Bullet Ballet, Shinya Tsukamoto (2000)
Je n'avais pas vu ce film depuis plus d'une dizaine d'années, et j'étais parti pour l'apprécier de nouveau, son auteur représentant pour moi avec Takeshi Kitano ni plus ni moins celui qui m'a fait découvrir le cinéma japonais des années 90 qui connaissait ainsi un véritable renouveau. Autre raison pour laquelle j'en étais fan, son énergie désespérée, et un désir de faire bouger les choses (sans forcément les rendre meilleures), mis en abîme par un discours punk plus visuel et surtout viscéral que narratif qui inspire le respect. La grande force de
Bullet Ballet repose en effet sur son montage énergétique et une approche frontale, mettant en exergue une génération en perte de repères, à l'instar de son collègue Kitano. Bref, un film qui nous réagir par une bonne baffe dans la gueule.
Malheureusement, même si j'étais prévenu, la déprime, voire un léger ennui, est venu s'installer sur la longueur du film (alors qu'il ne dure qu'1h30). Si je ne peux qu'apprécier certains éclairs de mise en scène et de montage, traduisant à la fois un désespoir et une énergie folles (les passages autour de l'arme à feu, sorte de mise en garde prophétique, donnent aussi paradoxalement envie de tout faire péter autour de soi), et bien que la noirceur de ce film (l'un des plus sombres de son auteur) soit atténuée par un dénouement beau et lumineux (qui nous dit qu'une fois les limites de l'individu sont atteintes, une renaissance est possible), j'ai trouvé malgré tout le rythme assez lourd, avec une narration qui tourne un peu à vide, en dépit de ces envolées formelles, hélas trop espacées. Dommage, même si
Bullet Ballet demeure une oeuvre atypique et singulière qui mérite d'être découverte.
Note : 6.5/10