7/10
It Follows de David Robert Mitchell - 2014
Si t'as pas vu le film faut pas lire car c'est un film à découvrir vierge d'info mais sache que je vais en dire un peu de bien donc c'est un film à voir.
Bon c'est pas foufou (ça c'est juste histoire de faire un peu pisse froid car en vrai j'ai bien aimé), ça s'emballe un peu quand même mais ça a le mérite d'être jamais chiant, ce qui est en soit un exploit vu qu'on pense pas mal aux films de fantômes japonais.
Bien sur on peut aussi penser à du Carpenter mais ce serait plus pour la réal et le contexte (une banlieue ricaine avec un contexte presque intemporelle ça pourrait tout aussi bien se passer en 1980 qu'en 2010, y a pas d'indication temporelle ) mais l'histoire c'est du Ring/Dark Water/film avec des filles à cheveux long et on rajoute un poil du seul bon film de Craven et voilà on a It Follows) après malgré une super réal (vraiment), un cast qui tient la route, une belle photo et une zic anxiogène de premier ordre y manque un petit truc pour que ce soit la claque vendu.
Le film grille ses cartouches trop vite, en fait passé la première demi heure mystérieuse où on ne sait pas vraiment ce qu'on regarde on entre dans un simple de film de malédiction à déjouer, bon ça a la mérite de jamais être explicatif pour rien. Bon ça c'est pour le coté fantastique un peu faiblard qui fait le film ne sera jamais Candyman (par exemple). En fait très vite on est juste spectateur et on se pose plus de question, le film ne dépasse pas son postulat de départ (c'est pas un énorme défaut en soit mais ça fait que c'est juste un bon film).
Ca devient rare de voir un film d'horreur (enfin le terme exact là c'est plus fantastique parce que ça reste trop soft pour parler d'horreur) qui ne prend pas ses personnages pour des abrutis et qui évitent les stéréotypes dans la galerie de perso, y a pas on devine qui va crever ou pas, d'ailleurs finalement le bodycount est très faible, on est plus dans une dynamique à la Goonies en fait avec des ados faisant le choix de s'en sortir sans adulte en ayant parfait recours à des idées à la con (le grille pain dans la piscine really). Y a un coté cool absent de ce genre de film, y a une menace et les ados même si ils ont peur restent plutôt tranquille amha.
Je préfère la première partie du film énigmatique qui nous laisse le choix à l'interprétation, après quand ça bascule dans le fantastique pur ça devient plus calibré et prévisible. Par contre le climax dans la piscine c'est une super idée tant visuelle qu'au niveau de la dynamique de groupe, les persos existent, ça donne un réel plus à la scène car dans ce genre de film en général les ados c'est juste de la chaire à canon qu'on veut voir crever, ici il donne une dimension intimiste à son film du coup on a pas envie de les voir mourir, la fin est à ce titre très réussit même si elle a un coté un peu niais : c'est l'amour qui fera face à la menace.
Le pourquoi du comment nous éviter, enfin on a une simple explication et c'est suffisant, la menace est aussi simple que efficace, on te touche, t'es mort et tel la mort c'est sans pitié, il avance doucement mais surement sans jamais oublier sa victime une pure entité démoniaque et j'aime bien le fait qu'on ne peut pas lutter contre cette malédiction. Ca parle de sexe sans que ce soit racoleur ou puritain, ce qui reste un exploit pour un film ricain mine de rien et la métaphore même si un peu grossière fonctionne et puis l'approche sexuelle du truc rend le film bien moins con qu'un The Ring, pour transmettre la malédiction faut coucher avec quelqu'un.
La réal est une grosse tuerie, enfin un film d'horreur sans jump scar, le mec a comprit que ça sert à rien, que c'est l'outil des faibles, des mecs sans idées, là il a pas besoin de ça pour que ça fonctionne, la première apparition du fantôme (on l'appellera comme ça) est un modèle d'épure et la longue scène autour de la piscine est entièrement atmosphérique on sait qu'il va se passer quelque chose et pas besoin de foutre un plan à la con pour nous le faire comprendre. Le film s'ouvre sur un monstrueux plan séquence (c'est pas Gravity) qui annonce la couleur.
Mitchell réussit un vrai film atmosphérique sans que ça prenne le pas sur le film, il se regarde pas filmer, c'est souvent lent et hypnotique mais jamais envahissant (le panoramique de l'hopital ça vaut tout les crash de voiture de je sais plus quel film). La poésie ne prend jamais le pas sur le film d'horreur, bon après que ce soit clair ça fait JAMAIS peur, faut pas abuser, mais c'est bien fait quand même. Dans le genre ça se rapproche de All Boys love Mandy Lane mais en plus abouti.
La steadycam, le scope, la banlieue ricaine, l'automne rappelle comme dit plus haut forcément Halloween de Carpenter en mieux même (oui je suis pas fan de Halloween). Le film a toujours de la gueule, que ce soit les scènes d'expositions ou quand il "se passe" quelque chose à l'écran, il y a un sens du cadre indéniable, et je prend plus de plaisir à voir la réal de ce film que le dernier Mad Max et ses 10 idées par seconde. Le mec film très bien sa menace, une menace pouvant prendre la forme de n'importe qui, et qui arrive irrémédiablement tranquillement et de derrière, ça rend la menace difficilement palpable tout le monde étant suspect (même si le mec en joue finalement très peu).
Le casting composé d'inconnu pour ma part s'en sort très bien et personne ne tire le film vers le bas.
A mi chemin entre la chronique adolescente (les adultes sont absent du film) et le film fantastique on se retrouve devant un beau film, respectueux et qui prend pas son spectateur pour des cons, avec un peu plus de rigueur narrative on tenait un grand film, en l'état c'est ce qu'on a vu de mieux dans le genre depuis bien longtemps (Emprise pour être exact) et puis ça nous venge de toute la vague de J.Horror tout ripou. Et puis merde un film de flippe sans chat qui apparait dans un jump scar ça n'a pas de prix.