[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Modérateur: Dunandan

Moonraker - 2/10

Messagepar Jed_Trigado » Mer 19 Aoû 2015, 14:42

Moonraker - Lewis Gilbert (1979)


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Moonraker ou Bond qui débarque dans l'espace, miam. D'expérience, lorsqu'une franchise se met a explorer le cosmos, c'est qu'en général elle est en manque de souffle (le Leprechaun et les Critters peuvent en attester :mrgreen:) et c'est pas ce film qui va contredire cette affirmation, là on est pas loin de ce que la saga Bond a pu produire de pire sur tout les aspects, de l'écriture a la réalisation grabataire (la séquence du téléphérique a Rio :shock:), jusqu’à la fameuse promesse de voir Bond dans l'espace qui n'est tenue qu'au bout d'une pénible heure et demi, on se fout clairement de la gueule du monde en plus de proposer un spectacle particulièrement ringard même pour son époque (l'homme de main japonais qui est toujours en kimono ou les moines qui font du karaté). Même un acteur que j'aime beaucoup comme Michael Lonsdale semble n'en a avoir rien a foutre, d'ailleurs son perso on dirait une parodie avant l'heure d'un Austin Powers ou les apparitions de Requin qui m'ont fait involontairement penser a Bip-bip et le Coyote, je sais que James Bond est pas réputé pour être un truc porté sur le premier degré, mais là quand même ça passe mal.

Dès le départ, on comprend vite que le film n'est qu'une vaste pantalonnade qui va cumuler les moments de solitude WTF avec des gags poussifs et des gadgets capillotractés (le coup de la gondole motorisée qui se transforme en hovercraft, je m'en remets toujours pas), en dehors de ça, on se tape l'habituel numéro de charme du mollasson Roger Moore censé amuser l'auditoire en deux paysages de rêve, sauf qu'on s'emmerde vraiment, la formule ayant depuis pas mal de temps, perdu de son attrait pour les habitués. Déjà que la saga Bond pour moi, ça vole pas haut, mais là Moonraker, ça confirme a l'aise que la période Moore est la pire de toutes par son manque évident de ligne directrice cohérente (a moins que la nullité en soit une ? :chut:) et un opportunisme a peine pas voilé.

2/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Mark Chopper » Mer 19 Aoû 2015, 17:51

et son propos dont la virulence cherche encore des émules viables.


Pour ça, le nouveau Tsukamoto devrait répondre présent. Mais je doute fort que la forme suive...
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Mer 19 Aoû 2015, 19:32

Ce sera plus "commando" encore que le Fukasaku, c'est pas plus mal je trouve.
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Prête-nom (Le) - 6,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Mer 19 Aoû 2015, 22:17

Le Prête-Nom - Martin Ritt (1976)


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Si on devait lister les périodes les plus noires du cinéma américain, il est certain que la vague de parano liée au tout puissant sénateur Joseph McCarthy qui se mit en tête de traquer le moindre sympathisant communiste via un immonde système de collaboration qui mit au placard nombre d'artistes talentueux sur des motifs injustes, serait en tête de liste par sa férocité sans bornes. Une époque trouble et captivante qui pourtant n'a jamais trop intéressé les cinéastes, ceci dit Martin Ritt va s'affairer frontalement au sujet en plein Nouvel Hollywood, car d'une, il est alors en plein rush pendant cette décennie en enchainant les projets et de deux, il est directement concerné par la chose car il fut l'une des victimes de ce système injuste et il voit là l'occasion rêvée de dénoncer cette période absurde. Problème, malgré la permissivité des studios de l'époque, il est obligé d'adoucir la charge de son propos afin d'obtenir des financements en optant pour un ton plus léger, qui transparait jusqu'au choix de l'acteur principal Woody Allen, chose qui a mon sens qui va tirer par le bas un film qui aurait dû s'annoncer comme l’œuvre idéale.

Le Prête-Nom se vend donc comme un simili-vaudeville où on fait passer un mec raté sur les bords mais pourvu d'une grande gueule, pour un grand scénariste a succès afin de sauver les miches d'un de ses potes blacklistés. On découvre le milieu du showbiz en même temps qu'Allen, avec ses avantages mais également le climat tendu d'emblée où a peine arrivé, on commence a enquêter sur sa personne afin de trouver LA casserole qui le fera tomber. Derrière une grosse louchée de dérision, Ritt ne cache rien de la cruauté des commissions d’enquête et des producteurs complices a travers le personnage d'un acteur vedette qui va passer de la gloire a la déchéance, où ses anciens amis vont lui fermer les portes au nez a base d'excuses bateau avant de devoir prostituer son talent dans des cabarets miteux pour pouvoir assurer son train de vie en dehors du showbiz (à noter que l'acteur qui joue Hecky Brown fut également blacklisté dans la réalité, ce qui donne un cachet encore plus cinglant a la trajectoire de son personnage). Ceci dit en dehors de ces moments-là qui restent l'attrait majeur du Prête-Nom, j'ai souvent eu l'impression de me retrouver devant un film de Woody Allen, ce qui ne m'étonne pas puisqu'il parait qu'il a eu son mot a dire sur le script et du coup, on se tape une amourette bavarde et lourdingue où Allen nous refait son éternel rôle de baratineur qui emballe une productrice (sauf que c'est pas Diane Keaton cette fois :eheh:), le souci c'est que cela a tendance a me rendre le personnage moins sympathique au final, car jouant a fond son rôle de menteur alors qu'il aurait pu se contenter de ne rester qu'un prête-nom, chose qui va considérablement mettre a mal le climax du film (car oui, il y en a un :mrgreen:) avec cet interrogatoire digne d'une mauvaise dictature où l'on voit le pire que ce pouvait montrer la politique de l'époque en termes d'aveux forcés.

Comme je l'avais dit sur The Majestic, le grand film sur le Mccarthysme reste a faire, néanmoins contrairement au Darabont, le film de Ritt a le mérite d'être dans une mise en abime tout du long ce qui lui donne un certain intérêt au final, mais qui reste handicapé par son acteur principal qui a "contaminé" de sa personnalité l'ensemble a mon grand regret.

6,5/10
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Fucking Fernand - 7,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 20 Aoû 2015, 20:20

Fucking Fernand - Gérard Mordillat (1987)


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Ce film c'est l'une de mes madeleines de Proust, l'époque où je passais des week-ends entiers a mater des films sur RTL9, autrement je pense qu'il ne me serait jamais venu a l'idée de découvrir ce truc. Grâce aux joies du net, je renoue avec ce souvenir bien paillard comme il faut et j'ai pas été déçu du voyage même si mon ressenti doit pas mal jouer dans mon appréciation. Mais quand même, Thierry Lhermitte en aveugle puceau obsédé sexuel qui montre sa teub au premier venu (oui, je sais il cumule le gars) et Jean Yanne en criminel qui vont vivre sous la forme d'un road movie le début de l'Occupation française, avec ce que ça compte d’exécutions et des morts violentes (la scène de la petite bergère est assez crue et touchante en fin de compte), on peut pas dire que c'est commun. Et c'est bien là, ce qui rend le film particulièrement réussi, ce mélange détonnant de violence et d'humour beauf a travers le regard d'un personnage qui n'en a strictement rien a foutre de la guerre, préférant "tirer son coup" (ah ça Lhermitte, il va nous le répéter souvent...). L'humour français de l'époque....

Bien que le duo principal se renvoie assez bien la balle (ça reste la raison n°1 d'aimer le film de toute manière), le reste du casting n'est pas en reste avec Martin Lamotte en collabo tenace ou Marie Laforet en tapin (et qui depuis les Morfalous prouve qu'elle aime parler des bites :eheh:) qui permettent de rendre toute la partie dans le bordel plus agréable que prévue, et en plus les situations s'enchainent assez vite (malgré l'arrivée du perso de Charlotte Valandrey qui est assez gonflant), ce qui est pas loin d'un luxe pour une comédie de l'époque et dieu sait que je m'en suis tapé des merdes interminables. Sans être un plaisir coupable total, Fucking Fernand ne sera certainement pas le genre de références qu'on s'amusera a étaler pour frimer devant les copains. Avis aux amateurs. :eheh:

7,5/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Val » Jeu 20 Aoû 2015, 20:30

Ce titre m'a toujours intrigué et tu donnes bien envie avec ta critique. :super:
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Etat de siège - 8/10

Messagepar Jed_Trigado » Ven 21 Aoû 2015, 13:07

Etat de Siège - Costa-Gavras (1972)


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Etat de Siège est le moins connu des films de la trilogie "totalitaire" de Costa-Gavras du fait de sa visibilité réduite durant des années, pourtant il conclut de manière cohérente son propos, après avoir taclé a tour de rôle l'extrême droite avec Z et l'extrême gauche avec l'Aveu, État de Siège fait figure de synthèse où les deux idéologies vont se confronter pour le pire dans une dictature d'un pays sud-américain jamais nommé. Premier point notable, la narration adopte un point de vue éclaté, où l'issue tragique du récit nous est dévoilée d'emblée pour ensuite reconstruire le puzzle par petites touches, celui d'un kidnapping de plusieurs politiciens d'influence plus ou moins importante par un groupe de révolutionnaires qui veulent renverser le pouvoir en place. Second point notable, le film renoue avec l'audacieuse particularité de Z, car il y a aucun personnage central ou de point d'ancrage (même Montand mis en avant sur l'affiche, n'apparait qu'une vingtaine de minutes a tout casser), le récit passe d'un personnage a l'autre chaque fois quand cela est nécessaire (aidé parfois d'une voix-off pour introduire les personnages), de fait, le spectateur arrive a avoir une vision globale d'une situation complexe sans jamais être paumé.

Quelque part, on a parfois un sentiment de redite même cela est vite oublié par la mise en scène intelligente de Costa-Gavras aussi esthétique lorsque qu'il filme des politicards en train de bavarder ou lors des interrogatoires de Montand qui donnent pas mal d'informations qui enrichissent le background, qu'immersive par son usage des courtes focales et des panoramiques pour filmer la réalité d'une dictature (ces plans très typés documentaires où le cadre balaie de loin les checkpoints ou les militaires qui encadrent la population, il reprendra d'ailleurs cette idée pour Missing). On pourrait croire une fois encore que le film tomberait dans le pur tract désincarné où chaque personnage n'est là que pour assurer mécaniquement une fonction, ceci dit, fidèle a lui-même, Costa-Gavras n'oublie jamais de remettre l'humain au centre du récit où le sort du personnage de Montand est certes scellé d'avance (là encore pas de faux suspense, il accepte les règles du jeu et ne cherche jamais la compassion de ses geôliers), mais dont il émet quand même l'idée de montrer les révolutionnaires qui ne voient la violence comme un dernier recours dont ils se passerait bien pour se faire entendre (la scène dans l'autocar avec Jean Luc Bideau qui procède a un vote, montre un caractère démocratique surprenant vu le contexte tendu). Au final, la conclusion est aussi amère que d'habitude où la politique est un jeu cruel qui n'hésite pas a sacrifier la moindre personne pour défendre ses intérêts et l'idée d'un clivage "bons/mauvais" dans ce domaine est utopique, surtout quand il faut passer par les extrêmes. Une œuvre courageuse en fin de compte, surtout quand on sait qu'elle est écrite par un activiste de gauche convaincu, l'illustre Franco Solinas qui apporte un parfum "poliziotti approved" a certains moments.

8/10
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Happiness of the Katakuris (The) - 10/10

Messagepar Jed_Trigado » Ven 21 Aoû 2015, 20:43

The Hapinness of the Katakuris - Takashi Miike (2001)


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Au commencement des années 2000, rien ne semble arrêter Takashi Miike qui enchaine film sur film et dans cette boulimie filmique se dissimule d'authentiques bijoux qui auront marqué a jamais ma vie de cinéphile déviant, Happiness of the Katakuris en fait partie par le genre qu'il aborde : la comédie musicale, une première il me semble d'ailleurs au pays du Soleil Levant. Alors bon je vais être clair, les trucs à la West Side Story, je laisse ça a autres, ce que j'aime c'est quand on utilise le genre a des fins parodiques et ça tombe bien, c'est exactement ce que fait Miike. D'ailleurs, il est assez amusant de voir que les chansons sont finalement présentes de manière homéopathique dans l'histoire (il faut attendre 20 bonnes minutes avant de voir débarquer la première chanson et je peux dire que l'effet est garanti avec un chant approximatif et des paroles a se pisser dessus), pour mieux aborder le sujet fétiche du réalisateur, celui de la famille a travers ce remake déguisé de l'Auberge Rouge (nettement supérieur d'ailleurs a la bouse The Quiet Family). En effet, le film s’intéresse a la vie d'une famille tout ce qu'il y a de plus classique ou presque avec un papy déglingo (Tetsuro Tamba n'aura jamais été aussi drôle), une fille-mère incapable de réussir sa vie amoureuse et un fils grande gueule. Pourtant, point question de cynisme ou de mesquinerie, le propos tient dans le titre, celui de leur quête de leur bonheur alors qu'ils accumulent les cadavres dans leur auberge, quitte a chanter comme des abrutis alors qu'ils les enterrent. :eheh:

Amis de la rationalité et du bon goût, passez votre chemin, avec ce film on passe dans une autre galaxie du 7ème art où tout semble possible même des hilarantes séquences en pâte a modeler qui viennent sans raison aucune respectivement ouvrir et clore le film de manière rigolote, un peu a la manière de montagnes russes (la séquence de la coulée de boue ou l'arrachage de glotte. :eheh:). Peu importe sa qualité de fabrication rudimentaire, par son énergie et sa générosité Hapinness of the Katakuris constitue chez moi cette caste unique de films OVNI que je peux me remater a l'infini tellement ils me font sentir bien a chaque fois que les vois car ils me rappellent ce que pour quoi le cinéma a été inventé : nous faire croire a l'impossible.

10/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 21 Aoû 2015, 20:54

la comédie musicale, une première il me semble d'ailleurs au pays du Soleil Levant.


Dans le genre délirant tu veux dire ? Sinon, il existe de vieux films (sans doute pas exportés).

En tout cas les autres tentatives dans le genre depuis ont été catastrophiques. Notamment une comédie musicale érotique appelée Underwater Love qui m'avait bien fait souffrir :mrgreen:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar angel.heart » Ven 21 Aoû 2015, 20:57

Faut vraiment que je lui redonne une chance à celui-la ! :idea:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Ven 21 Aoû 2015, 20:58

@Mark : C'est pour ça que j’étais pas trop sur, ça reste assez marginal donc au Japon, c'est pas comme Hong Kong qui a eu le Huangmei Diao (l'équivalent de la comédie musicale mais a tendance opératique) qui a régné en maitre sur le box office jusqu’à l'arrivée de la déferlante Chang Cheh par exemple.
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 21 Aoû 2015, 21:00

C'est d'ailleurs étrange que ce ne soit pas plus populaire, vu que les acteurs /actrices japonais, plus encore que par le passé, sont en grande partie issus de la chanson.

Si ça se trouve, un jour on va exhumer un yakuza eiga musical :love:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Ven 21 Aoû 2015, 21:01

Je trouve ça pas plus mal pour ma part. :chut:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 21 Aoû 2015, 22:13

Je ne dis pas le contraire :mrgreen:
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Amnesia - 7,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Dim 23 Aoû 2015, 21:46

Amnesia - Barbet Schroeder (2015)


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Je misais vraiment pas un kopeck sur le dernier film de Barbet Schroeder, malgré l'immense respect que j'ai pour son oeuvre, des films comme Calculs Meurtiers ou Inju ne rassuraient pas trop sur son avenir de cinéaste, c'est dans une certaine indifférence qu'Amnesia nous arrive et c'est bien dommage car le film vaut AMHA bien mieux que laisse le supposer son trailer assez peu éloquent sur son vrai contenu, sans parler du casting qui était loin de vendre du rêve (et il fallait y aller pour me faire aimer Marthe Keller :chut:). On pouvait craindre le film de vieux rabougri qui retourne aux sources (ce qu'il est en quelque sorte), pourtant j'ai été facilement happé par le côté très personnel qui se dégage du long métrage, d'ailleurs, je conseille de bien connaitre le vécu de Schroeder et son rapport vis-a-vis de ses origines pour mieux le saisir. Déjà le fait de revenir dans la même maison a Ibiza où il avait tourné More donne une authentique valeur symbolique au projet, le film parlant de souvenirs refoulés tout prend sens, à l'instar du perso de Marthe Keller, Schroeder n'avait jamais exploré sa face germanique et décide réaliser l'une des œuvres les plus intelligentes que j'ai vu sur une question qui tiraille nombre d'Allemands (je ne spoilerais pas pour la peine, vu que le trailer ne fait jamais allusion a cela).

Et là vous vous dites "Mais de quoi il est en train de parler ?! Je croyais que c'est un films de vieux et de DJ trop cools a Ibiza en pleine éclosion de la techno", toute cette partie représente la moitié du film et s'avère sympathique grâce au duo d'acteurs qui s'avère immédiatement attachant dans leur relation, a défaut d'être particulièrement pertinente (les scènes liées a la musique électro feront sourire les puristes de cette époque) ou d'avoir quelque chose a raconter. Mais le film se base sur un détail du scénario interessant, avec le fait que Keller renie la moindre parcelle de son identité allemande, en refusant jusqu’à parler la langue quitte a mentir a ses compatriotes et la grande question étant finalement de savoir pourquoi agit elle de la sorte. La révélation se fait de manière impromptue, elle pourrait sembler facile en termes de trauma mais pourtant j'ai aimé que Schroeder adopte un point de vue peu commun et pourtant indéniable de raison : celle d'arrêter de vivre dans la repentance ou le reniement éternel de son passé sous peine de passer a côté de sa vie. Par là, on est très loin du discours de vieux con moraliste a souhait auquel on aurait pu s'attendre et je retrouve enfin le Barbet Schroeder que j'aime, ce cinéaste intelligent se refusant a juger les autres.

Amnesia est donc un film qui m'a surpris par sa volonté contradictoire de creuser le passé pour mieux aller de l'avant, mais aussi que parfois il est impératif de savoir retourner a une forme de cinéma plus modeste pour se retrouver artistiquement, chose qu'il fait avec brio nous rappelant qu'il peut suffire d'une poignée d'acteurs et de décors pour captiver le spectateur.

7,5/10
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