par Mark Chopper » Ven 05 Juin 2015, 22:05
1.01 - un avis garanti sans spoiler (à un gode-ceinture près) :
Si j'étais méchant, je dirais que les Wacho nous refont Heroes... mais avec Sylar en moins (j'aimais bien Sylar) et un balai dans le cul en plus. Mais soyons honnête : on sent qu'ils ne sont pas remis de Cloud Atlas.
Problème : narrer une histoire qui met en scène une multitude de personnages interconnectés tient de la gageure. Comment captiver le spectateur alors qu'on change sans cesse de point de vue, de lieu, de personnage ? Quand on part d'un roman signé par un génie comme David Mitchell, on part sur de bonnes bases et c'est gérable. Mais là, ça s'annonce compliqué. Surtout avec peu d'épisodes (oui, ce ne sera pas long comme Lost).
J'ai trouvé ça longuet, avec des acteurs très fades et/ou assez mal servis (faut pas cligner des yeux, sinon on rate Bae Doona) et niveau mise en scène, c'est un peu comme Fincher sur House of Cards : bien, mais pas top. Appliqué, mais sans passion. Le minimum syndical... et je suis en droit d'attendre plus vu le C.V. des réals.
Deux gros points noirs :
- C'est bien beau de nous faire un générique Benetton approved, mais faire parler tous les personnages en anglais, c'est un choix de petite bite. Dans Heroes, pourtant diffusée sur NBC, les japonais parlaient... japonais. Là, quel que soit le pays, tout le monde parle anglais. C'est un peu idiot et témoigne d'une faible prise de risque. Par pitié : qu'on arrête de faire parler des asiatiques en anglais, c'est toujours une torture.
- Comment les mecs qui ont réussi Bound peuvent mettre en scène un couple de lesbiennes qui ressemble à une parodie ? Avec une scène de cul grotesque (blonde qui simule mal + gros plan sur un gode ceinture plein de mouille : ça manque de finesse tout ça). Dans Bound, tout est dilué dans les codes du film de genre et on évite sans cesse la parodie... Là, le discours très premier degré sur la gay pride (sans parler de ce foutu générique) se révèle trop naïf.
Le vrai problème, c'est que les Wacho semblent dans une impasse. Ils ne se contentent pas de tourner en rond, en mode répétition/développement/variation de leurs thèmes. Non : ils s'effondrent dans l'autoparodie et régressent. Ils ne prennent plus de distances avec leurs thèmes, surtout la question du genre / de la sexualité. Comme si le changement de sexe de Lana parasitait sans cesse leur oeuvre et que le discours, qui passait auparavant par l'action, imposait sa présence au premier plan dans le discours, sans aucune nuance.
Je m'emporte peut-être un peu parce qu'il s'agit seulement d'un premier épisode, mais j'ai vraiment l'impression que les Wacho ont besoin de se remettre en question... Mais qu'ils n'en sont absolument pas conscients. Et puis j'ai l'impression qu'on ne pense jamais au spectateur, qu'on ne lui tend jamais la main... Or il existe une zone intermédiaire entre le récit prémâché et le récit pour les teubés. Pas sûr qu'ils retrouvent la zone en question.
En conclusion : rien de prometteur en vue.
(Ce post est dédié à Waylander)