Lost comptait exactement 121 épisodes. Or la question finale de Lost, sa question 121, était précisément celle du questionnaire de Nora : « pensez-vous qu’il existe quelque chose après la vie ? ». Lost (et Lindelof), évidemment, répondait « Oui » – et faisait répondre, comme Nora influençait les interrogés, « oui » à ceux qui avaient cru au programme. A cela, désormais, Lindelof crie à travers Nora un déchirant de pessimisme « There is no Moving On » (écho clair et direct aux derniers mots de Lost). Il hurle qu’il ne croit plus en ce qu’il a fait – que Jack, Kate, Locke, Hurley, Sawyer et les autres ne sont plus que des corps morts pourrissant sous la terre et rien d’autre – et que son désir de faire croire aux spectateurs qu’il existait bel et bien une après-vie n’était que la conséquence, comme Nora, de sa propre incapacité à admettre la disparition pour ce qu’elle est (soit, chez Lindelof, bien que cela soit anecdotique, la mort de son père qui restait à jamais invisible dans le cercueil du père de Jack Shephard6). Plus que de l’existence de Dieu, c’est de son oeuvre que l’auteur reconnaît douter, et de ses derniers instants pourtant les plus intimes. L’aveu d’échec, ici, est stupéfiant.