[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Modérateur: Dunandan

Majestic (The) - 7/10

Messagepar Jed_Trigado » Sam 27 Juin 2015, 21:49

The Majestic - Frank Darabont (2001)


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Auréolé du succès critique et public des Evadés, puis de la Ligne Verte, deux adaptations de Stephen King, Frank Darabont aurait pu se reposer sur ses acquis en continuant sur cette lancée mais il va prendre tout le monde de court en jetant son dévolu sur un script original basé autour de la chasse aux sorcières mccarthyste qui plongea Hollywood dans un climat tendu virant au mélodrame naïf, soutenu a fond par son studio, il va, gros budget à l'appui se payer son hommage définitif au cinéma hollywoodien de l'âge d'or des studios. En soi, le voir aux commandes d'un tel film ne m'étonne pas vraiment, on pourrait même dire qu'il se raccroche a ses deux précédents films pour le goût d'une Amérique rétro, mais The Majestic n'aura pas le succès escompté au BO, il reste encore aujourd'hui relativement oublié et Darabont a depuis bien du mal a retrouver le chemin des salles obscures (il n'a tourné qu'un film depuis. :cry:). Alors, échec mérité ou pas ?


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Oui et non, dans le sens où j'ai toujours eu l'impression que les cinéastes qui ont voulu s'offrir des blockbusters personnels qui traitaient d'univers désuets se sont systématiquement plantés auprès du grand public (je pense notamment a Coup de Cœur de Coppola et Miracles de Jackie Chan) faute d'avoir su trouver le ton pour lui parler directement, mais le traitement de Darabont se distingue par une modestie formelle où finalement le budget a surtout servi a fignoler le moindre détail de la reconstitution (et ça se voit) pour mieux nous immerger dans une époque encore aujourd'hui idolâtrée par nombre de cinéastes, dont il va égratigner le vernis conformiste du monde du showbiz' a travers le parcours d'un scénariste mercenaire joué par Jim Carrey, qui se rêverait d'enfin écrire un film qui lui ressemble mais qui par peur de perdre son statut confortable va devenir le complice de sa déchéance, symbolisée par son accusation d'activités communistes qui peut détruire sa carrière en un claquement de doigts. Mais ce n'est que le prétexte en fin de compte pour explorer le cœur de l'Amérique profonde et ses valeurs, suite a un accident de voiture qui va lui faire perdre sa mémoire, Carrey atterrit dans une petite ville où il va être reconnu comme étant quelqu'un d'autre et accepter malgré lui d'être un usurpateur pour ravir une communauté soudée jusqu'au bout, prête comme Carrey avant son accident a se mentir a elle-même pour rester paisible, par là The Majestic renoue avec l'esprit optimiste et plein de bons sentiments du cinoche de Capra, chose qui aura rebuté plus d'un spectateur je pense a sa sortie car malgré son aspect ambigu sur le papier, on ne se ressent jamais une once d'arrière pensée cynique ou moqueuse envers ses personnages. Ceci dit, j'ai tendance a trouver que la partie dans la ville s'étire inutilement, Darabont ayant rapidement posé ses intentions, on sent qu'il aime vraiment ses personnages et que du coup, il veut insister davantage sur leurs bonnes actions mais en toute franchise ça ne fait que surligner le tout.


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Ce n'est que dans la dernière demi-heure en réalité que la vraie thématique du film prend forme, celle du besoin de rester en phase avec ses principes quoi qu'il arrive sous prétexte de ne plus être soi-même, a travers une excellente scène de procès où Carrey doit affronter une bonne fois pour toutes ses problèmes pour mieux les quitter, ainsi que le plan d'ouverture qui sera repris a la toute fin du film mais qui aura une tournure différente, marquant le changement de personnalité du personnage principal. Si on a pas eu le film ultime a propos des ravages faits par le mccarthysme, The Majestic surprend par son charme désuet, son scénario moins niais qu'il n'y parait même si n'évite pas certaines facilités
(notamment sur la fin où finalement les actes de délation forcés de Carrey sont justifiés au-delà du raisonnable)


7/10


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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Alegas » Sam 27 Juin 2015, 23:11

:super:

Il est bien sympa celui-là et comme toi je le trouve un peu trop sous-estimé.
Faudrait que je me fasse une rétro Darabont de mon côté tiens.
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Coups de feu dans la Sierra - 5/10

Messagepar Jed_Trigado » Dim 28 Juin 2015, 19:45

Coups de Feu dans la Sierra - Sam Peckinpah (1962)


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Coups de Feu dans la Sierra est l'un des derniers films du grand Sam qu'il me restait a découvrir, et cela confirme bien que non seulement il lui aura fallu un peu de temps pour vraiment se trouver en tant que styliste mais surtout que sa filmo dans son ensemble est très hétérogène, provoquant chez moi autant l'admiration que le rejet pour son travail. Donc là, on est vraiment en face d'un film aux intentions bancales qui n'a pas sa place chez Peckinpah : en vrai frondeur qu'il a toujours été, même ses films les plus mineurs ont toujours porté sa patte virulente (même si ça tombait dans le cliché évident), chose qui n'est pas présente ici au profit d'un hommage a une période mourante du western, certes c'est sincère, mais justement Coups de Feu c'est un peu le film de bon élève, celui qui ne veut bousculer en rien ses modèles et au final, il aurait pu être réalisé par un autre technicien que cela n'aurait rien changé au résultat final.

Pourtant sur le papier, tout était là pour avoir les prémices de son œuvre future, notamment sur l'aspect crépusculaire via les figures de Randolph Scott et Joel McCrea, deux authentiques reliques du western classique vouées a ne pas survivre au tournant que prendra progressivement le genre tout au long des années 60, qui sera traitée par le prisme du film de convoi où les deux hommes vont faire équipe pour transporter de l'or, l'un étant l'honnêteté incarnée, l'autre au contraire cherche a mettre la main sur le butin. Avec une telle base, autant dire que je m'attendais a un vrai film impitoyable et cruel sur la nature de l'Homme tout en évoquant la mort d'un certain code de l'honneur, hélas Peckinpah va commettre une faute de goût qui frise l'ignorance de soi puisque qu'il va incorporer un autre couple au groupe, un jeune éphèbe macho qui va devenir gentil comme tout et surtout une paysanne en proie a toutes les tentations possibles sur laquelle l'histoire va s'attarder plus que de raison, mais voilà c'est un fait, Peckinpah n'a jamais réussi a dépeindre convenablement des femmes a l'écran et le voir se focaliser aussi longuement sur elle dans des séquences aussi embarrassantes que celle du mariage (la pire scène du film) ou les nombreuses tentatives de viols sur la jeune femme qui finissent toujours par des excuses où tout le monde devient copain comme cochons, me laisse perplexe sur la réputation du film et même sa cohérence au sein de sa filmo. Tous ces passages nous éloignent donc de l'essentiel, cette histoire d'amitié a la tournure tragique qui ne devient qu'une storyline parmi d'autres et n'arrive même pas a susciter l'émotion qu'elle devrait nous faire ressentir dans sa finalité, même si enfin on voit que Sam aime tout particulièrement filmer l'action (de manière encore classique ceci dit).

Je garde néanmoins une certaine indulgence pour le résultat final car ses intentions restent louables dans le fond et que les films de convoi ça reste toujours sympa, mais autant se mater Pat Garrett ou la Horde Sauvage, voire même le mésestimé The Deadly Companions (j'assume :chut:).

5/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar logan » Dim 28 Juin 2015, 20:19

Même Alegas a mis plus, c'est chaud :mrgreen:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Dim 28 Juin 2015, 20:23

Vu les notes qu'il met aux autres films de Peckinpah, au contraire, ça a tendance a me rassurer sur mon avis. :mrgreen:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Val » Dim 28 Juin 2015, 22:34

Tu m'intrigues, je n'avais pas non plus accroché mais vu sa réputation, je me disais qu'il fallait que je retente avec un regard plus affûté. Finalement, c'est peut-être pas si bien que ça. :chut:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Dim 28 Juin 2015, 22:42

Et tu auras bien raison de me croire sur parole. :chinese:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar pabelbaba » Dim 28 Juin 2015, 22:44

Il lui manque un petit truc de toute façon, genre des ninjas, ou un arc, ou encore un gros camion, pour être un bon Peckinpah. 8) :mrgreen:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Dim 28 Juin 2015, 22:48

Perso, je ne garderais que l'arc vu que le reste est quand même bien pété. :eheh:
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Scalp » Lun 29 Juin 2015, 17:14

C'est ici la réunion des tocards ?
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Messagepar Val » Lun 29 Juin 2015, 18:40

Présent !
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Violation of Claudia (The) - 4/10

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 02 Juil 2015, 19:51

The Violation of Claudia - William Lustig (1977)


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Comme son comparse Abel Ferrara, William Lustig a eu l’intrigante particularité d'avoir un début de carrière en tant que metteur en scène dans le cinéma X, chose que les biographies ont tendance a évincer comme si cela en faisait des films honteux ou inintéressants vus dans la globalité de leur œuvre, or même si on ne tombe pas toujours sur des bons films, ils demeurent la meilleure alternative (à l'époque du moins) aux écoles de cinéma car avec des budgets dérisoires n'importe qui pouvait s'improviser réalisateur a partir du moment que le cahier des charges est respecté, on a toute liberté sur la mise en image pure. The Violation of Claudia est donc le premier long métrage "officieux" de Lustig (signant ici sous le pseudo de Billy Bagg), qui met en scène deux grandes stars de l'époque, l'androgyne Sharon Mitchell et l'excellent Jamie Gillis, racontant une énième histoire de bourgeoise délaissée par son mari qui va basculer dans l'escorting.

Si la réalisation est plutôt élégante, filmant par instants de manière assez jolie l'environnement new-yorkais et propose même des cadrages étonnants qui font écho avec ce que Lustig proposera par la suite dans sa carrière, le film ne se distingue jamais par son scénario traité de la manière la plus désincarnée possible, commençant d'abord a poser des bases intéressantes sur la question de la frustration sexuelle notamment, mais se laissant très vite déborder par l'avalanche des scènes olé-olé (bien qu'il y a une scène assez drôle avec un client obsédé par la bouffe, ça m'a rappelé l'humour du Business is Business de Verhoeven) et surtout par l'interprétation qui est tout bonnement catastrophique, c'est simple j'avais l'impression de revoir la parodie "Bande avec les Mous" des Nuls avec des acteurs qui récitent leur texte, il y a vraiment que Gillis qui s'en sort bien, peut-être le seul hardeur de l'époque qui aurait pu réussir dans le mainstream, même si son rôle est finalement peu dialogué. :chut:), au final, le film correspond parfaitement à l'impression que j'en avais, c'est-a-dire, un galop d'essai avant de passer aux choses sérieuses. The Violation of Claudia (et son porno suivant Hot Honey qui est encore moins bon) reste rien de plus qu'un document d'archive, une curiosité vu le genre abordé qui n’intéressera que les amateurs de ce réalisateur a la carrière honnête, montrant qu'il faut parfois tâtonner avant d'arriver a pondre des films aussi bons que Maniac et Vigilante.

4/10
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Mauvais fils (Un) - 3/10

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 02 Juil 2015, 23:17

Un Mauvais Fils - Claude Sautet (1980)


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Avec ce film, je reconnais que c’était peut-être pas la meilleure façon d'entamer la filmo de Claude Sautet (bien que j'ai découvert le sympathique Classe Tous Risques avant ça), mais honnêtement ça aurait du s’appeler Un Mauvais Film, ça aurait été plus raccord avec ce qui va suivre. Blague a part, ce qui est énervant en fait, c'est qu'on le vend comme une tragédie familiale où un fils qui a commis de nombreux écarts dans son passé est en froid avec son père qu'il n'a pas vu depuis longtemps, mais Sautet malgré ses bonnes intentions est moins intéressé par le désir sincère de rachat de son personnage principal (qui je pense aurait donné quelque chose de bien) que la volonté bâtarde de montrer le portrait du prolétariat de l'époque a travers la réinsertion de l'ancien taulard que fut Dewaere qui va enchainer les petits boulots plus ou moins nazes. Alors, j'ai pas forcément le recul pour dire si Sautet fait un portrait réaliste ou pas de l'époque, néanmoins a partir du moment où le père de Dewaere pète les plombs dans le bar, suivi du moment où il est embauché dans une bibliothèque tenue par un gay a peine pas caricatural (j'avais envie de tuer Dufilho a chaque scène), j'ai perdu pied devant une écriture aux fraises qui tue véritablement la volonté de dépeindre la réalité de ce qu'est être au bas de l'échelle et en même temps de subir des emmerdes personnelles. Le pire étant la relation avec le personnage de Brigitte Fossey qui est amenée d'une façon ni faite, ni a faire avec une ellipse de porc, elle et Dewaere ne s'entendent pas trop, pourtant il lui dit qu'elle l'aime au cours d'un dialogue et bim, immédiatement le plan d'après il la nique, si ça pouvait être aussi facile dans la vraie vie. :eheh:.

Je sauverais l'acting dans son ensemble qui est plus que décent (excepté Dufilho :chut:), surtout Yves Robert dans le rôle du père, qui en fait est peut-être meilleur acteur que réalisateur bien que son rôle soit affreusement mal écrit hélas.

3/10
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Colorado - 8,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 02 Juil 2015, 23:46

Colorado - Sergio Sollima (1966)


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Avec seulement trois westerns au compteur, Sergio Sollima a su trouver une singularité et mieux, gagner le respect des amateurs par sa vision humaine, politique et très esthétique du genre. Chez lui, les duels au soleil ont une importance bien moindre que l'étude de caractère ou l'analyse politique, Colorado détonne d'ailleurs par rapport à la jeunesse du western italien et sa volonté de se détacher le plus possible de ses codes : comme s'il avait compris que le western à l'italienne était avant tout une licence esthétique où l'on peut exploiter à loisir son imagerie baroque avec ses déserts interminables, ses pistoleros mal rasés et sa distorsion temporelle, plus que de simples histoires de vengeance. D'ailleurs, on est guère étonné de savoir que le film ne devait pas être un western à la base, mais un polar social contemporain, réécrit pour être en accord avec le genre phare du moment.
Colorado est donc une fausse enquête sur un fond de lutte des classes où les deux héros du récit, l'un étant garant de la loi et l'autre un pauvre péon mexicain sans défense, vont tour à tour abaisser leurs masques et révéler une réalité sociale écœurante au travers d'une chasse à l'homme.

C'est à partir de là (et en ayant vu quelques uns de ses films suivants) que l'on sent que Sollima n'est pas un mercenaire parmi d'autres, mais bien un cinéaste à part entière avec des thémas qui reviendront régulièrement avec notamment une structure basée sur deux personnages antagonistes qui vont s'influencer mutuellement et voir leur personnalité totalement changée (cf Le Dernier Face-a-Face et La Poursuite Implacable aka Revolver). Ici c'est la haute bourgeoisie qui en prend pour son grade, manipulant en toute impunité les communautés les plus démunies, intellectuellement comme financièrement, en usant de moyens fourbes pour passer au travers les mailles du filet. Dès lors, Sollima et Donati (les deux scénaristes du film) vont tisser de manière infuse tout un canevas de personnages qui vont croiser la route de nos deux compères et démontrer avec tact la viabilité de leur discours (qui parait-il était bien plus rentre-dedans lors de ses premiers jets !), sans jamais tomber dans la satire grossière et vulgaire car les acteurs sont très bien définis, évoluant au fur et à mesure du métrage (Corbett qui passe du statut de la machine de loi, à celle d'homme de raison et Cuchillo montre derrière sa tchatche, un instinct de survie épatant) et des revers qu'ils vont subir. D'ailleurs, c'est pour cette raison de continuité qu'il faut impérativement proscrire la version exploitée en France, qui est expurgée de 20 minutes et propose un doublage pour le coup assez mauvais. La récompense du spectateur patient restera à coup sur le fabuleux final tourné sous un climat automnal magnifique à l'image et sublimé par le score de Morricone qui n'aurait pas dépareillé chez son compère Leone.

Premier western et premier chef d’œuvre donc de l'ami Sollima qui fera encore mieux avec son prochain western, le génial Le Dernier Face-a-Face, une perle psychologique qui restera parmi les plus grands films jamais produits par l'immense production italienne.

8,5/10
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Saludos Hombre - 7,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Jeu 02 Juil 2015, 23:51

Saludos Hombre - Sergio Sollima (1968)


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Un film que j'avais mésestimé à sa découverte, à une époque où je bouffais une quantité industrielle de westerns italiens suite a un déclic miraculeux pour le genre, passer Saludos Hombre après les Leone et les Corbucci sans avoir encore de vrai "bagage", ni même savoir vraiment ce qui me plaisait, ne jouait pas vraiment en sa faveur. Je n'avais pas détesté, mais il est vrai qu'un western aussi méticuleux et sage comparé à ses congénères avait tout pour me laisser indifférent. Depuis, j'ai quand même bien fait le tour de la question et compris qu'il s'agissait d'un western quelque peu amoindri par ses instigateurs : Sollima a pour regret de ne pas avoir eu les moyens demandés pour faire son film, ce qui résulte d'un décorum plus pauvre avec une prédominance des extérieurs et surtout d'un Milian seul maitre à bord sans une autre tête d'affiche capable de lui tenir tête, là où chez Sollima les personnages ont toujours fonctionné par deux.

Malgré tout, Saludos Hombre est finalement la boucle finale d'une trilogie variée et cohérente : après la chronique sociale de Colorado, la fable moraliste qu’était Le Dernier face à face, voilà qu'il fait un zapata à tendance humoristique (pas de l'humour gras je précise) qui ressemble à Colorado justement (Cuchillo est de retour, l'opposition avec le chasseur de primes aussi et il y a des scènes qui se répondent entre les deux films). S'il y a des accents de redite, la principale force du film reste son acteur principal qui parvient à canaliser comme jamais son habituelle exubérance, trouvant un juste milieu entre bonhommie (les scènes de ménage avec sa femme sont très drôles) et humanité (la scène du bâton de dynamite où l'on voit Milian pleurer de trouille jusqu'au dernier instant, littéralement sous le choc), confirmant encore une fois qu'il avait un don pour créer des performances capables de marquer l'inconscient collectif par une allure très étudiée, définissant assez rapidement son caractère mais cette fois avec le petit plus de l'usine Sollima.

Saludos Hombre est donc intégralement dédié à Tomas Milian et pousse l'accent sur les moments drôles, frisant avec l'ironie léonienne que Sollima n'apprécie guère pourtant, avec un héros qui ne veut pas en être un et un récit structuré en chassé-croisés qui va être à l'origine d'un hilarant running gag qui rappelle à mon bon souvenir la trilogie zapata de monsieur Corbucci, pourtant malgré son aspect référentiel, Sollima ne trahit en rien son style et préserve une différence grâce à ses personnage toujours aussi bien campés et sa réalisation qui doit beaucoup aux standards japonais de l'époque (mouvement d'appareils imperceptibles, cadres posés, durée des plans assez longue). En somme, on a là un western des plus divertissants, le plus léger de son auteur qui conclue sans déshonneur une trilogie géniale qui aura su éclairer les différentes phases du genre en moins de deux années, je dis chapeau bas.

7,5/10
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