10/10
Pourquoi cette note?
Parce que "ça vaut 10/10 au bitomètre" Ca n'a rien d'un scoop mais j'aime tout particulièrement ce film... Car sous ses aspects téléfilmesques, se cache une furieuse invitation à célébrer un cinéma de seconde zone souvent raillé et rejeté.
Animé par une envie forte de se frotter aux films d'horreur bis, De Palma décide d'imprégner son film de multiples références sanguinolentes. L'effet est immédiat et son Body Double devient vite un monstre hybride louchant vers le thriller horrifique rigolo avec ce que cela suppose de démesure et de mauvais gout. Mais sous ses airs d'Hollywood night virant souvent au nawak, Body double cache un amour intarissable du genre. Le métier de Jake, les séquences de tournage, le tueur, le splendide générique final, tout suinte l'envie de casser les codes. Pourtant, le réalisateur ne néglige jamais sa technique, meme si cette dernière reste au service d'un entreprise de destruction du thriller planplan. Il joue avec son spectateur (
l'identité du tueur, très facile à calculer pourtant), se parodie ou s'autocite selon le niveau de narcissisme (
la séquence de la galerie commerciale fait évidemment écho à la drague dans le musée de Pulsions) et bien sur il cède à de très nombreuses "pulsions" grandguignolesques.
En bon gros cochon voyeur qu'il est, De Palma investi frontalement le milieu du X avec un humour décapant et se permet meme des séquences WTF détonantes pour l'époque, le clip de Franky goes to Hollywood, la baise Jake vs Mélanie et j'en passe. Un peu comme s'il en avait ras le bol d'etre considéré, encore et toujours, comme le petit fils d'Hitchcock... De Palma donne donc l'impression de s'éclater en déglinguant ce Fenètre sur cour pour cochons et en prenant bien soin de le souiller de nombreux fantasmes. Toujours est il que le film est un concentré de plaisirs bisseux (
toute la seconde partie en fait), de technique (
le tour de force visuel du centre commercial), de kitsch horrifique (
si, si, toute la séquence du tunnel! je dis bien toute :eheh: ), de grand guignol (
la perceuse!). Et si le final n'avait pas été aussi expédié, cette péloche méritait, haut la main (
oui j'ose le coté uber biatch) d'etre canonisée!
Au final et sans aucune objectivité, Body double est ma madeleine de Proust, mon feel good movie, mon plaisir coupable, mon remède contre la morosité, bref un incontournable de mon univers... à voir en VF évidemment...