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LES HOMMES CONTREFrancesco Rossi | 1971 |
7/10••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
À vif dans les tranchées1917, Italie, première guerre mondiale, la caméra s’immisce sur les terres de la colline de Montefiore où se tient une guerre de position meurtrière. Après avoir concédé un emplacement stratégique qu’il n’aurait jamais du perdre, le général Leone, incompétent de la pire espèce en quête de gloire posthume, tente de la récupérer par tous les moyens, y compris les plus absurdes, peu lui importe le nombre de vies à sacrifier pour cela.
Animé par une forte tendance antimilitariste, Les hommes contre fait parfois l’effet d’être exagéré dans ce qu’il dépeint, notamment lorsqu’il tisse le portrait d’une hiérarchie bipolaire qui fait la guerre comme on se prend une rouste à Call of Duty. Néanmoins, et c’est certainement ce qui fait le plus froid dans le dos, son propos n’est pas si éloigné d’une certaine réalité, puisque l’exécution des fébriles au combat pour l’exemple n’était à priori pas surréaliste dans cette guerre atroce des tranchées.
Et finalement, dans le cas des hommes contre, ce n’est pas si important. La première volonté de Francesco Rossi, c’est de mettre un coup derrière la nuque de cette soif de gloire qui fait s’affronter les hommes. La démonstration est totale, puisqu’elle use d’un schéma efficace —quoique classique— qui consiste à mettre en scène un personnage qui épouse l’idéal à renverser, et le faire changer d’avis. En l’occurrence ici, c’est un fougueux jeune étudiant interventionniste qui endosse ce fardeau de convaincre. Passionné, envieux de défendre son pays, convaincu qu’il faut s’engager quitte à y laisser sa vie, pour se dresser contre l’ennemi, il se rend compte, bien malgré lui, que la réalité de la guerre est toute autre, et qu’au front, les pauvres hommes qui s’entretuent sont à des années lumières des enjeux qui les ont déplacés.
Une recette, copiée maintes fois depuis, qui fonctionne dans le cas présent parce que Francesco Rossi la traite de manière frontale. Les combats sont abrupts, le cinéaste n’hésite pas à recourir à un nombre substantiel de figurants pour rendre saisissant ces massacres coûteux en vies humaines qu’il dénonce. Et si le désespoir que le cinéaste insuffle à son film pouvait finir par peser, il n’en est rien parce qu’il tente, à l’occasion, de le désamorcer par quelques traits d’humour subtiles dans leur manière d’inclure le poids du hasard dans tous ces destins d’homme qui sont au cœur du film.
Les hommes contre remplit son devoir de mémoire de jolie façon, en proposant des moments mémorables, comme sa fin noire en diable, réaliste et dure, qui glace le sang. A noter que si vous êtes adepte des péloches bis ritales, vous pourrez retrouver avec le sourire, en chef de section franc du collier, l’indomptable Gian Maria Volonté, dans un rôle attachant, tout en nuance, reflet contraire du personnage interprété par Alain Cuny, parfaitement cruel en général illuminé, pour qui la vie n’est qu’un tremplin vers une mort glorieuse.