Kingsman : Services Secrets - Matthew Vaughn - 2015
Kingsman est un film symptomatique des maux du cinéma contemporain. Sur le papier, ça aurait pu être cool. Un blockbuster parodique et qui mise tout sur le fun réalisé par Matthew Vaughn, auteur de quelques sympathiques divertissements jusque là. Le résultat est une atrocité sans nom, un espèce de mix entre Spy Kids, Kick Ass (le 2, c'est con) et Austin Powers (sauf que la note d'intention parodique n'est pas aussi premier degré). Ça débute pas trop mal, Colin Firth étale son flegme aux quatre coins de l'écran et puis tout part en vrille très rapidement. Un membre de la très secrète agence d'expions Kingsman ayant passé l'arme à gauche, il y a de la place pour un bleu-bite. En parallèle, Sam Jackson essaye d'égaler en ridicule les pires bad guys des James Bond période Roger Moore. Un mégalo (forcément) zozoteur (mais quelle idée de merde, c'est insupportable) sapé comme un pimp de cour de récré.... Ça pose direct le level.
Après une phase d'entraînement bien pénible au cours de laquelle une ribambelle d'ados insipides tente d'incarner le nouvel espoir de l'agence, ça s'active vaguement en terme de séquences d'action entre deux vannes so british (mais so convenues...). Il paraît qu'il y a un climax de folie dans une église. J'aurais du fermer les yeux et simplement écouter le Free Bird de Lynyrd Skynyrd, ça m'aurait éviter une bouillie visuelle truffée d'effets de style insupportables et allongée à la sauce tomate numérique. Le recours quasi systématique aux CGI pour représenter le sang au cinéma, ça m'insupporte de plus en plus... Les teinturiers d'Hollywood doivent vivre sous les ponts pour cause de chômage technique... Cette scène, elle aurait pu être excellente, on voit qu'elle est parfaitement pensée en amont, mais l'overdose d'effets post prod' la rend indigeste.
Après ça, il y a un climax de ouf qui annihile le peu d'intérêt qu'il me restait. Et le film en profite pour s'enfoncer plus bas que terre en rajoutant une louche de mauvais goût visuel et perd toute le semblant d'inspiration qui lui permettait de rester relativement divertissant pendant une heure malgré ses grosses véroles. On a le droit notamment à une scène hallucinante tant elle est laide au cours de laquelle plein de gens perdent la tête (au sens propre) dans un déluge de sailles fluorescentes qui font penser à une pub Fanta tournée par un hippie coincé dans les 60's. Et je ne parle même pas du dernier plan, symbole ultime de l'imagerie poubelle qui gangrène la télé, internet et maintenant le cinéma...
En fait, je cherche les bons points. Il y a une gonz' qui se prend pour Oscar Pistorius mais avec des sabres en guise de prothèses (mais dont les fight - elle se prend pour un hélicoptère sous acide- sont nazes). Il y a Firth (qui a la bonne idée de quitter cette galère à mi parcours) et Mark Stong, toujours aussi classe même dans les pires étrons. Il y a aussi quelques vannes de ci de là et beaucoup de bonnes intentions malheureusement ruinées sur l'autel de la figure de style pour ados pré-pubères. Un gros gâchis, qui va en plus devenir une franchise. Plutôt que de regarder Kingsman, ressortez vos albums de Dire Traits et Lynyrd Skynyrd, lancer un Bond avec Roger Moore sans le son, prenez un petit remontant et laissez parler votre imagination. Vous aurez le même résultat en plus drôle et moins hystérique.
2.5/10