"La route de Los Angeles" de John Fante - 1936
¤¤¤
Dieu que c'est poignant et émouvant. Alors que dans "Demande à la poussière", on suivait un Arturo Bandini dépressif et alcoolique, traînant toujours comme un boulet son problème avec les femmes (ni plus ni moins qu'une timidité maladive), "La route de Los Angeles" nous conte ses mésaventures, ses rencontres désabusées et ses besoins de solitude profonde. Ça a été un choix que j'ai fais de commencer par l'âge adulte et de remonter le fil de l'existence de Fante (ses romans autobiographiques sont au nombre de 4 et celui ci est le premier). Ce choix a également été poussé par le fait que ce roman avait été jugé choquant à son époque et qu'il m'intriguait au point de me faire peur de découvrir Fante par cet intermédiaire (comme de commencer n'importe quel grand auteur avec son chef d'oeuvre, tout nous paraît fade par la suite).
C'est bourré de références, c'est extrêmement intelligent (il débute l'écriture de ce roman à 24 ans !), poétique, viscéral. Bref, on comprend pourquoi Bukowski s'était entiché de son oeuvre. On y retrouve les mêmes démons, en plus manipulateurs et vicieux du fait qu'ils n'ont pas besoin de l'alcool pour se révéler à l'auteur. C'est scotchant de réalisme et cette tranche de vie des années 20 nous donne à montrer une image rare de l'Amérique. Celle où le rêve américain était encore à portée de main à celui qui osait la tendre.