The Majestic - Frank Darabont (2001)
Auréolé du succès critique et public des Evadés, puis de la Ligne Verte, deux adaptations de Stephen King, Frank Darabont aurait pu se reposer sur ses acquis en continuant sur cette lancée mais il va prendre tout le monde de court en jetant son dévolu sur un script original basé autour de la chasse aux sorcières mccarthyste qui plongea Hollywood dans un climat tendu virant au mélodrame naïf, soutenu a fond par son studio, il va, gros budget à l'appui se payer son hommage définitif au cinéma hollywoodien de l'âge d'or des studios. En soi, le voir aux commandes d'un tel film ne m'étonne pas vraiment, on pourrait même dire qu'il se raccroche a ses deux précédents films pour le goût d'une Amérique rétro, mais The Majestic n'aura pas le succès escompté au BO, il reste encore aujourd'hui relativement oublié et Darabont a depuis bien du mal a retrouver le chemin des salles obscures (il n'a tourné qu'un film depuis. ). Alors, échec mérité ou pas ?
Oui et non, dans le sens où j'ai toujours eu l'impression que les cinéastes qui ont voulu s'offrir des blockbusters personnels qui traitaient d'univers désuets se sont systématiquement plantés auprès du grand public (je pense notamment a Coup de Cœur de Coppola et Miracles de Jackie Chan) faute d'avoir su trouver le ton pour lui parler directement, mais le traitement de Darabont se distingue par une modestie formelle où finalement le budget a surtout servi a fignoler le moindre détail de la reconstitution (et ça se voit) pour mieux nous immerger dans une époque encore aujourd'hui idolâtrée par nombre de cinéastes, dont il va égratigner le vernis conformiste du monde du showbiz' a travers le parcours d'un scénariste mercenaire joué par Jim Carrey, qui se rêverait d'enfin écrire un film qui lui ressemble mais qui par peur de perdre son statut confortable va devenir le complice de sa déchéance, symbolisée par son accusation d'activités communistes qui peut détruire sa carrière en un claquement de doigts. Mais ce n'est que le prétexte en fin de compte pour explorer le cœur de l'Amérique profonde et ses valeurs, suite a un accident de voiture qui va lui faire perdre sa mémoire, Carrey atterrit dans une petite ville où il va être reconnu comme étant quelqu'un d'autre et accepter malgré lui d'être un usurpateur pour ravir une communauté soudée jusqu'au bout, prête comme Carrey avant son accident a se mentir a elle-même pour rester paisible, par là The Majestic renoue avec l'esprit optimiste et plein de bons sentiments du cinoche de Capra, chose qui aura rebuté plus d'un spectateur je pense a sa sortie car malgré son aspect ambigu sur le papier, on ne se ressent jamais une once d'arrière pensée cynique ou moqueuse envers ses personnages. Ceci dit, j'ai tendance a trouver que la partie dans la ville s'étire inutilement, Darabont ayant rapidement posé ses intentions, on sent qu'il aime vraiment ses personnages et que du coup, il veut insister davantage sur leurs bonnes actions mais en toute franchise ça ne fait que surligner le tout.
Ce n'est que dans la dernière demi-heure en réalité que la vraie thématique du film prend forme, celle du besoin de rester en phase avec ses principes quoi qu'il arrive sous prétexte de ne plus être soi-même, a travers une excellente scène de procès où Carrey doit affronter une bonne fois pour toutes ses problèmes pour mieux les quitter, ainsi que le plan d'ouverture qui sera repris a la toute fin du film mais qui aura une tournure différente, marquant le changement de personnalité du personnage principal. Si on a pas eu le film ultime a propos des ravages faits par le mccarthysme, The Majestic surprend par son charme désuet, son scénario moins niais qu'il n'y parait même si n'évite pas certaines facilités
7/10
7/10