Ziegfeld Follies de Vincente Minnelli
(1946)
J'ai toujours cru que ce film était considéré par beaucoup comme le meilleur Minnelli, mais après recherche je me rend compte que si le film fut auréolé d'un certain prestige après sa sortie, il fut de moins en moins considéré au fil des années. A la vision du métrage, l'évolution est compréhensible puisque Ziegfeld Follies, loin d'être une comédie musicale habituelle, est davantage un hommage à une forme de spectacle scénique dans la pure tradition du Broadway de la première moitié du vingtième siècle, le tout sous la forme d'un film à sketches. L'entreprise est étonnante, et ne manque pas de panache, mais malheureusement, comme toujours avec ce genre de films, on constate rapidement un résultat plus qu'inégal. Alors certes, le film dans sa globalité se regarde avec plaisir, même s'il aurait indéniablement gagné à être plus court, mais le fait est que, comme on pouvait s'en douter, certains segments sont bien meilleurs que d'autres. Le truc étant que les segments ne sont pas forcément tous musicaux, et du coup on regarde parfois des ballets inspirés pour ensuite enchaîner sur des sketches comiques plus ou moins réussis.
Le résultat a l'effet escompté, à savoir recréer le spectacle des fameuses Ziegfeld Follies sur grand écran, mais on peut franchement se douter que ça n'atteint jamais, en terme d'ambiance, l'intensité du même spectacle en live. Du coup, sur cette intention un peu bancale, se repose le plaisir de voir quelques jolis morceaux musicaux, mais là encore le fait de vouloir recréer un espace scénique limite forcément les choix de chorégraphies et surtout de mise en scène, cette dernière se faisant très paresseuse (ce qui étonne de la part de Minnelli, même si plusieurs segments étaient pris en charge par d'autres réalisateurs, notamment George Sidney). En ce qui me concerne, le film aura été surtout la possibilité d'assister à un pur rêve de cinéphile : voir, dans le même cadre et le même morceau musical, Fred Astaire et Gene Kelly se donner la réplique. Un duo qui, malgré les limites inhérentes au métrage, tient nombre de ses promesses.
6/10