Tetsuo II : Body Hammer, de Shinya Tsukamoto (1992) L'histoire : Un homme et une femme se promènent avec leur enfant dans un centre commercial. Deux hommes les suivent et menacent d'enlever le jeune garçon. Ils finissent par partir sans lui, mais l'homme commence à subir une mutation...Après une première expérience mitigée sur un film de commande (
Hiruko the Goblin), Shinya Tsukamoto décide de revenir contre toute attente à l'univers de
Tetsuo. Il ne s'agit ici ni d'une suite à proprement parler, ni d'un
remake... mais plutôt d'une variation sur le même univers, un moyen de développer certains thèmes et de les orienter vers une autre direction. Le résultat va décontenancer plus d'un fan, avec cette volonté de livrer un film plus accessible. Là où le premier film, muet ou presque, donne constamment l'impression d'avoir été pensé en autiste, sans jamais vouloir prendre le spectateur par la main, le second s'apparente parfois à un "
Tetsuo pour les nuls". D'où une certaine lourdeur, des longueurs dans la narration et l'impression d'une redite un peu inutile. Des défauts qui seront d'ailleurs présents et accentués dans le troisième opus (une catastrophe intégrale)... Dommage, car cette curiosité possède d'immenses qualités : la mise en scène tout d'abord, toujours aussi impressionnante malgré les contraintes budgétaires, et un côté WTF toujours plus poussé (les personnages capables de tirer des balles avec leur corps, le tank final). Sans oublier la ville de Tokyo présentée pour la première fois par Tsukamoto en couleurs, avec ce sens du cadre qui la rend oppressante, toujours prête à écraser ses habitants.... De nombreux plans annoncent ainsi clairement
Bullet Ballet et, surtout,
Tokyo Fist. En résumé :
Tetsuo II souffre en permanence des intentions schizophrènes et incompatibles de son auteur, qui cherchait à proposer un nouvel objet filmique non identifié
et une curiosité accessible au plus grand nombre. Quelques fulgurances formelles le sauvent du ratage, mais la comparaison avec son aîné ne laisse aucune place au doute : il s'agit d'un film assez dispensable.
Note : 5,5/10