Quand il s'agit de citer un mauvais film James Bond,
Quantum of Solace est un titre qui revient particulièrement souvent. Pourtant, la saga est loin d'être un modèle de stabilité qualitative, et force est de reconnaître que ceux qui prétendent que le 22ème épisode de l'agent 007 est le pire de tous n'ont certainement jamais vu certains Roger Moore. Néanmoins,
Quantum of Solace marque par un aspect très dérangeant dans son approche formelle qui en a choqué plus d'un à sa sortie, à savoir sa volonté de se démarquer de l'habituel habillage de la saga pour embrasser la mode de la shaky-cam instaurée par la trilogie Jason Bourne et Paul Greengrass quelques années plus tôt. En cela, le film a été l'un des premiers à adopter totalement cette facilité formelle visuellement ignoble qui efface toute notion de visibilité.
Un premier défaut qui, accouplé à un script finalement très pauvre qui jure avec la complexité psychologique de l'opus dont il se veut une suite directe, finit par conclure que ce
Quantum of Solace, à défaut d'être une purge, est clairement l'un des épisodes les plus décevants de la saga, tant beaucoup d'attentes étaient fondées en lui, qui seront finalement abouties chez un certain Sam Mendes. Le métrage aurait clairement mérité une pré-production plus attentive (nul doute qu'elle fut accélérée face au succès de
Casino Royale) et ce afin d’établir un script à la hauteur des ambitions qui découlent d'un tel film. Ainsi, on y trouve déjà les nouvelles origines de l'organisation Spectre (jamais nommée, mais néanmoins présente) mais aussi des conclusions à certaines storylines laissées en suspens dans le film précédent. Au final, absolument toute l'écriture est bâclée, l'organisation n'étant que le strict minimum pour installer un nouveau bad-guy (Amalric, choix intéressant dans le sens où il aurait pu renouer avec les mégalomanes d'antan mais finalement anecdotique dans son traitement), les storylines de
Casino Royale se plantent lamentablement (pourquoi faire revenir Mathis si c'est pour le tuer aussi rapidement ? Pourquoi avoir fini de façon aussi plate sur une scène qui est importante dans le développement de Bond ?), les personnages n'existent pas (mention spéciale aux deux JBG, particulièrement à Olga Kurylenko dans le rôle d'une sud-américaine...
) et enfin on a le droit à une resucée d’événements déjà exploités de meilleure façon dans d'autres films de la saga, en particulier le coup du MI6 qui lâche Bond en pleine mission.
C'est dommage car le film, comme dit précédemment, ne manque pas d'ambitions, mais ne se donne jamais les moyens pour y arriver. Idem pour la réalisation de Forster qui non seulement ne colle pas avec l'esprit Bondien, mais qui en plus s'avère être un cache-misère pour masquer l'ignorance du réalisateur dès qu'il s'agit de filmer une scène d'action. Du coup, la moindre scène bénéficie d'une caméra tremblante et d'un montage qui est, de loin, le pire de la saga, annihilant tout repère géographique et se concentrant sur des détails parfois WTF. Là encore, c'est d'autant plus dommage que certaines scènes sont joliment chorégraphiées, à l'image de la séquence de combat dans un immeuble en rénovation, qui aurait pu donner quelque chose d'incroyable entre les mains d'un faiseur doué comme Martin Campbell. A cela s'ajoute une chanson qui compte, à mon sens, parmi les pires de la saga, même le générique en devient quelconque.
Quantum of Solace, la suite que ne méritait pas
Casino Royale. Heureusement qu'il y a eu Mendes depuis, ce dernier ayant apparemment l'intention de réutiliser le meilleur du film pour nourrir le futur de la saga.