Don't look now (aka Ne vous retournez pas)
Nicolas Roeg - 1973
Nicolas Roeg - 1973
La vie de Laura et John Baxter bascule le jour où leur petite fille se noie accidentellement. Néanmoins, bien que hantés par ce souvenir, ils poursuivent leur vie et se rendent à Venise où John doit s’occuper de restaurer une église. Mais très vite des événements étranges viennent bouleverser leur séjour. Une medium aveugle affirme à Laura qu’elle a vu la petite fille et lui annonce qu’un grave danger menace John. Celui-ci, sceptique, tournant en dérision ce spiritisme auquel croit sa femme, poursuit la restauration de son église sans se poser de questions. Mais un jour, il aperçoit de loin une enfant portant le même ciré rouge que celui de sa fille…
Depuis Mort à Venise de Thomas Mann (puis de Visconti), on savait que Venise pouvait être violemment putride. On retrouve cet aspect dans ce qui constitue certainement le chef d’œuvre de Nicolas Roeg, modèle de film fantastique misant avant tout sur la suggestion et l’atmosphère des lieux. Tout est malade dans ce film. Les personnages d’abord, Laura dont on apprend qu’elle est guettée par la dépression, mais aussi John dont la persistance à guetter et suivre l’enfant au ciré rouge témoigne de son obsession à refuser de faire son deuil du passé. « Don’t look now » c’est-à-dire ne regardez pas ces images que vous voyez maintenant et qui vous détournent d’un avenir plus serein (le titre français rejoint cette idée en insistant sur le refus de se retourner vers le passé). L’une des scènes les plus fameuses du film est celle où John et Laura font l’amour. Scène magnifiquement jouée (des rumeurs prétendaient à l’époque que Sutherland et Christie avaient fait plus que de la « jouer »), entrecoupée d’inserts montrant le couple au quotidien et accompagnée d’une musique donnant à leur acte une belle aura naturelle. Après, la scène dure et n’est pas sans susciter le malaise chez le spectateur qui se dit que ce bonheur est peut-être trop appuyé pour être honnête, comme si la mort de la petite fille avait flingué un je ne sais quoi dans la relation conjugale, relation qui essaye de faire « comme avant » mais avec un soupçon d’artifice, justement à l’encontre de cette naturalité de l’acte sexuel montré à l’écran.
Relation en apparence simple mais en réalité tortueuse. Tout comme Venise qui se donne parfois à montrer par des plans de cartes postales donnant une familiarité visuelle au spectateur, puis par des scènes durant lesquelles John se perd dans des méandres cloaqueuses de ruelles qui sont autant de représentations de l’esprit de John. Tout au fond de lui-même, il y a cette vision d’une petite fille en ciré rouge dont il n’arrive pas à se débarrasser. Il arrivera cependant à coincer la petite fugitive qui le ballade dans les rues de Venise. La rencontre sera terrible. Don’t look now, effectivement.
Bref Don’t look now est un beau film malade qui va moins chercher à terrifier qu’à distiller dans l’esprit du spectateur un malaise lié à tous les éléments du film (personnages principaux, secondaires, l’histoire, le lieu), le tout porté par un sens du cadrage et un montage rendant crédibles les phénomènes paranormaux. Un grand film fantastique et un beau film sur le thème du deuil.
Relation en apparence simple mais en réalité tortueuse. Tout comme Venise qui se donne parfois à montrer par des plans de cartes postales donnant une familiarité visuelle au spectateur, puis par des scènes durant lesquelles John se perd dans des méandres cloaqueuses de ruelles qui sont autant de représentations de l’esprit de John. Tout au fond de lui-même, il y a cette vision d’une petite fille en ciré rouge dont il n’arrive pas à se débarrasser. Il arrivera cependant à coincer la petite fugitive qui le ballade dans les rues de Venise. La rencontre sera terrible. Don’t look now, effectivement.
Bref Don’t look now est un beau film malade qui va moins chercher à terrifier qu’à distiller dans l’esprit du spectateur un malaise lié à tous les éléments du film (personnages principaux, secondaires, l’histoire, le lieu), le tout porté par un sens du cadrage et un montage rendant crédibles les phénomènes paranormaux. Un grand film fantastique et un beau film sur le thème du deuil.
8/10
+ |
- Une Venise de cauchemar
- Une réalisation au cordeau
- Le couple Sutherland / Christie
- L’ambiance.
- Une scène érotique audacieuse pour l’époque.
- |
- Peut-être quelques longueurs dans la deuxième moitié.