a mesure que la pression s'exerce sur Montand (là encore, chez Gavras le fond et la forme s'accordent naturellement). Pour aller plus loin dans ce sens, le film opte aussi pour l'insertion de flash-backs éclatés qui rendent l'immersion dans l'esprit de Montand encore plus crédible, sous le coup du manque de sommeil et de la faim, les idées, s'enchainent, se mélangent pour ne plus avoir grand chose de cohérent au final, donnant des scènes d'extorsion d'aveux complètement absurdes qui prennent fin dans une parodie de justice avec un procès où tout est écrit et répété d'avance pour faire plaisir a l'appareil d'état trop heureux de filmer ça afin de nourrir sa propagande.

Jusqu’au-boutiste, courageux, intemporel et riche, L'Aveu reste pour moi le film majeur de la période française de Costa-Gavras et l'un des films les plus importants de notre patrimoine cinématographique qui nous rappelle a quel point on savait faire des films qui comptent a une certaine époque.

9/10

[Dunandan]

Robocop - Paul Verhoeven (1987)

Quand les petits gamins d'aujourd'hui se gavent de Marvel et ses héros au rabais, ben moi gamin je carburais a Robocop, qui contre toute attente ne vient d'aucune BD mais dont l'influence du support est évidente : un flic tué puis revenant d'entre les morts dans une super enveloppe d'acier lui permettant de dégommer du truand sans sommation dans une ville complètement dégénérée, franchement entre nous c'est autre chose que Iron Man quand même !

Rétrospectivement, Robocop est certainement le plus beau coup de poker de la carrière de Verhoeven, l'anecdote la plus connue autour du film reste qu'il ait jeté le script a la poubelle en prétextant qu'il n'etait pas venu en Amérique pour tourner des séries B crétines, surtout après avoir tenté l'expérience de la coproduction avec la Chair et le Sang. Mais le système hollywoodien étant ce qu'il est, plus le fait qu'il est grillé dans son pays d'origine, sa femme va le convaincre de lire entre les lignes, de mettre sa patte de metteur en scène insolent pour tourner ce qui sera enfin de compte son ticket d'entrée pour le succès et prolonger de manière intelligente ce qu'il avait entamé en Hollande. Pour moi, en dehors de la forme, il y a peu de choses qui éloignent Business is Business ou Spetters par exemple de Robocop, car beaucoup de ses films s'inscrivent dans le registre de la satire déguisée en film de genre, qu'il soit une comédie, un film historique ou un film de SF. Ici, Verhoeven déballe sa vision des Etats-Unis en bon européen récemment immigré (en plein milieu des eighties, autant dire le jackpot pour un satiriste comme lui !), une société bi-partite composée de yuppies et de voyous, rongée par l'omniprésence des médias (ces coupures pubs a hurler de rire), des corporations qui font du fric sur tout et n'importe quoi (l'idée d'une ville et ses services publics entièrement sous la coupe d'une multinationale est vraiment intéressante je trouve), ainsi que par la question de la violence où tout le monde où presque se doit d'avoir un flingue et d'en faire usage.

Parlons-en de la violence, qui certes a toujours eu une place importante chez Verhoeven, mais qui n'aura jamais eu autant de sens que sur Robocop, je crois mis a part Scarface, aucun film de studio de cette décennie n'a utilisé la violence de manière aussi appuyée et jouissive, à l'instar de la séquence aussi insoutenable que graphique de l’exécution de Murphy (Verhoeven en parle toujours comme d'une crucifixion), où on sent par cet abus assumé d'hémoglobine, une manière potache de titiller les financiers ricains en leur offrant ce qu'ils attendent de lui, mais en tirant la corde toujours plus loin (la séquence de la démonstration foirée de l'ED-209 où il y a facile 3 inserts qui en rajoutent sur le fait que le pauvre employé a été transformé en viande hachée ); Ceci dit, Robocop fonctionne toujours car a il conscience de ce qu'il est et s'amuse a désamorcer sa violence too much par un humour constant ("Que quelqu'un appelle un médecin !" toujours pendant la scène de l'ED-209 ) qui ravira les amateurs de cynisme tout en offrant un authentique revenge movie urbain doublé d'une quête d'identité convaincante, d'ailleurs avec Starship Troopers, c'est le film de Verhoeven qui jouit du plus de niveaux de lecture, ce qu'il fait ne peut que se bonifier au fil des visionnages. Si objectivement, ces deux films se valent, je garde une certaine affection/préférence pour Robocop par son héros absolument iconique m'ayant obsédé pendant toute mon enfance (au point de m'être maté la série TV et de posséder moult jeux vidéos et figurines, voilà c’était l'instant geek) qui arrive a nous toucher dans sa quête d'identité (sa dernière ligne de dialogue est vraiment belle pour le coup) et le thème de Basil Poledouris a tomber par terre achève d'en faire une œuvre capitale du cinéma US des années 80 et l'affirmation d'un grand cinéaste qui ne cessera jamais de m'étonner.

10/10

[pabelbaba]

Je crève d'envie de le revoir, j'écoute le thème principal en boucle depuis 1 an ou deux, au point que même madame se met à le siffloter, mais je continue à faire monter la sauce en le laissant de côté.

Vais plus tenir longtemps et tout lâcher!