Babe (Babe, le cochon devenu berger) de Chris Noonan
(1995)
S'il y a bien un film de mon enfance que je ne m'attendais pas à réévaluer, c'est bien celui-ci. Non pas que j'en gardais un mauvais souvenir, loin de là, mais
Babe n'a, jusqu'ici, jamais été plus qu'une bête histoire d'animaux qui parlent, une pensée qui doit être partagée, je pense, par pas mal de personnes. Revoir aujourd'hui
Babe est donc l'occasion de découvrir des aspects surprenants de la personnalité du film, le premier touchant au script de George Miller. Bien que ce dernier ait, entre sa trilogie Mad Max et ce film, abordé le genre de la comédie, il est tout de même surprenant de le voir à la production et l'écriture de ce long-métrage, si bien que le résultat n'en ait que plus étonnant. Ainsi, à l'instar de ce qu'il fera plus tard avec son diptyque Happy Feet, George Miller fait évoluer le propos de quasiment chacun de ses films (dont les Mad Max) dans un univers enfantin pour un résultat franchement plus que convaincant. Ce qui aurait pu donner un bête divertissement pour enfant se révèle être ni plus ni moins qu'un très beau récit sur la différence, et surtout de comment un être hors-norme va dynamiter de l'intérieur l'univers dans lequel il entre pour le faire tendre vers l'humanisme.
Autant dire que les thématiques de Miller, mêmes les plus cruelles (la séparation de la famille d'origine), sont indéniablement présentes dans ce joli script, si bien qu'on peut se demander pourquoi le réalisateur a préférer passer la main sur ce film, surtout si c'est pour reprendre les rênes du second volet par la suite. Pour autant, Chris Noonan, ami de Miller, fait un travail clairement honorable, avec une mise en scène parsemée de plans très bien composés (et éclairés, un petite pensée pour le regretté Andrew Lesnie) et surtout qui met en valeur les effets visuels du métrage qui, à ma grande surprise, fonctionnent toujours aujourd'hui. Si les véritables acteurs du film sont évidemment les nombreux animaux qui parsèment le récit (Hugo Weaving qui double un chien, ça se révèle plutôt classe), il est toujours bon de voir James Cromwell dans un rôle qui lui va comme un gant. Enfin, un petit mot sur la sublime composition musicale du film, que je redécouvre, notamment à travers une réinterprétation de toute beauté d'une symphonie de Camille Saint-Saëns. Dommage que la suite (qui ne s'imposait vraiment pas) ait quelque peu ternie l'image de ce très beau film un peu trop sous-estimé à mon sens.
8/10