Contre Enquête Sidney Lumet - 1990
Sur son thème emblématique de la corruption policière au sain de la police New Yorkaise, Lumet signe ici son polar le plus badass, bien aidé en cela par un Nick Nolte survolté, et pour la petite info le Q&A du titre c'est le Questions and Answers d'une déposition.
Pour faire un bon polar y faut un bon script et de coté là on est gâté, bon je vais commencer par le petit truc qui me chiffonne quand même, la fin du perso de Nolte, j'ai pas trouvé ça bien amené, en effet après avoir éliminé tout ceux qui pouvait l'incriminer le voilà qu'il pète un câble au commissariat, j'ai trouvé ça moyen, c'est dommage car tout le reste c'est vraiment très très bien écrit ( très bonne psychologie des personnages, j'adore notamment le traitement du personnage Assante, vrai truand mais montrer de manière attachante malgré tout ), on suit donc l'enquête de Hutton sur la culpabilité de Nolte ( et y a pas de doute vu qu'on le voit abattre un gars froidement dans les 10 premières secondes du film ), le soucis c'est qu'il n'y a pas de témoin et que le mobile reste obscur ( le mobile arrivera très tard et c'est bien trouvé de même que le passé du personnage principal qui mènera à une fin comme les aime Lumet ), plus le film avance plus on sait qu'on est bien devant un Lumet avec un homme seul ( ou presque ) contre l'institution, les problèmes ethniques sans être visionnaire annonce l'affaire Rodney King, car ici dans le film personne ne peut se supporter et même Hutton le good guy du film a des préjugés raciaux, ici les blancs n'aiment pas les noirs ( les blagues racistes entre flics sont une normalités ), les italiens n'aiment pas les latinos qu'ils considèrent comme de la chair à canon, personne aime les juifs, le traitement racial au coeur du film est ici bien moins lourd que chez Spike Lee.
Le rythme du film comme souvent avec Lumet est carrément pas nerveux, c'est remplit de très longue scène de dialogue ( et comme toujours avec Lumet c'est du très bon dialogue ), tout s'accélère quand on entre dans la deuxième heure et Lumet malgré une explosion en cède jamais au spectaculaire ( car chez Lumet y a un toujours un soucis énorme de réalisme ), en tout cas les 2h10 du film passe toute seul.
concours de bite entre latino :
"You know, we knew you was a punk then but you're being a punk now. Yeah, detective, come on, you couldn't find a fucking Jew in Rockaway. You know, you got a badge and a gun but you're still a punk so shut the fuck up." De mémoire l'ambiance urbaine du film était plus présente que ça et finalement non, à part 2 ou 3 séquences ça reste avant tout un film de bureau, bon on a bien une excellente séquence nocturne où Nolte brief ses putes et finalement c'est à peu près tout, enfin c'est pas gênant mais c'est dommage de pas avoir plus de scène nocturne dans les bas fonds de New York surtout au vue de la photo très belle ( c'est le tocard réal de Roméo Must Die à la photo, le gars qui comme Jan de Bont est un très bon directeur photo et un très mauvais réal ) enfin heureusement le show Nolte fait qu'on oublie et qu'on se concentre sur l'acteur génial de bout en bout.
"You're the whitest black man I know, Chappy" La réal de Lumet n'a donc rien d'inoubliable, il filme dans son style académique mais jamais il ne plombe les scènes et quand il doit foutre dans la tension dans une séquence il y arrive à merveille, ainsi la scène où Brennan comprend qu'on enquête sur lui est vraiment géniale ( la petite bo sur la tête de Nolte qui s'énerve c'est excellent ), de même que toute les séquences où Brennan occupe l'écran tel un prédateur sont magistral, il est toujours au centre de l'écran on ne quitte jamais son personnage des yeux.
Sur la papier quand on voit Hutton et Assante on est pas spécialement emballé et là les 2 acteurs trouvent leurs meilleurs rôles, Hutton est très convaincant en jeune procureur ( forcément idéaliste )qui va tomber un dossier plus épineux que prévu, le rôle est cliché mais Hutton rend rapidement attachant son personnage ( j'aime bien sa première scène avec Brennan où on sent vraiment qu'il admire ce policier et comme tout les héros de chez Lumet il doit faire un choix car chez Lumet le personnage principal a toujours le choix, soit il ferme les yeux et continue sa vie soit il décide de se révolter ), Assante en truand latino ayant un code l'honneur bouffe l'écran et pour une fois que son cabotinage est justifié par le personnage autant en profiter et on regrette qu'il n'ai pas de scène en commun avec Nolte car l'atout principal du film reste Nick Nolte qui trouve ici un rôle à la hauteur de son talent, ici c'est Mike Brennan l'irlandais et il est parfait en flic ripoux alcoolique, sans aucune moral, violent ( la scène avec les putes
) et raciste, pour lui la violence est naturel, il est flic et a donc tout les droits, Vic McKey en comparaison c'est une petite bite, chaque scène est un vraiment régal et faut bien savourer car malgré que ce soit le premier nom du casting son personnage n'apparait pas tant que ça dans le film et putain faut le voir pour le croire il est génial de bout en bout, bouffe l'écran comme jamais et puis le plan séquence qui introduit réellement son personnage est bluffant, pas en terme technique où Lumet à juste poser sa caméra mais au niveau de Nolte qui parle près de 5 minutes seul en occupant l'écran assez incroyablement, faut le voir bouger dans l'espace c'est carrément bluffant de voir comment il s'approprie la scène.
Mais ce plan séquence n'est rien comparer aux autres scènes où Nolte étale son talent de manière épatante, jamais son jeu n'aura sonné aussi vrai ( et pourtant c'est un putain d'acteur jamais mauvais ) ici il est Mike Brennan un flic au bagout facile, chaque réplique, chaque mimique, chaque geste, tout est parfait, on appel ça un grand acteur ( et dire qu'il a été oublié aux oscars cette année là ).
You fuck with me, better you piss a kidney stone through your hard-on Et puis dans les seconds rôles on a Luis Guzman et Charles S Dutton en flic, et la propre fille à Sidney Lumet dans le rôle féminin du film.
La Bo est très agréable, ce qui est assez rare pour un polar des 80's pour être souligné et le soundtrack est très bien et pas ringard ( ce qui est aussi assez rare dans un polar des 80's ).
Lumet continue donc avec brio sa description de la police newyorkaise et de ses arcanes pourri et une fois de plus le constat qu'il en fait est désenchanté, Lumet un gars qui manque indéniablement au cinéma d'aujourd'hui.
8/10