LOVE de Gaspar Noé

[Alegas]

Et après tu veux me faire croire que Noé ne cherche pas la provoc pour la provoc

Un américain part en Europe pour visiblement faire l'équivalent d'un sex-trip, avec des nanas de 16-17 ans.
Faut m'expliquer la provoc là, je vois pas...
Dans ce cas, Ken Park pour toi c'est un film qui fait qu'on va directement en enfer quand on le voit ?

[Scalp]

Filmer des éjacs c'est pas de la provoc ? c'est pour la beauté du geste ?

[Mark Chopper]

Faut m'expliquer la provoc là, je vois pas...

Bah c'est grave pour toi...

Premier extrait du film : alors c'est l'histoire d'une gamine de 16 ans qui va nous faire un plan à trois.

Bon on recoupe avec les affiches (pas provoc, je suppose : une éjac, ça passera bien sur les abribus) et on décide d'attirer le chaland avec quoi ? Du porno teen.

Le tout filmé par un mec de 50 balais. Larry Clark approved

Ah mais c'est vrai... C'est à Cannes, avec la caution "auteur", par un mec dont la finesse du traitement n'est plus à prouver

Bon allez, nouvel extrait :

[Alegas]

Rien ne dit que les affiches sont pas mensongères hein. Là quand on parle d'éjacs plein champ on est clairement dans de l'hypothèse.
Et non, ce n'est pas "grave". Sérieux si un plan à trois incluant une nana de 16 ans est l'une des pires choses qu'on puisse montrer au cinéma mais quoi, genre y'a pas le droit ? C'est immoral ? Ça n'existe pas peut-être ?
Puis bon, de la description même de Noé, il y a la volonté de raconter autre chose que du sexe, de parler des sentiments qu'il y a derrière donc même si c'était racoleur visuellement, ça sera certainement pour illustrer quelque chose derrière, comme toujours chez Noé.
M'enfin bon, on a bien compris que vous l'aimerez pas ce film, pas besoin que vous postiez à chaque news hein, on a compris votre point de vue.

[Scalp]

Comme on a comprit que tu le défendras quoiqu'il arrive.

[Alegas]

[Waylander]

Le truc c'est qu'on ne sait quasiment rien du film en fait.

[Scalp]

Si c'est en 3D et ça va durer 6 jours.

[Mark Chopper]

Rien ne dit que les affiches sont pas mensongères hein.

C'est la première image qu'il a voulu donner de son film. Ce qui est très révélateur de sa personnalité de provocateur à deux balles (jamais le mec ne saura mûrir comme cinéaste, il va continuer de gâcher son immense talent de formaliste).

Sérieux si un plan à trois incluant une nana de 16 ans est l'une des pires choses qu'on puisse montrer au cinéma mais quoi, genre y'a pas le droit ? C'est immoral ?

Un mec de 51 ans qui veut raconter une histoire d'amour... Je sais pas, je pense qu'il existe mille autres façons de s'y prendre. Tu t'imagines vu son passif qu'il va se la jouer "sentiments"

Mais bon, tu dois défendre aussi Larry Clark qui se filme en train de sucer les orteils d'un ado pour évoquer le "mal-être d'une génération".

Même finesse de traitement d'un côté comme de l'autre.

[Waylander]

Il provoque oui et non. Il ne fait que mettre en image des déviances de notre société/époque/espèce sans les juger d'ailleurs (je pense). C'est glauque, malsain, choquant certes et oui ça fait vraiment "gratuit" mais faut avouer qu'il y a toujours un fond (abscons parfois) et une maîtrise technique telle qu'il pousse tout de même le cinéma , en tout cas français, dans ses dernières limites. Par contre, je trouve souvent ça trop extrême, peu subtil et ça manque clairement d'écriture niveau personnages.

[Alegas]

Rien ne dit que les affiches sont pas mensongères hein.

C'est la première image qu'il a voulu donner de son film. Ce qui est très révélateur de sa personnalité de provocateur à deux balles

Non, la première affiche était celle des trois bouches s'embrassant, et qui sera l'affiche officielle apparemment.
Et perso, je vois pas la provocation, ou alors pour seulement ceux que ça dérange. Noé est direct catalogué comme un mec à part alors que la seule chose qu'il fait, c'est de montrer plein champ ce que le cinéma à l'habitude de ne pas montrer pour des raisons de politiquement correct.
Pour prendre un exemple, Human Centipede ça c'est un film de grand malade, car c'est un film qui découle d'un désir pervers et de voyeur, pour quelque chose de nawak sortant d'un esprit malsain.
Love c'est (apparemment, car comme le dit Way on sait toujours pas grand chose du film) une histoire d'amour où l'acte sexuel est omniprésent, voire fondateur. Genre ça existe pas dans le monde ? On a pas le droit de le montrer ?
On part dans le même débat que la scène de viol d'Irréversible : Noé montre plein champ ce que l'on a pas l'habitude de voir, mais qui existe tout de même. Rien de plus. Je peux comprendre que ça dérange dans le cas d'Irréversible, mais là pour une nana de 16 ans qui s'envoie en l'air en trio, ça fait bien vierge effarouchée pour le coup.
Oui il y a mille façons de filmer une histoire d'amour. Mais je préfère mille fois voir le traitement de Noé plutôt que le truc qu'on a vu 1000 fois. Un peu d'originalité merde.

Quand à Larry Clark, aucune idée si je le défend : je n'ai vu que Bully. Mais pour avoir vu des extraits de Ken Park, ça ne m'intéresse pas. Là où Clark part dans le réalisme, Noé préfère en tirer une poésie ambiante, et je préfère clairement cette seconde approche.

[Mark Chopper]

On part dans le même débat que la scène de viol d'Irréversible : Noé montre plein champ ce que l'on a pas l'habitude de voir, mais qui existe tout de même.

On n'a pas attendu que Noé nous filme un viol interminable pour comprendre qu'un viol était horrible.

S'il est incapable de nous faire ressentir quelque chose sans nous plonger la tête dedans à ce point, c'est qu'il est intellectuellement très limité.

Mais bon, j'arrête là. On campe sur nos positions (mais au moins, on les a défendues).

[Creeps]

La poésie faut la trouver dans l'extrait

[Mr Jack]

Irréversible j'avais trouvé ça horrible à regarder mais comme Le Locataire de Polanski j'ai trouvé au réal du mérite de nous faire sentir de manière aussi puissante un sentiment. Chez Polanski des peurs malsaines et psychologiques, chez Noé le malaise d'un viol ou d'une vengeance frontale. Parce que le cinéma c'est aussi ça pour moi, une affaire de ressenti parfois très, trop fort mais qui marque les esprits. Bien sur, le ressenti a une limite. Antichrist (j'ai pas osé tout regarder) et peut-être ce Love. Parce que le film ne devient plus qu'un prétexte.

[Alegas]

Cette note d'intention.