Mad Max : Au Delà du Dôme du Tonnerre - George Miller & George Ogilvie (1985)
Au Delà du Dôme du Tonnerre a tout de l’œuvre frustrante, car il est censé clôturer avec les honneurs une trilogie qui a débuté dans le pessimisme et qui s'est progressivement ouverte à l'humanité au fur et a mesure que Miller ait eu des moyens financiers a la hauteur de l'univers qu'il a voulu représenter à l'écran, hélas pour la première fois on sent qu'il y a des vraies divergences sur le chemin qu'a pris le récit. Outre le fait que l'ingérence américaine se fait de plus en plus présente (le choix de Tina Turner en bad guy en est le reflet le plus évident) poussant a faire des concessions, George Miller s'est complètement désintéressé de son film en cours de route, la faute étant la perte de son ami et associé des débuts Byron Kennedy mort lors d'un accident d'hélicoptère pendant le tournage, laissant les rênes a son assistant George Ogilvie (bien que Miller restera maitre à bord pour filmer les scènes d'action) et il ira jusqu’à réécrire le film pour lui donner une tonalité mièvre, enfantine (j'ai pensé a Hook de Spielberg mais en complètement con où Max n'est plus qu'une vulgaire pièce rapportée) en contradiction avec l'univers adulte et direct de la saga.
Pourtant, quand j'ai découvert le film il y a 2/3 ans, j'avais été étonné par le virage annoncé dans la première demi-heure du film qui se déroule quasi-intégralement dans un village qui a réappris a vivre en société, s'avèrant être une relecture amusante et un tantinet parodique de péplum (référence complètement avouée par Miller d'ailleurs) où Max s'improvise en vagabond gladiateur qui cherche a faire son trou. On a certes perdu le Max torturé des débuts, mais néanmoins, j'ai aimé ce délire qui m'a rappelé justement les copies ritales de Mad Max mais avec un budget qui a permis de créer un monde plus grand que nature avec ses régles et ses castes (la Surface et le Souterrain dirigés chacun par un seigneur différent, l'un et l'autre se battant pour prendre le contrôle des deux mondes), sans parler du fameux Dôme du Tonnerre nous rappelant les bonnes vieilles arènes romaines qui donne un côté franchement fun a mater, d'autant que la mise en scène fait encore une fois un bond en avant avec un sens de la démesure qui fait franchement plaisir à voir (sans parler de la photo de Semler qui a rempilé, en offrant un de ses meilleurs travaux sur tout ce qui touche les sources de lumière). Hélas derrière cette mise en bouche déroutante mais sympathique, la réalité prend place et d'un coup sans prévenir, on se trouve devant un tout autre film, balançant aux chiottes l'idée de la civilisation comme le salut ultime contre le chaos pour transformer Max en apprenti nounou d'une troupe d'enfants qui le prennent pour un prophète (ce qui fait le lien avec le second opus), dès lors Mad Max 3 devient une sorte de parodie de production Amblin qui ne dit pas son nom, où malgré quelques idées rigolotes (l'alliance avec le seigneur nain pour reprendre le contrôle de la ville), on ne cherche jamais a choquer la ménagère en livrant le produit le plus aseptisé et grand public possible.
Un bien triste opus qui certes se range dans la logique annoncée de la saga, mais dont le dosage trop poussé dans l'optimisme cucul la praline tuera son potentiel plus que prometteur, heureusement que Miller 30 ans plus tard aura l'intelligence de corriger ce qui a merdé avec son providentiel Fury Road qui est désormais pour moi la véritable conclusion de Mad Max.
3/10