Starship Troopers est une sacrée proposition de cinéma comme on aimerait en voir plus souvent. Car Paul Verhoeven ne se contente pas d'assurer le spectacle avec des SFX qui ridiculisent au passage de nombreuses réalisations du genre de la SF, mais il y joint en même temps une satire mordante de la société américaine dans la droite lignée de
Robocop en usant de l'ironie et de l'hyperbole comme personne. Drôle de mélange d'ailleurs, on pense à
Beverly Hills,
Full Metal Jacket,
Star Wars, et un brin
Apocalypse Now, mais la greffe fonctionne tout de suite, et je dirais même plus, les nombreux embranchements entre ces styles fort hétéroclites sont à la fois passionnants et jubilatoires à suivre.
Car
Starship Troopers n'est ni plus ni moins qu'une relecture de la guerre du Vietnam et de la vision de l'Amérique par rapport au reste du monde, avec donc un mode de pensée unilatérale basé sur la peur de l'autre, la force, et l'individualisme, qui viennent ainsi justifier l'invasion armée de ses troupes pour asseoir le contrôle et la domination. Et en phase avec sa portée allégorique, il s'agit aussi d'un film sacrément drôle par son utilisation intelligente de l'hyperbole en plus d'être divertissant avec un
bodycount et des séquences d'actions à la fois impressionnantes et sans concession dans la violence.
Comme d'habitude chez le hollandais, loin d'être seulement gratuite et graphique, et bon Dieu qu'il est généreux de ce côté là, il se sert de cette violence pour appuyer son propos avec acidité et clairvoyance. Cerise sur le gâteau et cela assoit encore plus la subtilité du traitement, on nous offre aussi une histoire d'amitié qui prend, même sous couvert d'ironie, un tour franchement tragique et touchant. Le plus perturbant étant qu'on finit par leur trouver une certaine sympathie (il y a du nous dans cette perte d'innocence dont ils sont la proie), quand bien même ils nous sont présentés comme des fascistes en devenir.
Starship Troopers est donc ce genre de film qui derrière son simplicité apparente (
un bon insecte est un insecte mort !), regorge de petites nuances qui permettent toujours de redécouvrir l'ensemble sous un autre jour, doté d'une modernité encore actuelle (il n'y a qu'à voir la façon dont les Etats-Unis continuent à gérer les conflits au Moyen-Orient). Et cela, sans oublier son spectateur en chemin avec des séquences plus épiques les unes que les autres qui mettent la fessée aux
Blockbusters actuels. Une fois de plus, Paul Verhoeven nous prouve donc que faire un film burné et bourrin n'est pas incompatible avec subtilité et intelligence dans le propos.
Note : 9.5/10