[Milkshake] Mes critiques en 2015

[Dunandan]

Au delà de l'humour mysogine de Far West Story, tu n'as pas été touché par leur love story ?

[Milkshake]

Non pas du tout, j'ai trouvé le rôle de la miss, une femme qui a le second rôle principal dans un western est plutôt rare mais elle est trop passive, l'écriture du film m'a paru vraiment grossière elle passe de statut de chienne puis femme qui doit la fermer pour finir par un Jed Trigado qui cour après elle une fois qu'elle s'est enfin rebellé.

Par contre le plan ou elle regarde l'ombre d'un couple est vraiment bien , c'est le seul plan inspiré du film. La musique de Morricone est juste sympa à l'image du film.

[Jed_Trigado]

Si tu ne vois qu'un personnage grossier et misogyne chez Jed Trigado, c'est que t'as clairement pas saisi la subtilité du film.

Far West Story, c'est la synthèse parfaite d'un genre en train de mourir, ni trop comique, ni trop déprimant avec des archétypes qui vont évoluer tout au long du film, Sonny qui sous ses allures de femme-enfant pourrie gâtée va se révéler être une femme forte et Trigado au contraire, un compagnon beauf dont le rapport de force avec elle va s'inverser. Ce qui fait l’intérêt de ce film par dessus tout c'est que Corbucci retourne les conventions qu'il avait déjà retournées a l'époque de Django, là où il aurait pu facilement tomber dans le Trinita-like (qui est ce que le western italien a pu faire de pire AMHA).

Sans parler de l'ambiance toujours nuageuse, automnale qui tranche avec le genre, ainsi que le score de Morricone est probablement l'un de ses travaux les plus sous-estimés (le morceau Sweet Susan est d'une beauté renversante). Bref, pour moi c'est dans mon top 5 spaghetti.

[Heatmann]

pas terrible le grand duel , j'en suis resortie bien decut

[Milkshake]

Déçu également du Grand Duel vu la réputation du film.

Pour Jed sur Far West Story tu parles d'une subtilité propre à ta sensibilité, je comprend tes arguments mais en l'état çela rend pas le film meilleur à mes yeux. A moins que Companeros me surprenne je pense que Le mercenaire restera le meilleur western de Corbucci.


Pour les prochaines visions Western Spaghetti :

1 - Il y a un nouveau bluray sortie chez Arrow en mars de Days Of Anger donc je devrais me faire ça sous peu.



Test : http://www.blu-ray.com/movies/Day-of-An ... ay/114342/

2 - Pour le mois d'aout il va y avoir un bluray de Face à Face de Sergio Sollima par contre rien de prévu pour Saludos hombre et le dvd est pas terrible niveau image...



https://www.facebook.com/KinoLorberStud ... =1&theater

[Jed_Trigado]

Companeros, c'est un peu le "remake" du Mercenaire mais en plus foufou. L'ayant revu en début d'année grâce au blu-ray avec la version intégrale, je le préfère désormais au Mercenaire.

Par contre, oublie le Sollima en blu-ray ce sera uniquement la version tronquée, privilégie le dvd français, c'est le seul support que propose le montage sorti en Italie.

[Milkshake]

Dis donc tu donnes envie pour Companeros.

Pour Sollima tu parle de quel film : Face à Face ? A priori le bluray aura la version longue de 112 minutes. (alors que la version DVD fait 1h46)

Will include: HD version of the 93 minute English language version & SD (16x9) version of the 112 minute Italian language version.

Par contre John Lawrence parle d'un cut de 2h30 du réal mais s'est jamais sortie ?

http://www.bekindreview.fr/forum/post606088.html#p606088


Sinon Saludos Hombre le dvd fait 1h55.

[Jack Spret]

Companeros, c'est un peu le "remake" du Mercenaire mais en plus foufou.

Putain, ayant kiffé Le mercenaire, j'imagine même pas ce que ça doit être

[Jed_Trigado]

Au temps pour moi, je voulais dire que le montage italien ne sera pas en HD, donc aucun intérêt.

Sinon, Sollima a bien précisé que sa version du Dernier Face a Face durait 2h30, mais celle-ci mis a part une poignée de projections au début de son exploitation, reste invisible car les producteurs trouvaient le film trop long et pas assez chargé en action, ce qui au vu des intentions du film, était une chose stupide de leur part. Malgré tout, le montage d'1h50 préserve l'intégrité du projet AMHA.

Eh oui, Saludos Hombre a eu la chance d'être distribué dans sa version intégrale en France.

[Milkshake]

Une nouvelle salve Western Spaghetti :


El Chuncho de Damiano Damiani (1966) : 8,5/10

Clairement dans le top 5 des meilleurs western Spaghetti (hors Leone), cela démarre avec une des meilleures attaques de train porté sur pelliculle et l'on enchaine sur +1h de rythme effréné en pleine révolution. L'interet du film est son duo Gian Maria Volontè (déjà génial dans les leone) il est excellent avec une grosse palette de jeu ici et Lou "Nino" Castel (que je découvre) impeccablement froid et distant pour un personnage passionant qu'on a du mal à cerner durant tout le film. L'écriture est de haut niveau et le traitement est vraiment subtil pour le genre.

En second rôle on a droit à une femme à fort caractère et un Klaus Kinski étonnament sobre en religieux, on aurait aimé les voir plus dans une deuxième heure ou le rythme se calme pour finir sur un super final déjoue les attentes. Après cela manque de plans marquant/iconique ou d'un duel savoureux pour en faire un grand film.

La musique de Luis Bacalov est très bonne soit disant surpervissé par Morricone (cela serait pas un pretexte pour mettre son nom au générique)


Bref ça donne envie de découvrir les autres films de Damiani de sa filmo qu'il a fait par la suite et qui ont une bonne réputation : La mafia fait la loi (1968), Seule contre la maffia (La moglie più bella, 1970) et Confession d’un commissaire de police au procureur de la république (1971)


Beaucoup moins convaincu par :


Saludos hombre de Sergio Sollima (1968)

Après la bonne surprise Colorado, un peu déçu sur ce film qui est une fausse suite reprenant le même personnage sauf que là il y a plus Sergio Donati au scénario et cela se ressent, le film est plus bordélique et tourne vite au Tomas Milian show.

Du coup l'aspect comique prend le pas, les deux perso feminin poussif qui font des kilomètres pour le suivre est dur à gober, oui il y a une scène de torture inspiré sur un moulin et un duel final au couteau sympa mais le sidekick français Donald O'Brien et les bad guy font pas le poids, ça manque de Lee Van Cleef. La musique de Morricone est bien

J'espère que Face à Face sera d'un autre niveau.



Django Prepare a Coffin (Viva Django!) de Ferdinando Baldi (1968)

Bon celui là je l'ai maté car c'était dans le Top 20 de Tarantino donc il faut se mefier de son top car il y a aussi des mauvais films ou des films très oubliable comme Navajo Joe ou Tepepa pourtant ça serait le seul film qui réutilise le perso de Django qui serait potable (sur les dizaines de spin off en tout genre qui utilisent ce nom) et bai c'est pas fameux, j'imagine pas le niveau du reste. Film tellement plan plan qu'on compte le nombre zoom/dezoom gratuit.

En gros il n'y a que la toute fin, le duel au cimetière sur la jaquette à retenir et le bad guy comme dans le Grand duel est foiré (même acteur), l'écriture est vraiment industrielle (en - 1h30 c'est torché, enjeux et perso simpliste avec du remplissage). Surprise on a droit à un Terence Hill sobre presque trop (c'était le cas dans ces 2/3 premiers westerns) avant qu'il vire dans les pitreries quitte à tuer le genre et il est devenu tellement populaire que même Leone a du suivre ce filon comique et l'embauché sur les derniers westerns qu'il a produit.

[Alegas]

Y'a moyen de référencer ton avis pour le Damiani là.

[Milkshake]

Western Spaghetti : Seconde chance.


Django de Sergio Corbucci (1966) : 7/10

Je le revois à la hausse mais j'ai du mal à y voir un western marquant, Corbucci fait ici un petit western de 1h30 qui vaut essensiellement pour ses 30 premières minutes et son final.

Corbucci a fait nettement mieux (Le Mercenaire, probablement Companeros à voir et il faut que je redonne une seconde chance au Grand Silence) mais ici il impose de nombreux éléments qui vont marquer le genre une ambiance bien boueuse , un cimetière, un chemin de croix (toute la culture religieuse italienne ressort dans le final), une violence exacerbé (avec une scène de torture mémorable) et des bad guy qui ont une particularité esthétique tout cela sera repris dans une multitude de Western Spaghetti par la suite.

En l'état la structure du récit fait office de petit frère du pauvre de Leone et son d'un Pour Une Poignée de Dollars qui a lancé le genre deux ans plus tôt, dès que les mexicains entre en scène, le film subit un gros coup de mou qui fait office de remplissage pendant + 30 minutes, Corbucci n'iconise plus Franco Nero et sa réal devient un peu passe partout en attendant le final heureusement que le sublime score de Luis Bacalov élève le niveau de pas mal de séquences du film.



Johny Hamlet (Django porte sa croix) de Enzo G. Castellari (1968) : 7/10

A l'origine le projet était pour Corbucci, l'idée est d'insérer la fameuse pièce de Shakespeare dans le genre du western sur le papier ça semble bien case gueule mais le film est sympa.

Dès l'intro oppressante dans la grotte tout droit sortie d'un film de la Hammer, on a compris que l'ambiance allait être travaillé, le réal ne cesse de tenter des angles, il y a plein d'idées de plans allié à une tragédie familiale solide qui fait qu'on a un scénario plus solide que la moyenne du genre, merci Shakespeare. Bon par contre plus le film avance plus on voit tout venir pour finir avec un héro crucifié annonçant Keoma. Le final est un poil décevant.

On retrouve à nouveau le bad Guy du Grand Duel ici il est bon car il a un rôle plus étoffé et la musique de Francesco De Masi est vraiment bien aussi très pop dans l'esprit d'un Bacalov et Morricone.



Keoma de Enzo G. Castellari (1976) : 8/10

Là totale redécouverte , j'avais detesté à la première vision alors qu'il ne fait aucun doute que le film est dans le top 10 du genre, l'ambiance apocalyptique très travaillé fait beaucoup pensé au Goyokin de Gosha, Castellari est clairement dans le top 5 des réal du genre.

Rarement les ralentis n'auront été aussi bien utilisé que dans ce film (hormis peut être le Peckinpah de Guet-apens) pour donner du poids dramatique et du style aux scènes d'actions. Il s'offre aussi un des meilleurs scénario du genre, celui qui utilise le mieux les flashbacks (avec Il était une fois dans L'Ouest de Leone) pour insuffler de l'épaisseur à un récit simple en quelques plans parfaitement intégré porté par une musique chanté qui narre l'histoire. Difficle de faire plus pop et lancinant pour annoncer la chemin de croix par lequel le héro devra passer, un Franco Nero bien plus impliqué dans le rôle que dans mes souvenirs et totalement crédible avec son look improbable de Hippie.

Le montage alterné sur l'accouchement c'est épique, c'est autre chose que le dernier Star Wars, là ça fonctionne du tonerre.

Cela donne envie de se plonger dans la filmo de Castellari.

[Milkshake]

Le Dernier jour de la colère de Tonino Valerii (1968) : 7,5/10

Vu la réputation du film je m'attendais à un poil mieux, oui c'est le meilleur western de Valerii porté par un Lee Van Cleef au top par contre j'ai du mal avec Giuliano Gemma même si ici il incarne son rôle plus sérieusement que dans ces autres films.

Oui la BO de Riz Ortolani est excellente (reprise par Tarantino pour son Django), le film est bien cadré, les duels bien que très bref sont sympa (surtout celui à cheval) on voit pas les 2h passé même si le film met bien 40 minutes à démarrer par contre j'ai trouvé le film trop didactique dans son écriture, autant Lee Van Cleef qui donne des leçons c'est bien trouvé mais on a constamment les méchants qui nous surlignent le prochain coup qu'ils préparent donc il n'y a aucune surprise on voit tout venir de loin.

Cela manque un peu d'inspiration formelle et un peu de folie dans l'écriture pour être au niveau des 3 Sergio : Sollima, Corbucci et Leone.


Moins convaincu par :


Texas de Tonino Valerii (1969) : 6/10

Celui là il vaut essentiellement pour son double duel dans le noir et la très bonne bande son de Bacalov , le pitch est vraiment intéressant, transposer l'assassinat de JFK à la sauce western mais c'est pas super bien exploité, on a pas mal de tunnel de dialogues qui n'apportent rien et cassent le rythme, le scénario tatonne pour essayer de faire porter le chapeau à notre héros dommage car quand l'action est là, Valerii délivre la marchandise par contre quand il s'agit de faire pleurer Giuliano Gemma , ça manque clairement de spontanéité et de naturel dans le jeu, on sent qu'il se force.



Tire encore si tu peux de Giulio Questi (1967) : 6.5/10

Celui là la 1ère heure est vraiment bonne et surprenante, en plus d''avoir une ambiance malsaine ça prend le genre à contre courant puisque le héro (Tomas Milian qui ne fait pas son show, il est sobre) va se retrouver dans une ville qui est le véritable ennemi, il y a un aspect fantastique vraiment intéresant mais alors quand le film vire au huis clos avec la folle, le film se met une balle dans le pied, crucifie son héro et perd tout son intêret.

[Milkshake]

Loin des Hommes de David Oelhoffen : 7,5/10

Bien sympa ce petit Néo Western. Par contre c'est basique dans ce qu'il raconte (ça dure 1h30) mais l'Atlas algérien apporte un peu fraicheur en terme de décor pour le genre et Mortensen quel acteur, il porte tout le film en quelques regards et arrive à être crédible en parlant français, arabe et espagnol. Il y a quasiment aucun autre acteur américain capable de cela. Respect

Mortensen je suis fan et il a un second western qui sort cette année Jauja.

A noter que Nick Cave a signé la bande son mais loin du niveau d'un The Proposition ou Jesse James.




Selma de David Oelhoffen : 6,5/10

Je m'attendais à bien pire avec la caution Oprah. Cela reste bien au dessus d'un Twelve Years et plus subtil qu'un Spike Lee. C'est Brad Pitt qui doit faire la gueule vu qu'il l'a produit en espérant refaire à nouveau une razzia aux oscars. (même si il le film a rapporter de l'argent)

Le ton est sérieux je m'attendais à plus mielleux, plus hollywoodien. Oui c'est didactique, oui le scénario est perfectible, il ne fait qu'effleurer le fond du sujet en multipliant les seconds rôles (avec les acteurs d'excellentes séries comme The Knick, The Wire ou des acteurs qu'on a pas vu aussi bon depuis un moment comme Tom Wilkinson qui ne fait pas le méchant pour une fois ou Tim Roth en méchant) et oui la réal aurait du éviter les multiples ralentis esthétisant la violence, là ça y va au marteau piqueur pour tenter de faire pleurer le spectacteur.

Sinon ça se regarde, c'est bien rythmé, bien porté par son lead David Oyelowo et on sent vraiment Bradford Young (A Most Violent Year, Ain't Them Bodies Saints ) en directeur photo derrière la caméra avec un travail dans l'obscurité totale dans la pure veine d'un Gordon Willis (Parrain, les Pakula et certain Woody Allen) cela enrobe bien le film.

Lorsque les quelques secondes d'images d'archives à la fin sont plus fortes que le film en lui même (comme pour American Sniper), c'est qu'il y a un soucis et que la réal est passé à côté d'un sujet fort.

[Milkshake]

Miss Julie de Liv Ullmann

Un poil déçu, Colin Farrell et Jessica Chastain dans une romance d'époque, une pièce ou les acteurs peuvent briller, Farrell surjoue avec son accent mais bon je le préfère comme cela ça faisait un moment qu'il avait pas été aussi intense, il a l'air de reprendre en main sa carrière vu ses prochains choix de rôle.

Pour le coup la réalisatrice emporte aussi Chastain dans une attitude un brin too much, Chastain a livré des partitions plus subtile par le passé, là on ressent vraiment l'origine théâtrale du matériel, trop cloissoné, trop monologué, trop long pour ce qu'il raconte (2h10 dans la première heure il y a moyen de couper dans le gras) alors que le potentiel du jeu de classe dominant, dominé n'est qu'effleuré et n'offre qu'un très bon passage à 1 heure de film ou Farrell prend le dessus.

Au moins le dernier Polanski dont je suis pas fan s'amusait sur ce même postulat de base, ici le reste du temps le personnage de Farrell est trop passif, trop tremblotant finalement ce qui ne serait pas le cas de la pièce à la base. Un choix de la réalisatrice ici scénariste que j'ai du mal à comprendre. Dommage.

La réal fait le taf mais on est loin du niveau d'une Jane Campion ou d'un Joe Wright et l'utilisation à plusieures reprises du Andate Con Moto de Shubert élève le film même il est dur de passer après Barry Lyndon de Kubrick qui en a aussi fait son thème principal.

Là l'émotion ne passe pas même si les acteurs se démènent à l'écran, le final désespéré n'a pas la force espéré.

6.5/10