[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Modérateur: Dunandan

Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Ven 27 Mar 2015, 14:31

Le dvd français est hors de prix, alors que là le disque est pas zoné, avec des options francophones et proposant les deux montages du film, mon choix est vite fait.
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Mark Chopper » Ven 27 Mar 2015, 14:32

Ah OK... Perso j'avais dû l'acheter 3 € il y a une décennie.

Mais j'ai bien compris que tu voulais voir Ron Jeremy en HD :mrgreen:
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Verdict (The) - 7/10

Messagepar Jed_Trigado » Ven 27 Mar 2015, 23:11

The Verdict - Don Siegel (1946)


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The Verdict est le premier film de l'excellent Don Siegel, qu'on connait surtout pour ses films hard boiled et ses collaborations avec Clint Eastwood, mais c'est surtout un homme au parcours comme je les aime, un réalisateur qui s'est fait tout seul, qui a appris a son métier sur le tas (d'abord par sa formation de monteur, puis comme réalisateur de seconde équipe au sein de la Warner Bros) et The Verdict a le mérite d'être un premier film qui évite assez bien les erreurs typiques d'un film de débutant, notamment par sa réalisation, qui est plutôt innovante pour son époque que ce soit par le montage très fluide ou même une scène de procès filmée uniquement en panotages.

Mais c'est aussi un film qui pose d'emblée les bases de ce que sera le style Siegel et qui préparera lentement mais surement la révolution du Nouvel Hollywood, autrement dit de mettre en scène des personnages aux repères moraux ambigus, agissant plus plus leur propre pomme qu'autre chose. En effet le postulat est étonnant, puisqu'il nous montre un représentant de la loi joué par Sydney Greenstreet rendu coupable d'une erreur judiciaire et donc viré de son poste, sauf qu'il ne va pas en rester là et se venger de manière cruelle sur celui qui a pris sa place. Dès lors, un jeu de dupes s'installe a travers une enquête quasi-Sherlock Holmesienne où Greenstreet va profiter d'une sordide histoire de meurtre pour discréditer son concurrent, avec Peter Lorre en élément perturbateur qui s'amuse a sa manière de parasiter l’enquête, chose qui participe grandement à l’intérêt du film. Mais ce qui est très fort avec The Verdict, outre le cadre de l'Angleterre victorienne qui tranche avec l'atmosphère très américaine des films de Siegel que j'ai pu voir jusque là (et dont il est visiblement très a l'aise, on y croit sans problème avec ses ruelles sombres et brumeuses), c'est qu'il se garde bien d'avoir toujours une longueur d'avance sur son spectateur, au point que la fameuse conclusion qu'on nous balance s'avère finalement assez crédible malgré son aspect jusqu'au boutiste.

Une belle surprise donc, malgré sa confidentialité assez regrettable.

7/10
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Invasion des profanateurs de sépultures (L') - 6/10

Messagepar Jed_Trigado » Ven 27 Mar 2015, 23:47

L'Invasion des Profanateurs de Sépultures - Don Siegel (1956)


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Parmi tous les récits de SF modernes (ou presque) qui ont émaillé mon imagination de geek cinéphile, j'avoue sans mal que le mythe du Body Snatcher est l'un de ceux qui m'a le plus fasciné, outre la base de départ qui est réutilisable a l'infini (je ne suis pas étonné de voir qu'il existe 4 versions a ce jour et que chacune a sa raison d'être AMHA), c'est cette idée de montrer une menace qui s'installe dans notre quotidien l'air de rien, prenant la forme d'un parent ou d'un ami et qu'au lieu de viser l'étranger, c'est finalement notre propre univers qui est bouleversé dans son ensemble. C'est donc Don Siegel qui a la lourde tâche d'ouvrir la marche avec ce film qui s'avère au final probablement la moins intéressante des versions de cette histoire par son orientation "série B de drive-in" qui est pleinement assumée, mis a part un léger sous-texte que l'on peut deviner (le communisme et aussi la menace nucléaire) mais qui n'est jamais exploitée a sa juste valeur. Chose qui est dommage tant il offre un film assez bien troussé (en moins d'1h20 il pose son film)

Pourquoi donc ? Parce que Siegel opte pour une narration assez évidente où l'on voit Kevin McCarthy seul rescapé nous raconter en flashback ce qui lui est arrivé, le personnage de médecin qu'il est incarne est donc terriblement rationnel, refusant de croire ceux qui osent lui dire que les gens de leur entourage ont changé. La menace prend de l'ampleur, mais le tout est toujours traité de manière basique (si j’étais méchant, je comparerais ça a un épisode étiré des Contes de la Crypte) et au final, j'ai du mal à trouver autant de pertinence que dans les autres versions (ne serait-ce que par sa conclusion bien trop gentille a mon goût), ma préférence allant a celle de Ferrara, qui malgré ses défauts de production, ressemble énormément a du John Carpenter dans son imagerie étouffante et parano.

Mais bon un film où Sam Peckinpah fait l'acteur n'est jamais mauvais (coucou Alegas).

6/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Val » Sam 28 Mar 2015, 13:49

J'avais bien aimé The Verdict aussi lorsque je l'ai découvert. C'est toujours sympa de tomber sur un bon petit film peu connu. :super:
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Lineup (The) - 6,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Sam 28 Mar 2015, 17:53

The Lineup - Don Siegel (1958)


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Le cycle Siegel continue avec cette série B policière sympathique, qui a le mérite au départ de montrer avec un certain réalisme le job de flic, où on est vraiment sur de l’enquête de terrain avec analyse de preuves et interrogation de témoins, suite à un carnage impromptu qui va mener la police a tout un réseau de trafic de drogue en fouillant la scène de crime (la drogue est planquée dans des mini-statues, aujourd'hui ça pourrait faire sourire, mais pour l'époque ça me semble assez crédible), je m'attendais donc a voir les flics piéger lentement mais surement les criminels en rentrant dans leur jeu. Sauf qu'au bout de 20 minutes, sans prévenir le film change singulièrement de point de vue et se focalise sur un étrange duo d'hommes de main mené par Eli Wallach que je n'ai jamais vu aussi psychopathe (c'est peu de choses de dire que les admirateurs du bonhomme vont être choqués :mrgreen:) dont on va comprendre que leur motivation converge avec celle des policiers vu qu'ils veulent récupérer toute la cargaison perdue avant qu'elle ne soit saisie, The Lineup va donc se construire sur une narration croisée sur fond de course contre la montre, sauf que celle-ci s'avère complètement déséquilibrée et au final, l’enquête semble bien moins intéressante que l’itinéraire sanglant de Wallach et son pote qui laisseront un paquet de cadavres pour arriver à leurs fins.

On sent que Stirling Silliphant (qui a pourtant écrit plus tard le désenchanté The New Centurions de Richard Fleischer sur un registre similaire) a voulu faire un film à la gloire des forces de l'ordre, où celles-ci sont toujours montrées comme réactives, intelligentes et même omniscientes par moments (il y a des retournements qui sont chauds de ce point de vue-là), c'est d'ailleurs clairement pas là où Siegel montre sa pleine mesure en se contentant encore d'illustrer le script qu'on lui a fourni, a vrai dire le film ne devient génial que dans ses 20 dernières minutes tant l'action devient tendue et hystérique, annonçant Ringo Lam (oui, j'abuse même pas en disant ça) avec une chasse à l'homme désespérée dans les rues de San Francisco, offrant outre un meurtre d'une violence inouïe dans une salle de jeu avec cascade de niqué à l'appui, également une course poursuite très fluide et bien gérée en termes de réalisme (le recours aux écrans défilants est ici réduit a son strict minimum).

Une bonne histoire donc, mais vraiment un poil gâchée par une narration qu'il aurait fallu rendre moins complexe.

6,5/10
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Chevauchée des Bannis (La) - 8,5/10

Messagepar Jed_Trigado » Lun 30 Mar 2015, 15:30

La Chevauchée des Bannis - André De Toth (1959)


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André De Toth est désormais un nom que je rajoute dans ma liste de réalisateurs old school a suivre, après m'avoir mis sur les rotules avec son film de commando poisseux Enfants de Salauds, voilà que je me prends une nouvelle baffe avec La Chevauchée des Bannis, son ultime western (et film hollywoodien par la même occasion), une œuvre atypique prenant a rebrousse-poil le spectateur qui a du surement influencer Le Grand Silence par son ambiance ombre et enneigée.

Commençant comme un huis-clos paysan où la poignée d'habitants d'un village paumé va être bouleversée par un conflit personnel, a base de querelles de territoire et d'histoires de femmes (Robert Ryan est montré au départ comme un être sur de lui, capable de foutre la merde dans un cadre paisible en apparence pour arriver a son but), la tension monte lentement d'autant que les décors se font vides et délabrés, le NB donne un aspect sale au film et la mise en scène de De Toth n'est jamais m'as tu-vu, se faisant "remarquer" qu'a des instants bien précis : le meilleur moment étant un travelling latéral à la finalité imprévue, accompagnant le mouvement d'une bouteille qui roule sur un comptoir, puisqu'il va faire basculer visuellement l'évolution du film, passant d'un drame rural a une prise d'otages qui joue énormément sur la tension sexuelle d'une troupe de bandits muselée par l'impeccable Burl Ives. De Toth retourne a la force émotionnelle d'Enfants de Salauds, c'est-a-dire utiliser le décor a son avantage et la gestion du temps pour éreinter les acteurs, les pousser a bout pour montrer une image peu reluisante de l'Homme dans un contexte de crise, un sujet certes déjà vu mais traité ici avec une vraie cohérence et une réalisation toujours forte de sens. Je garderais outre le plan que j'ai cité plus haut, une dernière partie très originale et cruelle qui nous rappelle que la Nature est probablement le pire adversaire qui soit.

8,5/10
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Lord of War - 8/10

Messagepar Jed_Trigado » Mer 01 Avr 2015, 22:02

Lord of War - Andrew Niccol (2005)


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Même si la carrière d'Andrew Niccol est plus constituée de bas que de hauts, il faut reconnaitre que lorsqu'un sujet lui tient a cœur, il est capable de donner le meilleur de lui-même pour le défendre à l'écran. Si beaucoup retiendront Gattaca, je lui préfère Lord of War qui est certes très référentiel dans son approche (l'ombre de Scorsese plane tout au long du film) mais a le mérite d'aborder un sujet qui m’intéresse tout particulièrement : l'importance d'un mal nécessaire dans toute société. En effet quoi de mieux qu'évoquer le trafic d'armes pour questionner les contradictions profondes d'un personnage cynique et séduisant dont la finalité de ses actes permettent des choses horribles. Niccol a eu les couilles de ne pas atténuer la charge de son propos (qui n'aurait probablement jamais plu aux lobbyistes des armes a feu qui pullulent aux States) en allant chercher son fric à l'étranger pour proposer un film libéré de la moindre contrainte, tout en ayant un budget suffisamment confortable pour faire une œuvre crédible en termes de production design (on voyage beaucoup et la démesure se voit toujours a l'écran).

Lord of War a une qualité qui saute aux yeux, à l'image de son personnage principal, il est incroyablement amadouant, que ce soit par la forme très "bling-bling" ou la fluidité de la narration, la sauce prend très vite et on se prend a suivre avec passion le parcours hallucinant de Yuri Orlov (Nicolas Cage n'ayant pas trouvé depuis un rôle a cette hauteur), qui va passer de la misère de Little Odessa aux hautes sphères du crime en vendant des armes aux plus grands dictateurs du monde là comme d'autres vendraient des frigos. C'est d'ailleurs là que se situe la seule faiblesse du film, en optant pour une structure "thèse/anti-thèse" qui me semble facile, après nous avoir presque fasciné devant la figure d'Orlov, Niccol surligne un poil trop son propos en nous montrant que le mensonge perpétuel et l'absence d'éthique mènent a la perte dans une seconde partie où tout son univers jusque là bien huilé va s’effondrer progressivement (la vraie faute de gout étant le sort du perso de Ian Holm et tout le trip foutraque en Afrique qui s'en ensuit derrière), pourtant il arrive a me surprendre ne serait-ce que par le perso de Bridget Monayahan qui aurait pu n’être que la simple poupée de rêve que l'on épouse pour impressionner la galerie mais dont l'évolution devient interessante dans la deuxième heure. Idem pour le perso de Hawke qui n'est certes qu'un personnage fonctionnel mais dont la finalité rassure sur l’absence de concessions dont a profité Andrew Niccol pour ce projet, à l'image de ce dialogue final ente Cage et lui qui remet a flot les intentions de base du film.

Une œuvre paradoxale, qui sait attirer le chaland pour mieux l'alarmer sur un sujet de société poignant, tout en abordant des thématiques universelles et qui reste toujours aussi efficace dix ans après sa sortie.

8/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Sam 04 Avr 2015, 15:23

L'Héritage de la Haine - James Foley (1996)


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Je crois que je vais arrêter Grisham au cinéma, a part Le Droit de Tuer (que j'aime pour des raisons pas très louables ^^), ce type a le don de titiller les plus bas instincts du spectateur avec une hypocrisie qui frise l'indécence, la base c'est un peu Music Box a l'envers, autrement dit prendre la défense d'un type indéfendable (Gene Hackman parfait en mec raciste) déjà emprisonné, sauf que son petit-fils avocat l'entend pas de cette oreille et va tout faire pour le sortir quitte a employer des arguments de défense ridicules. Si pendant la première moitié, le talent de James Foley a ne jamais rendre fonctionnel dans la mesure du possible sa réalisation fait illusion (notamment les trois premières scènes de parloir jamais filmées de la même manière, au fur et a mesure que la "confiance" s'installe), dès que la partie procès débarque, le soufflé écroule par la puanteur véritable du script où on essaye de relativiser les actes passés de Hackman, le summum étant tout un discours d'O'Donnell qui demande la clémence pour son grand-père parce que ce n'est pas de sa faute s'il est raciste, c'est celle de son père qui l'a éduqué dans la haine quand il était petit. :shock:

3/10


Mighty Quinn - Carl Schenkel (1989)


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Mighty Quinn est une sorte de Blaxploitation tardif, qui mélange influence BD, film noir et ambiance caribéenne assez rarement exploitée a l'écran. Denzel y joue le chef de la police de son ile (malgré un accent jamaicain à péter de rire, il faut admettre que son charisme n'est pas venu de jour au lendemain), un mec trop super cool (iconisé de manière assez drôle dès son arrivée) qui va se retrouvé a gérer sa vie perso, une enquête policière bien nawak et faire le couillon avec ses potes dès que possible, amis du sérieux passez votre chemin, on est clairement dans un monde d'opérette coloré où tout les clichés possibles et imaginables sont présent à l'écran : on dort dans des hamacs, on aime la ganja et bien sur il se passe pas une seconde sans qu'un morceau reggae ou dancehall ne tourne. Dommage que le film s'éparpille trop sur sa durée, bien qu'il se regarde sans mal, on ne dépasse jamais le stade de la séance curieuse.

5,5/10


Dark Angel - Craig R Baxley (1990)


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Un petit plaisir coupable que j'ai revu à la hausse (merci la VF a base de "vas te faire emplâtrer pédé"), le second film du cascadeur et réal de seconde équipe émérite Craig Baxley est un mix improbable entre le buddy movie et le film SF musclé où on fait péter le moindre élément du décor dès qu'on peut, la bonne époque en somme. Très vite l'aspect bancal du récit s'efface par une science du rythme et un cachet visuel nocturne si particulier (on sent l'influence Joel Silver) qui savaient en donner au spectateur, sans parler de la présence de Dolph et ses répliques énormes qui me font le film ("C'est une espèce de pédé de l'espace !"). Pas grand chose a en dire de plus, si ce n'est que c'est toujours aussi bonnard et bien réalisé, c'est triste que Baxley ait préféré se consacrer a une carrière télévisuelle par la suite...

7/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Alegas » Sam 04 Avr 2015, 15:49

Ton avis pour le Foley est largement référencable AMHA.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Jed_Trigado » Sam 04 Avr 2015, 16:04

J'en ai pas très envie personnellement.
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Piège (1961) (Le) - 7/10

Messagepar Jed_Trigado » Sam 04 Avr 2015, 18:45

Le Piège - Nagisa Oshima (1961)


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Première commande d'Oshima (et considéré a tort je trouve comme une œuvre très mineure), Le Piège est un film qu'il a été contraint de faire suite au scandale qu'avait provoqué son précédent film Nuit et Brouillard au Japon, il s'agit de l'adaptation d'une nouvelle très populaire à l'époque qui mettait en avant les vertus de la culture paysanne, pourtant Oshima est toujours là où on ne l'attend pas en refusant de jouer le jeu, puisqu'il décide de transformer le film pour le faire coller a son univers et ses revendications, dès lors hors de question de flatter les paysans dans le sens du poil et place a un huis-clos dans un village montagnard reclus où tous les habitants vivent tous dans le mensonge, gardant leurs histoires de fesses et autres rancœurs personnelles sous formes de messes basses, cet "équilibre" sera rompu par l'arrivée inattendue d'un soldat américain (noir de surcroit, ce qui permettra bien avant Kamikaze Taxi d'évoquer un sujet rarement abordé au Japon, celui du racisme). Dès lors, le réalisateur fait ce qu'il sait le mieux, poser un regard cru et satirique sur ses congénères, réussissant ce qu'il avait complètement raté avec la Pendaison (exit donc la théâtralité lourdingue et les acteurs en surjeu) tout en abordant un sujet très différent, celui de la responsabilité du Japon dans la Seconde guerre Mondiale.

Bien que je ne sois pas totalement d'accord avec lui dans sa vision des choses (il a tendance a confondre la notion d'Etat japonais et de peuple), Oshima a le mérite d'être courageux et d’évoquer le manque d'égard du Japon par rapport a ses crimes de guerre (même si le massacre de Nankin a été enfin reconnu au milieu des années 2000, ce n'est toujours pas le cas des expériences du Camp 731 par exemple). A travers cette métaphore parfois lourde mais efficace, Le Piège montre un microcosme flippant, qui préfère dénigrer l'étranger (et même les jeunes générations) au lieu de se regarder en face et apprendre de ses échecs , j'ai d'ailleurs encore une fois pensé a Masaki Kobayashi, plus précisément a son chef d'oeuvre Hara-Kiri qui partagent cette même conclusion sur l'Histoire, le temps qui passe et sa facilité a occulter le pire. Violent et désespéré comme toujours Oshima n'en délaisse pas la belle image, offrant une réalisation vraiment efficace même si certains gimmicks sont déjà là (ses fameux plans séquences qui me semblent ici assez peu utiles) et malgré quelques baisses de rythme, le film est suffisamment condensé pour ne pas emmerder le spectateur peu trop habitué au tempo des films japonais de cette période. Dernière chose qui fait perdre des points au film, les dix dernières minutes qui sont en trop, en faisant que surligner ce qui a été compris lors du plan du cercueil (autrement c’était dans mon top 3 Oshima).

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Dernier des géants (Le) - 2/10

Messagepar Jed_Trigado » Dim 05 Avr 2015, 22:03

Le Dernier des Géants - Don Siegel (1976)


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Je vais un peu raconter ma vie, ce qui est bien avec les rétros du Bomcast ça me rappelle parfois que j'ai tendance a acheter un peu n'importe quoi dans les boutiques d'occase sur la foi d'un réalisateur, d'un acteur ou d'un autre détail juste pour faire mon complétiste, sans forcément être attiré par le film en question, du coup j'ai repoussé l'échéance avant d'enfourner Le Dernier des Géants dans mon lecteur. Quelque part, je me dis que ce n’était pas pour rien....

Ce film c'est la rencontre improbable entre deux icônes du cinéma américain : d'un côté, Don Siegel réalisateur émérite qui s'est véritablement trouvé dans le Nouvel Hollywood et de l'autre, John Wayne, l'ultime relique d'un cinéma a papa dépassé, une anomalie qui aura survécu aux 70's a gros renfort de tentatives timides de bousculer son image (je pense a ses deux polars, sympathiques si l'on excepte la rigidité consternante de Wayne), mais rien n'y fait, cet acteur était voué a disparaitre tant celui ci n’était plus en phase avec son temps et ce sera d'ailleurs son ultime film. Si l'on peut admirer sa persévérance a vouloir rester en haut de l'affiche, je me rends compte que la vision du Dernier des Géants est pour moi l'exemple absolu de ce qu'il ne faut pas faire pour enterrer une légende, ici Wayne n'est jamais au meilleur de sa forme, il passe 90% du film assis a parler de sa maladie, a faire la morale aux autres et pire on l'entend parfois galérer a sortir ses répliques tellement il est au bout (comme son perso dans le film, il était effectivement très malade sur le set), ce qui rend le film assez glauque a regarder au final.

Par honnêteté, je dédouanerais le travail de Siegel qui est handicapé par un projet raté d'avance, essayant tant bien que mal d'apporter un peu de dynamisme a l'ensemble et exploite assez bien les moyens qu'on lui alloue par une reconstitution crédible de cette période de transition entre Far West et civilisation.

2/10
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Starship Troopers - 10/10

Messagepar Jed_Trigado » Mar 07 Avr 2015, 17:32

J'ai gardé une petite réserve de vieilles critiques déjà postées auparavant du temps de Band of Movies que je vais désormais reposter de temps a autre, histoire qu'elles ne se perdent pas.

Starship Troopers - Paul Verhoeven (1997)


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"Dans mon unité tout le monde se bat, personne se barre !"

C'est par cette phrase culte que j'entame ma critique de Starship Troopers, film hautement méta-textuel, terrifiant et jouissif sans aucun égal en dehors peut-être de Battle Royale dans l'histoire du cinéma. On aura décidément beaucoup jasé à tort et à travers sur le résultat final qui s'avère être un mélange saugrenu de Beverly Hills, Star Wars et Full Metal Jacket, le tout emballé avec le cynisme légendaire du hollandais Verhoeven durant sa carrière américaine. Après un Showgirls qui aura certes bien fonctionné commercialement, Paulo s'est résigné à revenir au genre qui l'a popularisé et s'est entouré à nouveau de sa dream team du temps de Robocop : le chef opérateur Jost Vacano (fidèle du réalisateur depuis Soldier of Orange), le scénariste Ed Neumeier et le terrible Basil Poledouris à la musique répondent présents. Le résultat sera à la hauteur de leur précédente collaboration, c'est peu de le dire !
La filmographie de Verhoeven a la particularité d'avoir souvent eu des films miroirs, comme Katie Tippel qui annonce Showgirls ou bien le Quatrième Homme qui est un lointain précurseur de son Basic Instinct, Starship Troopers ne déroge pas à la règle, il est en quelque sorte le petit frère de Robocop dans son aspect satirique et institutionnel. Par institutionnel, j'entends qu'il emploie tout les codes de la série B, les respecte et fait qu'il peut aisément supporter une vision au premier degré, du coup Paul fait le travail qu'on lui demande de faire : réaliser une œuvre populaire et accessible, il suffit d’enlever l'imagerie nazie du film et on a la un superbe actionner SF qui en donne pour son fric. Voilà la plus grande force de la carrière US de Verhoeven, avoir saisi les vertus du cinéma de genre pour réussir à toucher tout les publics, qu'ils soient distraits ou exigeants.

On pourrait en rester là et vanter le film sur ses mérites objectifs, mais ce serait bien sous-estimer sa portée méta-textuelle qui n'est pas tant une allégorie du nazisme (écouter à ce propos le commentaire audio du réalisateur qui se défoule comme un malade à ce sujet, pour info, c'est à cause de ce supplément en particulier que tous les gros éditeurs ont apposés un carton au début de chaque disque pour se dédouaner de tout propos émanant d'un bonus), qu'une désacralisation de l'American Way of Life : le futur y est montré de façon idyllique, le ciel est bleu, les décors sont propres et les gens sont beaux, trop pour être vrais, une vraie société fascisante qui ne laisse pas de place au grain de sable qui pourrait gripper ses rouages (il est amusant aussi de constater que nos héros playboys sont installés à Buenos Aires, laissant augurer une harmonisation territoriale et donc une disparation progressive de la culture latine au profit de la société WASP, même leurs noms latinos ne font pas illusion là dessus). Dès le premier plan, Starship Troopers joue la carte de la dérision et du second degré avec une succession de spots visuellement kitsch aux images aberrantes vantant tour à tour le confort de vie sur Terre, les armes à feu (des gamins vont jusqu’à jouer avec des fusils mitrailleurs en rigolant !) et bien sur la menace insectoïde, soi-disant nuisible pour la vie humaine qui en prend pour son grade. Mais plus que dans ce procédé qui est le lien le plus flagrant avec Robocop, c'est davantage dans sa mise en scène volontairement télévisuelle, proche d'un épisode de Beverly Hills que la vision radicale de Verhoeven prend forme, en jouant sur des codes connus de tous, il s'attaque donc à l'image qu'un pays nous renvoie par sa culture bien pensante où seuls la beauté et la bonne morale ont le droit de cité.

Loin de se limiter qu'a la seule image médiatique des States, Starship Troopers est aussi une métaphore plus qu'évidente sur l'interventionnisme américain et ses échecs, je pense que l'on s'égare à vouloir faire le rapprochement avec la Seconde Guerre Mondiale (qui a toujours travaillé la tête de Verhoeven) qui en dehors de la débâcle de Klendathu qui renvoie à celle du Débarquement en juin 44 et des tenues de SS portées par nos braves troufions, le vrai parallèle se situe davantage vers le conflit vietnamien où l'Amérique à payé très cher son ingérence. Comme Aliens le Retour, on y voit une armée trop sure d'elle et de ses technologies, reléguant la stratégie et la compréhension de l'ennemi au second plan, on a donc une bande de rambos en puissance qui se mettent à 10 sur un seul insecte au lieu de les repousser tous progressivement, et qui tombent comme des bleus dans des pièges à cons sur un terrain qu'il ne connaissent absolument pas (les fameux "tunnels rats" qui ont contribué à la victoire des viet congs sont présents). Ceux qui y ont vu une apologie de l'armée américaine auront bien tort, puisqu'on est plus chez GI Joe que dans Stalingrad pour le coup, avec une armée totalement désorganisée, croyant gagner en fonçant droit dans le mur, mais n'oublions pas que Paulo reste un cynique et au lieu d'en faire une leçon, il va persévérer à montrer cette confiance inaltérable en eux, leur donnant le dernier mot de l'histoire, alors que nous spectateurs savons très bien que nos troufions s'égarent et vont contribuer sans s'en rendre compte à la machine de propagande fasciste où il faut humilier l'ennemi sans vraiment comprendre pourquoi ils doivent agir avec tant de cruauté. Difficile de faire plus retors comme point de vue.

Starship Troopers demeure l'une des plus belles réussites de la période US de Paul Verhoeven, en étant tout d'abord un redoutable actionner SF fun, généreux et qui n'a absolument pas vieilli en termes de SFX (alors que le film a plus 15 ans, chapeau !), un vrai film culte qui supporte indéfiniment les revisionnages et donc un film révolté dont l'acidité de la satire peine à faire des petits dans le paysage cinématographique mondial.

10/10
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Re: [Jed_Trigado] Mes critiques 2015

Messagepar Mark Chopper » Mar 07 Avr 2015, 17:35

D''accord à 100 % :super:
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