La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil, de Joann Sfar (2015) L'histoire : Dany, une jeune secrétaire dans une agence de publicité, passe la nuit dans la maison de son patron pour réaliser un travail de dernière minute. Le matin, elle doit conduire ce dernier et sa famille à l'aéroport avant de rapporter leur voiture à leur domicile. Mais elle la garde pour se rendre à la mer...Un film qui fait naviguer le spectateur entre une réalité fantasmée et une folie cauchemardesque, afin de maintenir son intérêt. L'univers mis en scène apparaît comme fétichisé, avec un parfum de
sixties /
seventies (les coupes de cheveux, les tenues vestimentaires...). La stylisation extrême de la réalisation rappelle le duo Hélène Cattet / Bruno Forzani, mais sans tomber dans leurs excès autistiques, et le Brian De Palma qui s'amusait à pervertir l'univers hitchcockien (l'usage des
split screens et l'érotisme brûlant). On pense aussi à David Lynch, mais pas trop, juste ce qu'il faut... L'héroïne est-elle folle ? Bourreau ou victime ? On se le demande, souvent. Mais parfois, on ne se pose aucune question, on se laisse emporter par la beauté des images, le montage hypnotique et cette dame donc, qu'elle soit ou non dans sa Ford Thunderbird, qu'elle porte ou pas ses lunettes pour supporter sa myopie et qu'elle garde ce fameux fusil à la main ou bien rangé dans son coffre. L'actrice est belle et Joann Sfar la sublime. Comme tous les hommes présents à l'écran, on a d'yeux que pour elle et sa soif de liberté, on tombe sous son charme fragile. Rares sont les metteurs en scène en France qui proposent réellement du
cinéma, qui font passer leurs idées par des (belles) images et qui apportent un tel soin à l'esthétique... Une expérience rare, que sa conclusion quelque peu décevante ternit finalement assez peu.
Note : 7,5/10