[Moviewar] Mes critiques en 2015

Modérateur: Dunandan

Partisan - 6/10

Messagepar Moviewar » Jeu 07 Mai 2015, 09:11

Partisan
-- by Ariel Kleiman --
(2015)

Image


Où ? Quand ? Le réalisateur australien a décidé de ne rien nous dévoiler et nous laisse dans le mystère absolu. Le synopsis informe seulement que « Grégori (Vincent Cassel) est à la tête d'une communauté protégée du monde qui abrite femmes et leurs enfants ». D'entrée de jeu, Partisan nous propulse dans un univers qui nous est totalement flou, le personnage de Vincent Cassel se rend dans une maternité et se lie avec une jeune maman. Après une petite ellipse d'une dizaine d'année, la caméra d'Ariel Kleiman dépeint le quotidien de ce microcosme en marge de la société où Gregori y recueille femmes et enfants. Un monde parallèle presque auto-suffisant où il est le seul homme jouant tour à tour le rôle du père, mari et professeur (mise en place d'un potager, repas collectif, scènes de karaoké – fortes en émotions –) : l'intrigue semble alors être au point mort.

« Sans nos règles nous deviendrons comme eux »


Heureusement pour le spectateur, le traitement de la communauté par Kleiman se densifie. Il y expose davantage les ficelles qui font tenir cette communauté hors du monde et uniquement accessible par le biais de tunnels. Le personnage de Cassel, au passé semblerait-il assez sombre et mystérieux et sous ses airs de gourou, s'est constitué avec le temps une troupe de petits soldats. Il prône une parole unique qui n'est jamais contestée jusqu'au jour où un jeune arrivant s'y oppose. C'est le point de départ d'une remise en question de la part d'Alexandre, le petit protégé de Grégori. S'ensuit alors une perte de confiance et la crainte que le petit soldat sorte du rang.

Avec Partisan, Ariel Kleiman propose une gestion de l'espace réussie. Enfermant le spectateur dans cet îlot, renforcé par une bande-originale tout aussi mystique, il joue sur ce sentiment de conditionnement et de bourrage de cranes. De plus, les seules sorties qu'il autorise auront une tournure meurtrière : jadis des jeux de rôles, les missions armées orchestrées par les jeunes adolescents, deviennent bien réelles et le sang coulera une fois la gâchette pressée … On y découvre alors le monde extérieur : lieux abandonnés, immeubles vétustes, l'accent anglais loin d’être parfait pourrait nous faire penser à l'ex-Yougoslavie, mais encore une fois, le flou est total. Déstabilisant.

« Je veux vous protéger de la laideur du monde »


En résumé, l'ambiance qui se dégage du premier film de Kleiman vaut le détour. La puissance qui se dégage de l'interprétation de Cassel permet également au film de se maintenir, mais le rythme assez lancinant et l'absence totale de profondeur sur les faits, peut paraître intéressant au premier abord, mais restera bancal sur la totalité du métrage. La belle découverte du film reste la performance de Jeremy Chabriel (le jeune Alexandre) qui rappellera celle de Tye Sheridans dans Mud. Un réalisateur à suivre.


L'ambiance du film et les performances des acteurs viendront relever le niveau d'un scénario trop couru d'avance.

6/10
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Abrazo de la Serpiente (El) - 6,5/10

Messagepar Moviewar » Jeu 28 Mai 2015, 10:02

El Abrazo de la Serpiente
-- by Ciro Guerra --
(2015)

Image


Tourné quasiment intégralement en noir & blanc (une séquence surréaliste est en couleurs), le film de Ciro Guerra s'ouvre dans un calme inquiétant. La caméra nous débarque dans le nouveau monde, en pleine forêt sud-américaine. Début des années 1900, le réalisateur nous emmène dans les pas de Théodore Van Martius, grand ethnologue allemand parti en reconnaissance dans la région. Malade, il est dans l’obligation de se procurer une plante qui pourra le guérir, mais il aura besoin d'un guide, Karamakate, un chaman amazonien pour qui les blancs représentent des démons.


Ciro Guerra propose deux expéditions simultanées en composant son récit d'une double trame narrative, la seconde mettant en scène Evan, ethonobotaniste américain revenu 40 ans après à la recherche de la Yacruna, cette mystérieuse plante dont les recueils de Van Martius faisaient état. Cette double narration, par ses éléments de récit connexes ne fait qu'un avec l'intrigue. Les transitions entre les deux époques sont poétiques et sublimement mises en scène. Guerra compose et centre son film sur le lit de la rivière, rivière dont les bras d'eau forment un immense serpent. Il use du fleuve pour donner à son film un rythme paisible et en flottement permanent. Les plans en surface et en pleine navigation sont élégants et sans artifice. Il faut dire que les paysages y sont pour beaucoup. On se croirait très souvent dans des photographies de Sebastiao Salgado ou Jimmy Nelson. La bande son se compose de bruit naturel : écoulement, chants des oiseaux, ainsi que de chansons tribales.


A travers ces deux expéditions liées, El Abrazo de la Serpiente dépeint avec subtilité la culture des indiens d'Amazonie ainsi que les relations qu'ils entretiennent entre eux et avec les blancs. Pour le spectateur cette virée en terre inconnue prend par moments des allures de documentaire, mais les multiples péripéties viennent garnir une intrigue bien chargée. Parmi celles-ci, on émettra quelques réserves sur le passage dit du "Messi", légèrement too much. Fort en symboliques, le film colombien repose également beaucoup sur ses acteurs indiens, très touchants.


Une belle expédition onirique dans la jungle amazonienne qui séduira, mais qui malgré tout ne parviendra jamais à bouleverser et émouvoir.

6,5/10
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Re: [Moviewar] Mes critiques en 2015

Messagepar Waylander » Jeu 28 Mai 2015, 17:18

Intéressant. Tu as vu Cabeza de Vaca ? Je l'avais vu au ciné et c'était troublant. Un pur film expérimental.
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Re: [Moviewar] Mes critiques en 2015

Messagepar Moviewar » Jeu 28 Mai 2015, 19:50

Non je connaissais pas, mais en lisant le synopsis, il est vrai que les deux films se recoupent !
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Re: [Moviewar] Mes critiques en 2015

Messagepar Moviewar » Sam 06 Juin 2015, 09:13

B I L A N    M A I

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
81 - Aliens 8,5/10
82 - Alien 3 8/10
83 - La Promesse d'une vie 6/10
84 - La Tierra y la Sombra 4/10
85 - Blow Up 7/10
86 - Lost River 5,5/10
87 - Jupiter Ascending 4,5/10
88 - Un conte de Noël 5,5/10

*** Cannes Quinzaine des Réalisateurs ***

89 - L'ombre des femmes 5/10
90 - Le baiser du serpent 6,5/10
91 - A Perfect Day 6,5/10
92 - Les Mille et Une Nuits - L'Inquiet 4,5/10
93 - Trois Souvenirs de ma jeunesse 7,5/10
94 - Le Tout nouveau testament 8/10
95 - Mon grand-père Allende 5/10
96 - Green Room 7/10
97 - Les Cowboys 5,5/10
98 - Les mille et une nuits - Le Désolé 5/10
99 - Songs My Brother Taught Me 6/10
100 - Mustang 8,5/10
101 - Much Loved 6/10
102 - Peace to Us in Our Dream 3,5/10
103 - Le Lendemain 6/10
104 - Yakuza Apocalypse 6,5/10

105 - Mad Max Fury Road 8,5/10
106 - San Andreas 5/10

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

> 26 FILMS <
19 au Cinéma
26 découvertes
Moyenne : 6,1/10

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

[F I L M   C I N É   D U   M O I S]

Image

[D É C O U V E R T E   D U   M O I S]

Image

[C O U P   D E   C Œ U R   D U   M O I S]

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[S U R P R I S E   D U   M O I S]

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Trois souvenirs de ma jeunesse - 7,5/10

Messagepar Moviewar » Mar 09 Juin 2015, 09:30

Trois Souvenirs de ma jeunesse
-- by Arnaud Desplechin --
(2015)

Image


Avec Trois souvenirs de ma jeunesse, faux préquel de Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle) datant de 1996 avec toujours Mathieu Amalric, Arnaud Desplechin multiplie les genres : romance, teen movie, drame et même espionnage. C’est aussi et surtout le questionnement de trois bases fondamentales d’une relation amoureuse : l’amour, la haine, la reconquête. Pour cela, le réalisateur français ouvre son film sur le personnage de Paul Dédalus, interprété adulte par Mathieu Amalric, rentrant du Tadjikistan. Quelques péripéties plus tard, le voilà face à André Dussolier, haut gradé de la DGSE, obligé de se confronter à son passé et à le dévoiler. Trois chapitres s’ouvrent alors : son enfance chaotique marquée par la mort de sa mère, la Russie, passage de témoin de l’adolescent à l’adulte et enfin Esther, partie la plus dense et la plus émouvante. Avec ces trois ensembles, Desplechin cherche à montrer les histoires qui font de nous ce que nous sommes maintenant.

Grâce à une mise en scène fluide, de superbes voix off, une construction en puzzle et des dialogues aiguisés, le réalisateur français trouve là un sujet qu’il affectionne et maîtrise avec brio. Le 3ème chapitre de ses souvenirs, où il met en scène la relation tumultueuse entre Paul et Esther se savoure dans sa totalité, ne présentant aucun temps mort, le spectateur se délecte des aventures des jeunes adolescents. Les scènes face caméra dont Desplechin raffole, permettent au public de se sentir entièrement concerné et de prendre part aux triangles amoureux aux angles bien nombreux.

Trois souvenirs de ma jeunesse c’est surtout la révélation d’une jeunesse d’acteurs et notamment Quentin Dolmaire et Lou Roy-Lecollinet, incroyables. Ils sont beaux, forts, durs l’un envers l’autre, mais dégagent un amour si puissant que l’on en viendrait presque à les envier. L’ensemble du casting rend le film d’une légèreté qui fait plaisir à voir, quant à Amalric, fidèle à lui-même, toujours parfait dans les films de Desplechin (6ème collaboration déjà !). Admirablement monté et mis en scène, le nouveau film du français marque les esprits, et ce bien longtemps après le générique de fin.


Avec Trois Souvenirs de ma jeunesse, Arnaud Desplechin brille et révèle deux jeunes talents.

7,5/10
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Mustang - 9/10

Messagepar Moviewar » Ven 12 Juin 2015, 08:43

Mustang
-- by Deniz Gamze Ergüven --
(2015)

Image


C’est le début des vacances scolaires pour les cinq sœurs turques qui décident de fêter ça par une baignade improvisée avec des camarades d’école. Une mise à l’eau où les jeunes filles monteront sur les épaules des garçons pour des joutes amicales. Rien de bien choquant à première vue, sauf que la nouvelle est déjà remontée à la grand-mère et à l’oncle, qui les éduquent depuis la mort de leurs parents. On découvre alors qu’un scandale a éclaté car « leurs entrejambes sont rentrés en contact avec les nuques des garçons » et que les conséquences seront terribles. Avec Mustang, Deniz Gamze Ergüven propose un début en fanfare ne laissant pas le temps de respirer aux spectateurs qui se retrouvent cueilli dès l’entame. Rapidement les cinq jeunes filles sont contraintes à rester enfermées chez elles et des mesures drastiques sont mises en place : test de virginité, barreaux aux fenêtres, surélévation des murs du jardin ou encore suppression de toutes les possibles tentations, à l’instar de cette carte postale représentant « La Liberté guidant le peuple » …

Le premier film de la franco-turque prend alors un nouveau tournant, la maison familiale devient une prison et une usine de femmes à marier : apprentissage des tâches ménagères, de la cuisine, des règles de savoir-vivre… Un début de rébellion se fait ressentir chez les sœurs qui jouent les mannequins et provoquent leurs aïeux en se baladant en sous-vêtement dans la maison. La réalisatrice a posé le décor et laisse désormais son casting « cinq étoiles » prendre le dessus. Elle impose une tension extrême et un rythme qui prendront à bras le corps le spectateur. Prenant comme référence L’évadé d’Alcatraz, Deniz Gamze Ergüven cherche à donner à son film des allures de film d’évasion. Et c’est réussi. Les fugues, toujours autant maîtrisées dans la mise en scène, sont des bouffées d’air frais et permettent aux filles d’être de nouveau elles-mêmes et leur désir de liberté atteint dès lors son paroxysme. À l’instar du cheval Mustang, les filles, la chevelure au vent, cavalent sur les routes et rien ne semble pouvoir les arrêter. Mais rapidement, un, puis deux mariages viennent ternir la situation. La benjamine de 12 ans (la cadette a 16 ans), véritable tête brûlée, sonne la révolte et cherche à tout prix à organiser une évasion de longue durée.

Mélangeant les genres, la jeune réalisatrice dresse un tableau puissant de la jeunesse turque et notamment des femmes coincées dans la religion. Elle casse les tabous avec une agilité surprenante et bien aidée par un casting impeccable, elle propose un premier film d’une grande intensité et d’une intelligence débordante. Les cinq jeunes actrices (novices pour la plupart) sont magnifiques et nous bluffent pendant l’intégralité du métrage. Elles dégagent une complicité sincère à l’écran qui embrasse le film, le rendant passionnant et émouvant à suivre. Sans jamais tomber dans la surenchère ou la facilité, Deniz Gamze Ergüven dose avec brio Mustang, la belle perle de la Quinzaine des Réalisateurs 2015.


Une sublime ode à la liberté des femmes signée Deniz Gamze Ergüven.

9/10
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Perfect Day (A) - 6,5/10

Messagepar Moviewar » Ven 19 Juin 2015, 07:43

A Perfect Day
-- by Fernando Leon de Aranoa --
(2015)

Image


Non non ce n'est pas la même affiche que la critique du dessus :-P

1995, quelque part dans les Balkans. Une ONG humanitaire effectue des missions pour venir en aide à la population désarçonnée face au conflit qui dure. Ironiquement, le titre de film A Perfect Day annonce la couleur : une journée parfaite (de galère). Elle commence par la découverte du corps d’un homme dans un puits qu’ils sont censés évacuer pour éviter toute contamination. Or, sans corde ils ne pourront pas aller bien loin dans cette tâche. C’est donc parti pour deux heures de quête de corde dans les Balkans, entre checkpoints, vaches minées et base de l’ONU.

Le contexte géopolitique du film aurait pu laisser penser que le genre de prédilection était un drame poignant et tire-larmes. Rien de tout cela, Fernando Leon de Aranoa prend tout le monde à contrepied par son traitement très décalé de la situation où les répliques comiques fusent. Le tempo avait été donné dans l’ouverture du film par le résumé que fait un habitant de sa région : « la région est réputée pour son yaourt et son humour ». Malgré cette volonté de sortir des sentiers battus, le réalisateur espagnol souhaite tout de même s’attarder de façon dramatique sur le sujet de la guerre des Balkans. Là réside tout le problème, A Perfect Day ne sait jamais véritablement sur quel pied danser. Le spectateur fait souvent le grand écart entre une situation dramatique et un humour omniprésent, le décalage est osé, mais pas toujours très subtil. Les dialogues sans grand intérêt s’éternisent et ne font pas avancer l’intrigue.

Quelques épisodes comiques et des blagues de mauvais goût qui font rire jaune, ce sont ce que l’on retient principalement du film de Aranoa qui aurait pu gagner en sérieux sans une bande originale piochant trop souvent dans la musique rock. Déconnectant intégralement du sujet, les excès de guitare laissent circonspect le spectateur à maintes reprises. Et ce ne sont pas les petites mélodies tragique et pathos qui viennent tempérer l’ensemble. Enfin, le réalisateur de 46 ans use et abuse des plans aériens (très agréable certes) dans ce décor naturel sublime. Il faudra tout de même reconnaitre au film son rythme très bien calibré, ne laissant jamais aux spectateurs le temps de s’ennuyer. Le casting très hétéroclite en est à la première raison. Benicio Del Toro en grand charmeur, Tim Robbins en fou furieux, Melanie Thierry en jeune française prête à tout et enfin Olga Kurylenko pour la touche sexy du film.


Le réalisateur se prend au jeu des conventions de Genève en temps de guerre pour disséminer dans son film, des blagues et des piques qui en font un drame pas banal.

6,5/10
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Tout Nouveau Testament (Le) - 7,5/10

Messagepar Moviewar » Mar 23 Juin 2015, 08:19

Le Tout Nouveau Testament
-- by Jaco Van Dormael --
(2015)

Image


Cinq années se sont écoulées depuis son dernier film : Mr Nobody. Avec Le Tout nouveau Testament, Jaco Van Dormael reprend une thématique qu’il aime : le destin. Hilarant et inventif, son nouveau film est une vraie bonne surprise. Ou plutôt une vraie semi-surprise. Effectivement comment ne pas déjà être séduit à la simple lecture du synopsis : "Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils mais très peu de sa fille. Sa fille c’est moi, Ea et j’ai 10 ans. Pour me venger j’ai balancé par sms les dates de décès de tout le monde …" . Avant que la jeune fille divulgue ces informations (surnommées admirablement « Deathleaks » dans le film), Jaco Van Dormael nous plonge dans le premier chapitre : la Genèse. Original, drôle et d’une inventivité surprenante, le réalisateur belge s’amuse comme un enfant, en reprenant la création du monde à son compte et en nous dévoilant les coulisses de celle-ci à travers le personnage de Dieu, incarné par Benoit Poelvoorde. De cette première partie on retiendra surtout la création des lois emmerdantes où l’on découvre que Dieu prend un malin plaisir à nous faire chier, la preuve en deux lois : « quand une tartine de confiture tombe par terre, elle tombera toujours du côté de la confiture » ou « au supermarché, la file d’à côté avancera toujours plus rapidement que la votre» .

Vient ensuite le chapitre de l’Exode. Ea, la fille de Dieu décide de s’enfuir et de rejoindre le monde réel, à la recherche de six apôtres, sous les conseils de son frère, JC. L’intrigue mélange des rêveries poétiques et des scènes hilarantes, même si la quête des six individus baisse en intensité. Parmi eux, on retrouvera l’acteur François Damiens en tueur assoiffé et Catherine Deneuve dans un rôle de composition qui surprendra tout le monde. Le second degré et le ridicule sont permanent et donnent une intensité au film plus qu’agréable, alternant la romance et l’humour. Van Dormael ne délaisse pas le surnaturel en mettant en images les rêveries et sa relecture de la religion est parfaite. Bien entendu, c’est le casting quatre étoiles qui fait décoller le film dans une sphère supérieure. Yolande Moreau, la femme de Dieu, parfaite avec son air nigaud, Poelvoorde excellent dans l’outrance et la soif de pouvoir divin et une mention très spéciale à Catherine Deneuve qui n’a pas froid aux yeux et se laisse aller dans un grand n’importe quoi admirable (une relation avec un … gorille !). Enfin, Pili Groyne qui interprète Ea, est la grande révélation du film, tout en justesse et avec son visage d’ange elle tient Le Tout nouveau Testament sur ses épaules.


Avec Le Tout Nouveau Testament, Jaco Van Dormael se paie divinement Dieu.

7,5/10
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Re: [Moviewar] Mes critiques en 2015

Messagepar francesco34 » Mer 24 Juin 2015, 08:29

Il a l'air vraiment sympa celui-là...
Tu l'as vu en festival? J'ai lu qu'il sort qu'en septembre en salles.
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Re: [Moviewar] Mes critiques en 2015

Messagepar Moviewar » Mer 24 Juin 2015, 14:27

Yes à la Quinzaine des Réalisateurs.

Mais d'ailleurs je vais descendre à 7,5/10, l'euphorie cannoise joue des tours parfois.
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Victoria - 7,5/10

Messagepar Moviewar » Mer 01 Juil 2015, 13:04

Victoria
-- by Sebastian Schipper --
(2015)

Image


Il y avait eu Birdman en début d’année, il y a désormais Victoria. Le plan-séquence revient à la charge avec cette fois-ci une unique prise de 2h14 sans aucun montage qui nous plonge dans la nuit berlinoise aux côtés d’un groupe de jeunes embarqués dans une salle affaire. « 5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l’alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper… ». L’intrigue, simple, n’a pas besoin d’être dévoilée davantage pour mettre en appétit. Victoria c’est avant tout une expérience cinématographique et une plongée en apnée dans un film surprenant et captivant.

Le générique de début donnait déjà le ton : écran noir, musique électro et des basses à fond dans les oreilles puis le film s’ouvre ensuite sur la transe d’une jeune fille. Il est 5h42 du matin et désormais la caméra de Sebastian Schipper se coupera à 7h56. Loin d’être un simple exercice de style, le plan-séquence du réalisateur allemand cherche à nous faire vivre au plus près les deux heures qui suivent la sortie de la boite de nuit aux côtés de Victoria (Laia Costa) et du groupe d’amis de Sonne (Frederick Lau). La caméra est au cœur des discussions et elle s’adapte aux différentes allures du long-métrage donnant un rythme varié. Le spectateur déambule lors de longues marches, s’envole sur un vélo et passe carrément la 5ème pendant les courses poursuites en voiture ou à pied. Victoria regorge de vitalité à l’image de la capitale allemande, connue pour son rayonnement des soirées électro jusqu’au petit matin.

Embarqué depuis plus d’une heure avec le groupe, le spectateur attend la descente aux enfers qui prend une tournure que l’on ne voit pas forcément arriver. Loin d’être parfait sur tous les points, le seul reproche possible au film serait cette mise sous pression qui s’éternise légèrement. L’impact tarde à arriver, mais une fois la grenade dégoupillée, le point de non retour est atteint et on s’embarque à bras le corps dans ce périple nocturne.

Malgré les répétitions nombreuses avant le tournage, les acteurs faisaient face à un numéro de haute voltige avec cette unique prise de 2h14. Multipliant les virées dans Berlin, le film aurait pu facilement tomber dans une overdose de démonstrations techniques, mais rien de tout cela grâce à des acteurs incroyables. La justesse dans leurs interprétations vient d’une improvisation omniprésente. La peur, le stress, l’adrénaline qui se dégagent de Victoria ne sont donc jamais simulés et c’est à un cocktail de plaisirs que le spectateur assiste. Et les deux ingrédients majeurs s’appellent Laia Costa et Fréderick Lau. Les deux jeunes acteurs sont énergiques et débitent les dialogues avec un naturel surprenant portant le film sur leurs épaules.


Un portrait réaliste d’une jeunesse qui se réveille lorsque le jour se couche et savoure les excès de la drogue, de l’alcool et du monde de la nuit.

7,5/10
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Film: Victoria (2015)
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Re: [Moviewar] Mes critiques en 2015

Messagepar Moviewar » Mar 07 Juil 2015, 09:42

B I L A N    J U I N 

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
107 - Point Break 7,5/10
108 - Chappie 4,5/10
109 - To Live and Die in L.A 7,5/10
110 - L'Exorciste 7,5/10
111 - Jurassic World 3,5/10
112 - Bullit 7,5/10
113 - Hot Girls Wanted 5,5/10
114 - L'étrangleur de Boston 7,5/10
115 - L'année prochaine 4/10
116 - Comme un avion 6/10
117 - Mustang 9/10
118 - La Isla Minima 7,5/10
119 - Vice Versa 7,5/10
120 - Le 6ème Sens 8/10
121 - Valley of Love 5/10
122 - Masaan 6/10
123 - Entourage 6,5/10
124 - Une vie volée 6/10
125 - While We're Young 4/10
126 - Maggie 1,5/10
127 - Gunman 4,5/10

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

> 21 FILMS <
9 au Cinéma
20 découvertes
Moyenne : 6/10

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

[F I L M   C I N É   D U   M O I S]

Image

[D É C O U V E R T E   D U   M O I S]

Image

[C O U P   D E   C Œ U R   D U   M O I S]

Image

[D É C É P T I O N   D U   M O I S]

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Green Room - 7,5/10

Messagepar Moviewar » Ven 10 Juil 2015, 09:58

Green Room
-- by Jeremy Saulnier --
(2015)

Image


Au sortir de la projection, l’emballement pour le film était un peu en demi-teinte. La raison ? Une légère déception se faisait ressentir. La faute à un précédent film rondement mené et surprenant. Avec Green Room, Jeremy Saulnier reprend l’arc scénaristique qu’il avait admirablement développé dans Blue Ruin. Il s’appuie donc sur des personnes lambdas, les met au pied du mur afin de réveiller le guerrier qui sommeille en eux dans une intensité fracassante. Dans Green Room, ce sera donc un groupe de jeunes musiciens punks qui en feront les frais, une fois détenus par une bande de néo-nazi après avoir assisté à un acte de violence.

Doté d’une belle photographie, le film nous plonge petit à petit dans une ambiance chaotique que l’on sent approcher, le groupe de skinheads ne souhaitant pas laisser de témoins … Dans la première partie du film, Jeremy Saulnier prépare sa casserole qu’il va mettre sur le feu par la suite. Il laisse tranquillement le tout bouillir avant le grand débordement final qui éclaboussera tout le monde. S’ensuit alors une opposition musclée à coups de machette, cutter, chiens enragés et fusil à pompe entre les deux groupes, l’un retranché dans une pièce, l’autre préparant minutieusement leur opération de nettoyage des survivants.

Même si le suspens s’évapore plutôt rapidement, Saulnier maintient une tension haletante et impose un rythme électrique grâce à une superbe gestion de l’espace restreint usant de multiples plans afin d’entretenir une peur permanente pouvant surgir de tous les côtés. Enfermé pendant l’intégralité du métrage, le final se déroulera en pleine nature et sera tout autant explosif. Niveau casting, Anton Yelchin est très carré en leader des punks, tandis que dans le gang opposé, Patrick Stewart en impose et que Macon Blair, la star de Blue Ruin, trouve ici un rôle plus en retrait mais qui nous fera décocher quelques sourires bien dark.


Green Room scotche le spectateur grâce à des excès de violence jouissifs et une écriture simpliste mais bien dosée.

7,5/10
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La Isla Minima - 7,5/10

Messagepar Moviewar » Mar 21 Juil 2015, 11:15

La Isla Minima
-- by Alberto Rodriguez --
(2015)

Image


Dans une sublime séquence d’ouverture, les paysages aériens de l’Andalousie se succèdent telles des photographies. Les ensembles marécageux posent le ton et les diverses branches des rivières forment des labyrinthe où l’esprit s’y perd. Cela sera le cas pour nos deux policiers arrivés sur place pour enquêter sur la disparition de deux jeunes sœurs lors d’une fête de village. Pendant tout le long métrage le duo doit faire face aux secrets du passé et à une région hostile. Sur fond de grève sociale et au sous-texte de l’Espagne de Franco bien présents Alberto Rodriguez installe une ambiance dark qui planera durant toute l’enquête. Il en profite également pour décrire la société gangrénée et les trafics de drogue qui y sont liés.

L’intrigue multiplie les suspects afin de brouiller les pistes des enquêteurs et du spectateur par la même occasion. Tentatives d’intimidation, interrogatoires musclés, assassinats, poursuites nocturnes, tous les ingrédients sont présents pour délivrer un polar bien rodé. Dans cette Andalousie où « n’importe où c’est mieux », les policiers se retrouvent en terre inconnue, âpre et hostile. La découverte dans les marais des corps mutilés accélère l’enquête. Les informations arrivent au compte goutte et imposent un rythme contemplatif agréable où les révélations intensifient la construction narrative. La tension est donc permanente, la menace omniprésente grâce à des dialogues percutants et une mise en scène bien travaillée qui utilise des angles de vues cassées.

Le réalisateur espagnol mélange les thèmes et s’appuie avec brio sur les décors naturels pour augmenter l’intensité. Le climat de la région, très changeant, devient un élément à part entière donnant des tonalités chaudes et arides à l’enquête ou inversement quand le ciel déverse des trombes d’eau, la tension en est que plus renforcée. Souvent aériens, les plans aèrent l’esprit et déposent sur La Isla Minima des airs de True Detective. D’autant plus que le duo de flics que tout semble opposer est proche de celui composé de Matthew McConaughey et Woody Harrelson dans la première saison de HBO.

Dans La Isla Minima, Juan le plus âgé (Javier Gutiérrez) est petit, en chair, assez violent, l’autre, Pedro (Raul Arévalo), grand, élancé et plus calme. L’opposition se joue également de l’expérience des deux acolytes. L’un a de la bouteille et un passé plus sombre tandis que le second, le plus jeune est doté d’une innocence des premiers jours. Chacun joue un rôle différent, mais la complémentarité est parfaite et l’osmose entre les deux, malmenée de temps en temps, se ressent à l’écran. Dans le rôle Pedro on retrouvera Raul Arévalo, que l’on avait pu découvrir en hôtesse de l’ai fofolle chez Almodovar (Les Amants Passagers), est cette fois-ci totalement méconnaissable et envoutant.

Ce très bon polar ibérique fait également penser à Mud de Jeff Nichols pour l’ambiance sauvage et naturel, ainsi qu’à Seven de David Fincher pour l’enquête aux rebondissements morbides. Avec un duo d’acteurs au poil et une musique saisissante durant tout le récit, La Isla Minima vient marquer le cinéma espagnol. C’est déjà le cas avec le triomphe à la cérémonie des Goya, l’équivalent des César, le film étant reparti avec 10 prix dont ceux du meilleur film, réalisateur et acteur.


Un bon polar ibérique glauque et passionnant à suivre.

7,5/10
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