Les Maudits de René Clément
(1947)
Un peu déçu de celui-là, vu le pitch je m'attendais à quelque chose de vraiment terrible et finalement, bien que le film soit plutôt bon, ce n'est clairement pas dénué de défauts qui empêchent l'ensemble d'atteindre un niveau qualitatif indéniable. Pourtant, il y avait clairement de quoi faire avec le combo film de sous-marin (genre que j'affectionne tout particulièrement) et le fait que l'action du récit se déroule du côté nazi, à l'heure où la guerre penche vers leur défaite. Sur ce point,
Les Maudits n'est guère décevant, tant son intention se résume justement à tisser un thriller-survival qui vire presque à la paranoïa, avec des personnages dans le même camp qui vont finalement tous se lever les uns contre les autres, avec l'aide d'un médecin français kidnappé qui use de stratagèmes pour semer la zizanie. Là où le film est décevant en revanche, c'est clairement dans sa façon d'utiliser le sous-marin comme lieu claustrophobique pour attiser les tensions des protagonistes. Ainsi, hormis un plan-séquence qui présente le sous-marin de fond en comble, jamais René Clément ne profite de ce lieu atypique pour créer des situations qui auraient pu pousser le film vers le haut.
Pire encore, la seule scène du film qui mérite réellement l'attention en terme de réalisation se déroule en dehors du sous-marin, et il est dommage de constater que Clément se contente trop souvent d'orienter son film dans une veine réaliste (notamment avec l'utilisation d'images d'époque) là où une dimension plus cinématographique aurait été franchement bienvenue. L'autre point faible du métrage tient dans sa dimension théâtrale, que ce soit dans l'écriture de dialogues peu inspirés (il manque vraiment un bon dialoguiste à la barre pour faire la différence) ou tout simplement dans un casting où quasiment tout le monde se contente de réciter son texte. Sur ses intentions donc,
Les Maudits est un film qu'on ne peut que souhaiter adorer, d'autant qu'il multiplie les bonnes idées scénaristiques, comme l'utilisation des différentes langues ou même la mort choquante de certains personnages (la nana qui se fait écraser contre la coque
), au service de son histoire. Malheureusement, le résultat est franchement loin d'être inattaquable, il y avait clairement moyen de faire beaucoup mieux sur ce sujet en or.
6/10