[Velvet] Mes critiques en 2015

Modérateur: Dunandan

Blind - 7/10

Messagepar Velvet » Lun 06 Avr 2015, 15:21

Blind de Eskil Vogt (2015) - 7/10


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Principalement connu pour être l’un des co scénaristes d’Oslo 31 aout, Eskil Vogt s’essaye à la réalisation par le biais d’un métrage original sur les pérégrinations imaginaires d’une femme souffrant de cécité. Se heurtant à la tournure de sa nouvelle vie, elle décide donc de se créer un monde, presqu’à la frontière du réel. Avec Blind, nous ne sommes pas dans Still Alice, qui s’évertuait à schématiser le handicap et sa désocialisation du monde extérieur. Au contraire, Blind est une dualité où les dangers propices au handicap se ramifient dans les pouvoirs de la pensée. Et au lieu de subir son altération, elle en joue pour aller vers un univers sans limite, offrant alors des perspectives intéressantes à l’œuvre d’Eskil Vogt, mais tout en restant dans un réalisme terre à terre.

Isolée, restant cloitrée chez elle, par honte ou par hantise du monde qui l’entoure, Ingrid s’assoit chaque jour devant sa fenêtre dans l’attente du retour de son époux. Elle boit son thé, écoute de la musique, ou pianote sur son ordinateur. Dans ses pensées, ponctuées par une voix off omniprésente mais qui ne nuit jamais à la force intrinsèque des images, Ingrid essaye de se rappeler certaines formes, telles que des arbres ou des couleurs. C’est à partir de ses journées mornes et ennuyeuses, qu’elle se mettra à penser à mari, à essayer d’imaginer ce qu’il fait de ses journées, s’il la trompe. C’est là que Blind tire sa force, voir comment l’imagination peut combler le défaut de la réalité à travers la simple étude de caractère.

Eskil Vogt ne victimise jamais son personnage, dramatise jamais son récit qui s’avère être anti spectaculaire au possible, étant la simple mosaïque de moment de vie. Original sur bien des points, par sa capacité à se courber entre le chaud et le froid, entre drôlerie potache (un peu sordide) et intimité érotisée (insert de séquences porno un peu longuettes), Blind se joue avec malice des codes de la perte d’un sens. A l’instar du dernier film de Joachim Trier et sa mise en scène douce et esthétique, Oslo redevient le siège d’une solitude, d’un bilan existentiel, voire même de plusieurs ; solitude qui interfère au travers des doutes contemporains comme ceux de l’apparence, du plaisir, de l’addiction ou celui d’être une entité dans un couple moderne et sa sexualité.

C’est alors qu’on s’insère de plus en plus dans les songes d’Ingrid, on regarde son imagination, où s’incorpore plusieurs personnages, qui vont « côtoyer » son mari de près ou loin telle une amante ou un ancien ami solitaire (accroc à la pornographie) ; qu’elle dirige avec des tics de narration (bâillement, verre de vin) ou des indices de la frontière avec la fiction, où alors il sera difficile de déceler le vrai du faux, du rêve ou du cauchemar, de l’envie ou de la répulsion. Blind, malin, outre le fait d’avoir un regard émouvant et lucide sur le handicap pris dans le contexte et le quotidien de notre société, est aussi et surtout le portrait d’une femme dont le reflet se dérègle par le visage d’autrui, la confiance écornée d’une femme dans sa sensualité mais où la perte de la vue n’est en aucun cas la disparition de l’autonomie de l’esprit.

S’attelant à multiplier les divergences visuelles, Blind ressemble parfois à s’y méprendre à Eternal Sunshine of the spotless mind par sa fluctuation des décors, à sa ponctuation des lieux, même si le style Vogt n’a rien à voir avec la poésie et l’artisanat d’un Gondry. Dans ce monde des songes, Vogt ne joue jamais la carte de l’onirisme. Le film préfère nouer ses enjeux autour d’une fausse réalité proche, dévisagée par les simples hantises d’une femme, prise au dépourvu par le handicap, qui voit sa capacité à être femme aux yeux de son mari, se déraciner petit à petit.
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Tokyo Tribe - 5/10

Messagepar Velvet » Mar 07 Avr 2015, 13:10

Avis express: Tokyo Tribe de Sono Sion - 5/10

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Globalement peu emballé par le métrage. Sion Sono touche là, la limite de son cinéma, et tombe malheureusement dans un confort frustrant. C'est paradoxal, car il semble investi par ce qu'il crée, avancé par une volonté de se jouer des codes indéniables; mais force est de constater qu'il s'épuise et se confond dans une production lisse et moins joussive qu'à l'accoutumée avec un fan service pas déplaisant mais vain. Why don't you play in hell avait sa personnalité et même si avec Tokyo Tribe, Il tente, ose des choses, Sion s'enfonce dans la facilité à base de gimmicks prévisibles (cabontinage, cris d'ahuris, des nichons, de la baston). Sans compter les nombreux problèmes de raccords et de montages en deuxième partie de film. Jamais Tokyo Tribe ne surprend. Pourtant, le résultat est loin d'être déshonorant: clip musical de 2h qui s'allonge avec des dialogues entièrement rapés sous des prod' hip hop loin d'être dégueulasses, oeuvre originale et foutraque privilégiant l'amusement et le divertissement, ce Tokyo Tribe regorge de pleins d'idées visuelles mais tourne dans le vide dans la quasi totalité du métrage avec l'absence totale d'enjeux et de personnages dgnes de ce nom dans cette fameuse guerre de rue. L'apogée du néant étant la séquence en début de générique où l'on nous explique le pourquoi du comment de tout ça. Dans ce Tokyo Tribe, à retenir aussi l'univers graphique, qui sur grand écran (vu au cinoche) est sacrément agréable à l'oeil, les deux personnages que sont ceux de Yōsuke Kubozuka et de Seino Nana (Prems, elle est à moi), et une scène de beat box WTF avec la petite Cyborg Kaori et quelques fulgurances par ci par là.
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Film: Tokyo Tribe
Note: 5,5/10
Auteur: Mark Chopper

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Re: [Velvet] Mes critiques en 2015

Messagepar Mark Chopper » Mar 07 Avr 2015, 13:13

Seino Nana (Prems, elle est à moi)


Trop tard, j'ai dit prem's début mars :nono:

Sinon c'est bien, tu n'es plus aveuglé. Riki Takeuchi en mode cabotinage over the top, je ne m'en remettrai jamais :shock:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2015

Messagepar osorojo » Mar 07 Avr 2015, 13:14

Tu donnes envie avec Blind, je le tenterai à l'occase.

Par contre, Tokyo Tribe, je pense que je vais faire l'impasse, et ce, même si Seino Nana a effectivement l'air plutôt pas mal ! :p
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2015

Messagepar Velvet » Mar 07 Avr 2015, 13:33

Mark Chopper a écrit:
Seino Nana (Prems, elle est à moi)


Trop tard, j'ai dit prem's début mars :nono:


:evil: :evil:

Mark Chopper a écrit:Sinon c'est bien, tu n'es plus aveuglé. Riki Takeuchi en mode cabotinage over the top, je ne m'en remettrai jamais :shock:


Riki Takeuchi, j'étais gêné à chaque fois qu'il apparaissait à l'écran. :eheh:
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2015

Messagepar Dunandan » Mar 07 Avr 2015, 14:02

Tu ne le références pas le Sion, Velvet ?
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2015

Messagepar Velvet » Mar 07 Avr 2015, 14:09

Parce qu'au début je pensais faire une ou deux lignes. Mais si tu veux la référencer, pas de problèmes. :wink:
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Lost River - 7/10

Messagepar Velvet » Jeu 09 Avr 2015, 12:03

Lost River de Ryan Gosling (2015) - 7/10


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Iconisé au rang de star grâce à des films tels que Drive ou Blue Valentine, Ryan Gosling met sa carrière d’acteur entre parenthèse pour continuer sa mue en tant qu’artiste. Voulant sauter le pas vers la réalisation, Ryan Gosling met fait foi de toutes ses inspirations un peu trop référentielles. Nommé Lost River, son premier film, est alors une sorte de synthèse de toutes les influences artistiques que Ryan Gosling a pu côtoyer durant sa carrière protéiforme. Sans crier au génie comme la quintessence d’un Eraserhead, où l’on décèle chez Lost River une pointe d’opportunisme, l’exercice de style donne un résultat singulier, à la fois glam et gothique, quoiqu’un peu lisse pour être tout à fait marginal.

Le film nous immisce dans une atmosphère propice à une certaine folie douce et freak où la réalité va de plus en plus se mélanger à un surréalisme déviant à travers une middle class désabusée qui semble agitée par l’écorchure des corps, la mutilation des chairs dans des séquences de sketchs de fausses tortures acclamées par une foule « assoiffée » de sang comme si l’acteur voulait triturer sa propre réputation de physique parfait. Confiné dans la décrépitude d’une ville où la crise fait rage, Lost River conte l’histoire d’une famille laissée pour compte qui voit la mère trouver un job dans une funeste taverne mortifère et le fils être au prise d’une homme violent qui coupe les lèvres de ses victimes.

Ryan Gosling filme une Amérique pleine de ride, celle désenchantée par ses propres rêves (le chauffeur de taxi), de bouseux désœuvrés, éteints par une malédiction. Une Amérique où l’influence de Derek Cianfrance s’incarne le plus, de façon un peu trop voyante. Dernièrement, après It Follows et Only Lovers Left Alive, c’est au tour de Ryan Gosling de s’immerger dans l’antre glauque et morbide qu’est la ville de Détroit, parfait décorum pour filmer la solitude et désolation humaine. Magnifiquement aidé en ce sens par le fabuleux chef op’ Benoit Debie (Enter the Void ou Spring Breakers), dans sa démarche graphique, le fantôme de Nicolas Winding Refn hante Lost River, surtout quand on connait la proximité entre les deux hommes.

Sens du cadre rigide, travelling lancinant, utilisation des couleurs criardes comme pur matériel de symbolisme émotionnel, bande son électro pop faite par Chromatics qui rappelle celle de Cliff Martinez, Ryan Gosling est un élève qui récite sa leçon avec facilité. A défaut de parfois tomber dans un certain maniérisme qui empêche une empathie plus profonde pour un récit qui ne surjoue jamais le drame, le jeune réalisateur ne tombe jamais dans la caricature, et trouve sa propre personnalité sans se noyer sous le coup des références. Lost River, devient alors une œuvre hybride, déambule majestueusement par petites touches.

Ryan Gosling fait cohabiter avec ampleur, modernité et fantaisie esthétique 70’s, proche de Dario Argento, notamment dans ses scènes mi horrifiques mi fantasmagoriques dans les couloirs à la phosphorescence violette d’un cabaret macabre menant à des séances de caissons à la sensualité pulsionnelle. Par le prisme du feu sacrificiel, Lost River se consume avec parcimonie dans son ambition mais renait de ses flammes pour laisser un souvenir qu’on espère, ne pas être un one shot.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2015

Messagepar Velvet » Sam 02 Mai 2015, 16:16

Avril


56) Fast and Furious 7 de James Wan (2015) - 6/10
57) Blind de Eskil Vogt (2015) - 7/10 - CRITIQUE
58) Tokyo Tribe de Sono Sion (2014) - 5/10 - CRITIQUE
59) Lost River de Ryan Gosling (2015) - 7,5/10 - CRITIQUE
60) A snake of june de Shinya Tsukamoto (2002) - 8,5/10
61) Shaun le mouton de Mark Burton (215) - 6,5/10
62) La passion de Jeanne d'arc de Carl Theodor Dreyer (1928) - 9,5/10
63) Crosswind - La croisée des vents de Martti Helde (2015) - 8/10
64) As tear go by de Wong Kar Wai (1988) - 8/10
65) Avengers, l'ère d'Ultron de Joss Whedon (2015) - 6/10
66) Caprice d'Emmanuel Mouret (2015) - 5,5/10
67) Jauja de Lisandro Alonso (2015) - 7/10
68) En équilibre de Denis Dercourt (2015) - 2,5/10
69) Paranormal Activity : The Marked Ones de Christopher Landon (2014) - 3,5/10
70) Les 101 Dalmatiens de Stephen Herek (1996) - 3/10
71) Les 102 dalmatiens de Kevin Lima (2000) - 1/10
72) Le loup de Wall street de Martin Scorsese (2013) - 9/10
73) Laura de Otto Preminger (1944) - 8,5/10
74) Crime Passionnel de Otto Preminger (1945) - 7,5/10
75) Chappie de Neil Blomkamp (2015) - 5,5/10
76) Le dos rouge de Antoine Barraud (2015) - 7,5/10
77) Salo ou les 120 journées de Sodome de Pier Paolo Pasolini (1975) - 8/10 - CRITIQUE


Top du mois


La passion de Jeanne d'Arc

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Salo ou les 120 journées de Sodome

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Laura

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Flop du mois


Tokyo Tribe

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Re: [Velvet] Mes critiques en 2015

Messagepar Mr Jack » Dim 03 Mai 2015, 18:03

Tu le surnotes un peu, Laura, je trouve :mrgreen:
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Mad Max : Fury Road - 8/10

Messagepar Velvet » Lun 18 Mai 2015, 21:42

Mad Max Fury Road de George Miller (2015) - 8/10


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Immobile, presque résigné, Max, regard vers le vide, est comme le spectateur ; il se fera happer par la monstruosité mouvante de Fury Road. La furie est là. Radicale. Hystérique. Courbé dans son univers post apocalyptique où l’eau devient le symptôme du pouvoir et de la domination, George Miller décide de redistribuer les cartes de sa propre mythologie Mad Max où il sera question de la subsistance de la femme et donc de l’humanité en quelque sorte. Dans une imagerie freak, où la difformité en devient presque une norme, dans la veine lointaine d’un Total Recall de Paul Verhoeven, le sable et le néant l’emportent sur l’environnement, où se jouent alors, une course poursuite vers l’espoir et la rédemption, une quête démesurée vers un foyer propice à l’émergence, une virée en enfer tonitruante dans les tempêtes les plus rutilantes.

Car, oui, Fury Road fait part belle aux femmes, à sa survie, à travers un monde à l’espoir infime qui voit la naissance perpétrée par la gente féminine dépouillée par la violence et la destruction engendrées par l’homme. Malgré l’iconisation visuelle de Max, d’emblée, l’homme solitaire et intraitable, devient une proie, un loup égaré qui se laisse approcher, une marionnette prise en otage, une petite sirène qu’on attache sur le capot de la bagnole comme le simple trophée d’une partie de chasse entre amis. Un globulard qui se ronge, un male alpha presque castré, loin de l’image du vagabond invincible l’on peut avoir de lui, même si ce dernier au cours du long métrage, montrera toute sa singularité quant aux enjeux déployés. D’ailleurs, sans à rien dire à la prestation de Tom Hardy, mi animal mi psychotique, les insertions peu subtiles des flashbacks qui poursuivent son personnage ne sont pas la meilleure idée du film, participant à l’émotion un peu too much du film.

Il n’empêche, que c’est de là, que Fury Road tire toute sa force, cette façon de phagocyter son propre mythe, de s’amuser des attentes et de se jouer des temporalités. De ce monde binaire, où l’homme combat la femme, où la musculature athlétique torture la sensualité féconde, où le monde d’en haut gouverne celui d’en bas, où les esprits faibles s’endoctrinent jusqu’à se tuméfier et se tuer pour une cause évocatrice, la seule issue s’appelle Furiosa. Son look androgyne, son ambiguïté existentielle, son rôle de chef militaire aux blessures de guerre palpables, fait de Charlize Theron, un personnage inclassable, entre attirance évidente et répulsion malsaine, non sans rappeler une Sigourney Weaver d’Alien. Un personnage, un vrai, celui qui marque au fer rouge. L’anti héros dans toute sa symbolique qui s’entrecroisera avec l'animalité de Max.

Ainsi, Fury Road, empoisonne son univers de toute sa hargne, de sa haine, de sa vélocité, et pourrait se retranscrire comme une sorte de western sur roues gonflées à l’adrénaline et au Red Bull, qui jonglerait avec l’esprit chancelant d’un Tex Avery. Une œuvre qui ne baisse jamais sa garde tout en plaçant ses coups avec minutie. Un film profondément ancré dans son temps qui se bat envers une certaine idée du féminisme, la déshumanisation d’une espèce, une protection des ressources naturelles, la réflexion sur l’embrigadement pour une mort salutaire d’une guerre sainte destructrice, mais s’accoquine de son versant cinématographique 80’s. C’est un rouleau compresseur, grandiloquent, où les carambolages et les explosions fructifient le rythme technique et narratif du film dont l’errance physique des uns et des autres se supplantent aux fêlures psychologiques d’eux-mêmes. Chaque poursuite, chaque course, chaque démonstration détient ses propres enjeux et finalités, s’octroie son propre montage démentiel.
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Feu follet (Le) - 8/10

Messagepar Velvet » Mer 20 Mai 2015, 12:00

Avis Express: Le Feu Follet de Louis Malle (1963) - 8/10


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Beau film teinté d'un pessimisme dandy. Inspiré du roman de Drieu la Rochelle, on y suit le bilan d'une vie à travers les recontres d'un homme avec d'anciennes connaissances. C'est la lacheté d'un geste qui libère d'un malheur. Plus proche du roman dans ses intentions qu'Oslo 31 aout, le film norvégien me parait plus dense dans sa dimension dramatique. Les deux oeuvres offrent un point de vue différent sur le cheminement vers l'instant fatidique. Le feu follet, c'est presque un pamphlet contre l'existence, alors qu'Oslo est plus dans l'intime, l'incertitude d'avoir aucunement sa place dans la société, ne peut plus prendre de plaisir à vivre. Peut être est ce du au fait que le personnage d'Alain a un rapport beaucoup plus narcissique, presque misanthrope, à la vie dont sa médiocrité vis à vis de son milieu social est le véritable enjeu du film. Ou son obsession pour les femmes et son impossibilité à les rendre heureuse, à les satisfaire physiquement. Malgré cet aspect philosophique, qui s'écoute parler des affres de ce microcosme sans âmes et vaniteux, Louis Malle réussit a émouvoir par la performance formidable de Maurice Ronet, à la fois grave et distant. Louis Malle s'en accommode parfaitement, et ne se révèle jamais outrancier dans sa mise en scène "Nouvelle Vague".
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2015

Messagepar Velvet » Jeu 02 Juil 2015, 15:14

Topic un peu en berne ces derniers temps, du à un agenda surchargé mais reprise des critiques bientôt si j'en retrouve la motivation. :? :lol:

Mai


78) Holy Motors de Leos Carax (2012) - 9/10
79) Rango de Gore Verbinski (2011) - 8/10
80) Sonatine de Takeshi Kitano (1993) - 10/10
81) Lady Snowblood de Toshiya Fujita (1973) - 8/10
82) Crash de David Cronenberg (1996) - 9/10
83) Ghost in the shell de Mamoru Oshii (1995) - 10/10
84) Lady Chatterley de Pascale Ferran (2006) - 7/10
85) Female Yakuza Tale de Teruo Ishii (1973) - 7/10
86) A la folie de Wang Bing (2015) - 9/10
87) Mad Max de George Miller (1979) - 7/10
88) Mad Max 2 de George Miller (1981) - 7/10
89) Mad Max Fury Road de George Miller (2015) - 9/10
90) Homefront de Gary Fleder (2014) - 3/10
91) Le feu follet de Louis Malle (1963) - 8/10
92) Nobody Knows de Hirokazu Kore-eda (2004) - 7/10
93) Tokyo Fist de Shinya Tsukamoto (1995) - 8/10
94) Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) de Arnaud Desplechin (1996) - 8/10
95) Ex machina de Alex Garland (2015) - 7/10
96) Trois souvenirs de ma jeunesse de Arnaud Desplechin (2015) - 9/10


[u]Juin [/u]


97) A la poursuite de demain de Brad Bird (2015) - 3/10
98) San Andreas de Brad Peyton (2015) - 0/10
99) 50 nuances de Grey de Sam Taylor Wood (2015) - 0/10
100) Le nouveau monde de Terrence Malick (2005) - 9/10
101) Jurassic World de Colin Trevorow (2015) - 0/10
102) Réalité de Quentin Dupieux (2015) - 5/10
103) Vice Versa de Pete Docter (2015) - 6,5/10


Bilan à mi chemin de l'année cinoche 2015:


TOP 10


10 - Still Alice de Richard Glatzer
9 - Foxcatcher de Bennett Miller
8 - A la folie de Wang Bing
7 - Crosswind - La croisée des vents de Martti Helde
6 - Le dos rouge de Antoine Barraud
5 - Mad Max fury Road de George Miller
4 - It follows de David Robert Mitchell
3 - Inherent Vice de Paul Thomas Anderson
2 - Hacker de Mickael Mann
1 - Trois souvenirs de ma jeunesse de Arnaud Desplechin


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Love - 6/10

Messagepar Velvet » Mer 05 Aoû 2015, 14:23

Love de gaspar Noe (2015) - 6/10


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Le cinéma de Gaspar Noe et la violence ont toujours eu un lien étroit. Etant un réalisateur de la primitivité des sentiments, de l’iconographie viscérale des liens humains, le réalisateur français se lance dans l’introspection amoureuse avec Love, film racontant les vagues souvenirs d’une histoire passionnelle et sexuelle entre Murphy et Electra. Reprenant l’idée de la chronologie inversée d’Irréversible, Love se commence alors par la rupture pour finir sur la rencontre initiale, scène dotée d’une réelle simplicité, et de ce fait, qui dénote avec le reste d’un film, qui s’avère finalement bancal et peu habité. Car malgré sa volonté de filmer la passion charnelle, la haine qui froisse, d’élever son imagerie amoureuse dans tout ce qu’il y a de plus cru et réel, Gaspar Noé s’embourbe malheureusement dans un récit fantomatique, assez binaire sans être inintéressant, qui pose alors la question du lien entre le fond et la forme du cinéma de Gaspar Noé.

Là où Seul contre tous se réappropriait le genre social, où Irréversible personnalisait le rape and revenge, Gaspar Noé s’attaque à la romance. Malheureusement Love détient un schéma assez simple, narrant une suite de scènes explicites où le couple trouve son orgasme dans l’acte sexuel à deux ou à trois avec la voisine de palier qui sera par la suite la cause de la rupture, s’incorporant avec la folie de séquences de disputes éhontées voire outrancièrement surjouées. Gaspar Noé, voit le couple, sa façon de se construire, de se détruire, par le conflit, la symbiose des corps qui s’entremêlent et la disparité des sentiments. Là où un film comme La vie d’Adèle arrivait à s’extirper de ses longues et lascives scènes sexuelles pour rechercher l’essence même de la complicité de deux âmes, de deux personnes en osmose, Gaspar Noe semble trop restreint dans sa vision même du couple, où tout est une question de sexe, de tromperie ou de tentation subversive.

Mais Love touche parfois la grâce en parlant de la perte, et de la dimension mortifère d’une relation avec cette ambivalence récurrente chez Noe entre la mort et la naissance, où Love voit la conception d’un enfant « donner » la disparition de l’amour d’une vie. Dans un souci parfaitement maitrisé de capter la beauté intrinsèque des corps, Love trouve tout son charme dans sa capacité à ne jamais amplifier ses effets esthétiques, de garder un naturel poétique, comme durant cette première scène somptueuse de masturbation mutuelle. Des premiers instants qui allient candeur et lyrisme grâce au sens du cadre et au travail sur la lumière d’un Benoit Debie toujours aussi inspiré. De ce biais, Love en devient presque schizophrénique dans son processus de création car si l’on peut reprocher au film son manque d’ambition dans sa narration progressive avec ses dialogues lymphatiques et solennels; la finesse de la bande sonore et la modestie de la mise en scène étonnent dans le bon sens du terme de la part du réalisateur d’Enter the Void.

Notamment dû à la lourdeur des caméras 3D, Gaspar Noe se détache de sa réalisation purement immersive et psychédélique d’Irréversible et d’Enter the Void. Oubliant sa caméra omnisciente et volatile, Noe reprend les plans fixes de Carne ou de Seuls contre Tous, tout en utilisant avec efficacité la profondeur de champ de la 3D. Ne semblant pas quel prisme donner à son film et voulant s’approprier son jouet au maximum, Gaspar Noe s’immisce au plus au plus point dans ce dernier, lui donnant une aura presque autobiographique ringarde, au comique désastreux, et à la complaisance un peu idiote (scène échangiste, transsexuel). Mais derrière cet exercice de style qui touche à la fois au sublime et au crasseux, Love manque d’une chose : de cœur. Sans parler de son casting sauvage où l’improvisation maladroite fait rage, à force de vouloir inscrire son œuvre dans le sperme et le sang, l’alchimie ne trouve aucun relief, et l’émotion vampirise toute forme d’ébullition intérieure et cachée où Noé ne sait pas lier la chair et l’esprit.
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Re: [Velvet] Mes critiques en 2015

Messagepar Val » Sam 08 Aoû 2015, 10:09

:super:

Merci pour cet avis nuancé, qui me donne bien envie de lui donner sa chance.
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