Babel de Alejandro González Iñárritu
(2006)
Je continue ma rétrospective Iñárritu avec ce film qui, auparavant, était mon préféré de sa courte filmographie. Malheureusement, la revision lui fait clairement du mal, en faisant notamment ressortir ses défauts avec des comparaisons inévitables. Depuis la dernière fois que je l'avais est sorti entre temps un certain Cloud Atlas avec qui il partage des liens indéniables. Et autant le propos et la mise en scène des deux films n'a pas grand chose à voir, autant ils se retrouvent sur un point particulier qui est l'ambition scénaristique et sur lequel Babel fait désormais pâle figure. En effet, Iñárritu avait visiblement l'intention de boucler sa trilogie thématique sur la communication entre les êtres avec un opus qui, cette fois, transcenderait pas seulement les règles chronologiques, mais aussi celles de la géographie, et autant la mise en place du métrage fonctionne très bien sur ce point, autant Babel, du haut de ses 2h20 de film, a tendance à montrer rapidement ses faiblesses et surtout sa volonté d'aborder au minimum ses ambitions, quitte à les renier. Le film, se déroulant sur trois continents différents où chacun héberge une storyline, ne fait ainsi jamais plus que raconter ses histoires de façon assez linéaire, ne créant un lien entre elles uniquement par le propos et un maigre lien d'intrigue. C'est franchement dommage quand on se dit qu'il y avait matière, en terme de montage, à beaucoup plus de folie, notamment en comparant directement via un montage alterné ces destins qui se résument tous à sombrer pour mieux retrouver l'espoir.
Du coup, de cette ambition reniée, il découle un sentiment de déjà-vu vis à vis des précédents films du réalisateur. Il y a beaucoup de qualité dans ce film, mais il est indéniable qu'il n'est qu'une redite des thèmes précédemment abordés, et autant le film, de façon indépendante, se regarde très bien, autant il y a clairement un côté vain dans la façon dont il se positionne dans la filmographie de son auteur. Deux gros défauts qui, néanmoins, ne gâchent pas les très belles qualités de ce film seulement trop surestimé par la presse et le public à sa sortie. Malgré quelques défauts d'écriture par ci et là, il reste de beaux moments de mise en scène (la scène de la boîte de nuit, qui fait toujours son petit effet, bon par contre le Prix de la mise en scène à Cannes c'est un peu abusé vu que ça se résume à ce que fait Iñárritu depuis le début de sa carrière) et un casting très inspiré (surtout Brad Pitt, magistral en époux totalement dépassé par la situation). Un bon film qui souffre surtout de sa réputation trop élogieuse et de sa redite lorsque l'on connaît bien le cinéma d'Iñárritu, et comme souvent avec les films de ce réalisateur, c'est beaucoup moins percutant à la revision.
7/10