★★★★★★ ZE CHALLENGE DÉCOUVERTE ★★★★★
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THE HUNGER
Tony Scott | 1983 | 8/10
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• Catherine a les crocs
Langoureux, contemplatif à souhait, quand on découvre le premier film de Tony Scott, plus familier de la suite de sa filmographie, la surprise est de taille. En lançant cette variation de la thématique du vampire, avec en tête le cinéma burné dont il a été le garant ces dernières années, on s’attend à retrouver la même teneur récréative, assurée généralement par des personnages à la mâchoire carrée et aux directs du droit furtif, ces gimmicks qui sont caractéristiques de son cinéma et divisent d’ailleurs les spectateurs, les premiers jugeant l’emballage trop outrancier quand les autres se régalent de la maestria visuelle du cinéaste qui s’exprime essentiellement dans l’action.
Ce soin apporté à l’image, qui s’exprime à travers un montage énergique, est certainement l’une des seules caractéristiques de Hunger qui permet de deviner sa parenté. En effet, sorti d’un coup d’œil particulier, et d’une recherche du plan mémorable —tout le dernier acte est en ce sens, visuellement très recherché—, The hunger a tout du film contemplatif, bien loin du moment popcorn testostéroné.
A commencer par son casting, Catherine Deneuve, miss glaciale, fait monter la température en jouant la petite coquine qui n’en n’a pas l’air. Dans l’ambiance feutrée qui caractérise le film, elle trouve une place de choix, en s’inscrivant avec naturel dans un conte vampirique dont le rôle central lui colle à la peau. Celui d’une bourgeoise distinguée, qui retrouve l’oisiveté à laquelle Catherine goutait déjà dans Belle de jour, et qu’elle consomme avec gourmandise ici, pour l’éternité. Prédatrice aux traits angéliques, elle est pour Tony Scott l’incarnation du vampire tel qu’il l’imagine, avenante mais opportuniste, manipulatrice dans l’ombre.
Une facette du personnage que Scott connaît bien, le métier de cinéaste est avant tout l’art de tromper avec malice un spectateur qui aime être bousculé. The Hunger joue cette carte en changeant de tonalité dans son milieu, passant d’une fable mélancolique teintée de poésie à la farce noire horrifique, à mesure que David Bowie gagne suffisamment en rides pour prendre place au sein de la révolte finale qui ne fait pas de concession.
C’est complètement fasciné que l’on se sépare des images très composées de The Hunger. Tony Scott y prouve non seulement sa maîtrise visuelle mais également sa sensibilité en tant qu’auteur. Bien loin du film de vampire musclé, fait de rites endiablés et de repas spectaculaires, son interprétation de la légende est emprunt d’une poésie qui, même lorsqu’elle se décide à verser dans le morbide, enrobe le film d’une mélancolie particulière, presque apaisante. Un bel exercice de style, et surtout un premier film surprenant parce qu’il possédait déjà une maturité graphique évidente.
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