Mélange parfait entre SF et cinéma d'horreur, le premier
Alien fait partie de ces rares films qui ont ce pouvoir de traverser les époques sans jamais pâtir de la concurrence et mieux, de la mettre a l'amende par une mise en scène qui sait autant se faire esthétique qu'intelligente dans l'usage du décor pour créer une véritable tension auprès du spectateur, sans parler de l'Alien qui restera une icone indémodable du cinéma populaire : une créature au look sublimement flippant, capable de se faufiler n'importe où (ces fameux plans en trompe l’œil où ce qu'on l'on pense être des amas de tuyaux sont en fait l'Alien, dans le noir, c'est la trouille assurée
) et pourvu d'acide dans les veines ce qui rend la particulièrement compliquée a affronter.
Bien sur, le succès du film n'est pas dû au hasard, puisqu'en réalité si Alien compte autant de collaborateurs prestigieux aux postes artistiques comme HR Giger, Moebius et la paire Shusett/O'Bannon, c'est parce que Ridley Scott avant d'être engagé, avais pris le relais de Jodorowsky sur le projet d'adaptation de
Dune, avant de se barrer avec les membres en question a cause de la lenteur interminable du process, un choix gagnant car le film est davantage à mes yeux une œuvre d'architecte qu'un simple film d'horreur. Depuis quelques années, je suis très critique sur le parcours entamé par Ridley Scott, or j'ai toujours trouvé qu'a ses débuts il avait une façon de concevoir ses films qui était particulièrement fascinante où le moindre détail dans le cadre semble avoir été pensé en amont, du mobilier aux costumes, une volonté prégnante de créer un univers jamais vu et surtout crédible de visu, chose qui est le cas ici, des longs corridors obscurs du Nostromo bardé de tuyaux jusqu'a l'arrivée sur LV-421, Scott nous en montre peu mais nous le montre bien, suffisamment pour le public puisse imaginer tout un background (le plan fascinant du Space Jockey certainement le plus gros mystère de la franchise, jusqu’à la sortie de
Prometheus). Mais c'est également une œuvre sous influence affichées, si beaucoup de monde a parlé de
2001 notamment dans sa première partie flottante et quasi-silencieuse, ainsi que
la Planète des Vampires de Mario Bava (qui a effectivement repris des élément concrets, mais pas de quoi crier au plagiat), Scott avait également découvert pléthore de films d'horreur pour s'en inspirer pendant le tournage et il se trouve qu'un film en particulier va lui taper dans l’œil (et on comprend vite pourquoi), l'illustre
Massacre a la Tronçonneuse dont l'ombre va planer pendant toute la seconde partie en comprenant qu'exploiter le décorum est certes important mais que le sound design (Jerry Goldsmith nous gratifie d'un score étonnement discret de sa part mais parfaitement approprié) est également capital dans la mise en condition du public a chaque passage tendu, chose qui permet également de contourner la censure en montrant le moins possible niveau gore, même s'il fera une entorse a cette
"règle" grâce a la mythique séquence du repas et son accouchement ultra-violent qui en aura choqué plus d'un a la découverte car c'est celle qui va faire changer de manière frontale le ton du récit. Venant d'un type qui prétend n'avoir vu que peu de films d'horreurs dans sa vie, on peut qu'il a retenu la leçon avec brio !
Un grand film donc, qui montre qu'on peut faire de la SF de série A sans tomber le divertissement grand public a la Star Wars, également la pierre fondatrice d'une des sagas les plus intéressantes du XXème siècle par sa qualité globale, a réussir se prolonger de film en film sans jamais se répéter (mis à part le Jeunet, aussi sympa soit-il n'apporte pas grand chose a la mythologie
Alien) et l'éclosion au grand jour d'un cinéaste au talent fou qui ne fait alors que jouer ses premières cartes....
9/10