[Mark Chopper] Mes critiques sporadiques en 2015

[Mark Chopper]

Quel choc de redécouvrir Riki Takeuchi aussi sobre et touchant après avoir été traumatisé par son cabotinage dans le dernier Sion Sono.

[Jed_Trigado]

A part Fudoh, je crois qu'il y a que dans ce film qu'il a été bon.

[Mark Chopper]

C'est clair. Dans Fudoh il pète la classe.

Et puis son régime Steven Seagal lui a été fatal je crois

Par contre, Aikawa j'aime bien de manière générale.

[Jed_Trigado]

Pas mieux, au moins il est pas trop cabotin, puis il a une gueule sympathique.

[comICS-soon]

Je débarque mais bien ta critique du Dolan J'suis pas d'accord of course mais elle est cool

[Mark Chopper]

Shinjuku Outlaw, de Takashi Miike (1994)

(Shinjuku autoroo)

L'histoire : Un yakuza se retrouve plongé dans le coma pendant dix ans, suite à une fusillade sanglante. A son réveil, bien des choses ont changé...

L'un des nombreux yakuza eigas tournés pour le marché de la vidéo par Takashi Miike au tout début de sa carrière... Un budget ridicule, une qualité d'image déplorable, un acteur principal peu charismatique (sorte de sosie non officiel de Mark Dacascos) qui peine à porter le film sur ses épaules, une trame classique d'affrontement entre yakuzas et d'amour contrarié : difficile d'y trouver un intérêt du début à la fin. Le fan du cinéaste, s'il tient à rester éveillé jusqu'au bout, devra s'attacher aux quelques détails qui annoncent la force de l'œuvre à venir. A ce stade, et jusqu'au pétage de plombs sur Fudoh, Miike se montre assez sage et respectueux des codes. Mais certaines scènes annoncent clairement les délires du premier Dead or Alive et seront ainsi reprises, détournées et améliorées dans le premier opus de sa célèbre trilogie, à l'instar de cet affrontement au petit goût de western qui conclue ce long-métrage, affrontement qui s'achève par une explosion totalement démesurée et improbable... On devine que Miike ici ronge son frein derrière la caméra et s'amuse à distiller quelques grains de sable dans les rouages alors bien huilés des productions pensées pour les vidéo-clubs. Et on découvre, déjà, son ouverture d'esprit et l'intérêt qu'il porte aux étrangers, chose assez rare dans le cinéma japonais, avec ce personnage de yakuza originaire du Pérou et une prostituée philippine... Mais tout ceci est bien peu et ce film reste anecdotique.

Note : 4/10

[Mark Chopper]

Lady Hunter : Prelude to Murder, de Takashi Miike (1991)

(Red Hunter : Prelude to Kill)

L'histoire : Un enseignant, ex militaire, empêche plusieurs mercenaires d'enlever l'un de ses élèves. Il se tourne vers une de ses amies, également ex militaire, et lui demande de l'aide...

A la fin des années 1980 et au début des années 1990, le cinéma japonais se trouve dans une impasse : les spectateurs, en effet, ne se déplacent plus dans les salles et préfèrent passer leurs soirées devant le petit écran. L'avènement de la VHS a même fini par tuer le pinku eiga, genre qui constituait la dernière bouée de sauvetage de certains studios... C'est dans ce contexte que va naître et se développer le v cinema, autrement dit le DTV nippon : des producteurs vont ainsi lancer des films directement sur le marché de la vidéo, tournés avec un budget ridicule et un cahier des charges réduit. Le film en question doit être court et assurer le quota d'action. Au diable la psychologie et la profondeur... La recette de cette industrie cinématographique parallèle se révèle rapidement gagnante, mais les réalisateurs confirmés refusent de s'y compromettre. Il est alors nécessaire de se tourner vers des débutants, notamment des assistants... comme un certain Takashi Miike qui a travaillé avec Shôhei Imamura. Le jeune réalisateur va donc tourner son premier long-métrage, Lady Hunter : Prelude to Murder, dans ces conditions (à noter que Eyecatch Junction, tourné quelques mois plus tard, sortira finalement en premier)... Nous sommes en présence d'un film d'action ultra-fauché, qui tente en vain de rivaliser avec les polars HK alors à la mode, avec des personnages caractérisés à la truelle, des fusillades à gogo et des scènes qui flirtent dangereusement avec le nanar. Il faut voir l'héroïne, désireuse de se faire passer pour une infirmière afin de se rapprocher d'une patiente, prendre le temps d'attacher une véritable infirmière façon shibari... Sans doute un moyen pour Miike d'assurer le quota nudité gratuite. Au final, cette curiosité se suit sans grand intérêt, voire avec ennui, mais gagne tout de même quelques points grâce à son final radical. Pour ses débuts, Miike s'est contenté de faire le travail qui lui était demandé, ni plus, ni moins. Il lui faudra encore quelques films avant de penser le v cinema comme un laboratoire d'expérimentation.

Note : 2,5/10

[Mark Chopper]

Bodyguard Kiba, de Takashi Miike (1993)

L'histoire : Un champion de karaté et garde du corps nommé Kiba doit protéger un yakuza tout juste sorti de prison. Celui-ci doit être escorté jusqu'au lieu où il a caché plusieurs millions de yens volés à d'autres yakuzas...

Seconde adaptation d'un manga, vingt ans après celle qui mettait en scène Sonny Chiba dans le rôle-titre (avec une introduction qui a sans doute inspiré Quentin Tarantino lors de l'écriture de Pulp Fiction)... Découvrir la trilogie réalisée par Takashi Miike pour l'industrie du v cinema entre 1993 et 1995 permet d'apprécier l'évolution de son style à ses débuts. Le premier opus, s'il ne dépasse jamais son statut de petit film fauché, n'en reste pas moins fréquentable : Miike assure le cahier des charges du genre, avec des yakuzas, de l'action, de la nudité, de l'exploitation (l'inévitable scène de torture/viol) et une intrigue qui réserve quelques surprises... Le tout animé par des personnages auxquels on croit, parfois attachants. Soit une commande honnêtement emballée... Les suites se révèlent en revanche bien différentes : sans doute nées d'un simple impératif commercial (business is business), elles reposent sur des scénarios miteux et voient Miike partir en live pour tenter d'y insuffler un minimum d'intérêt. Le second opus, s'il ne dépasse pas la durée d'une heure, donne pourtant l'impression de s'étirer en longueurs et nous offre des scènes totalement autres, comme celle où un vieux taïwanais s'éclate en boîte avec deux strip-teaseuses pendant que tout le monde autour de lui reste statique ou encore celle où des ninjas se déplacent comme dans la scène finale d'un épisode de Benny Hill. Soit l'impression d'assister à un véritable foutage de gueule... Quant au troisième et dernier épisode, il relève péniblement le niveau et voit Miike se moquer du cahier des charges du v cinema et tenter de l'orienter vers un univers plus personnel (l'ouverture vers l'extérieur notamment, avec un film dont toute l'action se déroule à Taïwan et un usage quasi exclusif d'un anglais... très approximatif et douloureux pour les oreilles du spectateur). Mais avec un personnage principal devenu encombrant et réduit à de la figuration, ou presque, on sent bien que Takashi Miike souhaite passer à autre chose. Il tournera ainsi, quelques mois plus tard, son premier film personnel et fréquentable : Osaka Tough Guys.

Notes pour la trilogie :

Bodyguard Kiba : 5/10
Bodyguard Kiba 2 - Apocalypse of Carnage : 2/10
Bodyguard Kiba 3 - Second Apocalypse of Carnage : 3/10

[Jed_Trigado]

Parfaitement d'accord pour les deux premiers Bodyguard Kiba.

[Mark Chopper]

Pour la postérité :

[Jed_Trigado]

Rho c'te scène, c'est la seule chose que je retiens de ce navet avec la présence étonnante de Jack Kao.

[Mark Chopper]

Osaka Tough Guys, de Takashi Miike (1995)

L'histoire : Deux jeunes japonais un peu paumés, tout juste expulsés de leur lycée, répondent à une offre d'emploi alléchante. Ils se font en fait recruter par un clan yakuza assez minable...

Les débuts de Takashi Miike au sein de l'industrie du v cinema l'ont vu œuvrer dans différents genres : l'action, le yakuza eiga, la comédie et les chroniques qui mettent en vedette de jeunes délinquants... Osaka Tough Guys se présente à la fois comme son premier film personnel, sa première tentative de mélanger les genres et, surtout, sa première réussite (de là à dire que tout est lié : franchissons le pas). Un ton ouvertement comique (tendance débilos et surréaliste), des scènes qui donnent l'impression d'assister à un manga live (il s'agit de l'adaptation d'un manga dont Miike était fan dans sa jeunesse), une histoire d'amour traitée avec légèreté : la bonne humeur est constamment au rendez-vous. Entre un yakuza surpuissant qui prend peur dès qu'une femme obèse court après lui (avec la musique de Terminator comme gimmick), une scène de karaoké qui vire à l'apocalypse, des yakuzas tellement fauchés qu'ils vendent leurs sous-vêtements dans des sex shops en faisant croire au gérant qu'ils ont été portés par une starlette sexy, les rires ne manquent pas et Miike se montre particulièrement inventif dans sa mise en scène avec des idées qui rappellent l'univers de Tex Avery... Avec ce film et Shinjuku Triad Society, l'année 1995 peut bel et bien être considérée comme décisive pour Takashi Miike, passé du statut d'artisan à celui d'auteur.

Note : 7/10

[Jed_Trigado]

T'as un ticket pour celui-là ? Le dvd import est hors de prix.

[Mark Chopper]

Désolé, j'ai acheté un bootleg à 15 dollars faute de trouver une version potable avec ST

[Mark Chopper]

Ambition Without Honor, de Takashi Miike (1996)

L'histoire : Le jeune Tetsuya décide de tuer un chef yakuza afin de rejoindre un clan rival. Mais à sa sortie de prison, les deux clans se sont réconciliés et il se retrouve rejeté. Il décide alors de gêner leurs activités...

Avis express... Même si le succès de Shinjuku Triad Society en 1995 permet à Takashi Miike de tourner pour le cinéma, celui-ci ne va pas délaisser l'industrie du v cinema pour autant. Il continuera en effet d'y travailler pendant sept ans, jusqu'à Yakuza Demon et Gozu. Il en profitera pour réaliser des films complétement libres et fous... et d'autres anecdotiques. Ambition Without Honor appartient hélas à la seconde catégorie. Le titre fait bien évidemment référence à l'œuvre de Kinji Fukasaku et l'histoire rappellera aux fans de ce dernier les sympathiques Okita le pourfendeur et Outlaw Killers : Three Mad Dog Brothers, avec ce jeune yakuza en total décalage avec son époque qui ne parvient pas à trouver sa place dans le monde du crime. Mais à quoi bon refaire ce qui a déjà été fait ? Avec moins de moyens, moins d'idées et, surtout, un casting affligeant ? Dire que Sone Hideki, l'endive qui joue le rôle principal, n'arrive pas à la cheville de Bunta Sugawara relève de l'euphémisme. L'un des films les plus dispensables de Takashi Miike qui prouvait, six ans avant son remake du Cimetière de la morale (Graveyard of Honor), qu'il était incapable de rendre hommage à l'un de ses maîtres.

Note : 2/10