Confessions, de Tetsuya Nakashima (2010) L'histoire : Une enseignante découvre que deux de ses élèves ont assassiné sa fille de quatre ans. Elle annonce alors à sa classe qu'elle démissionne, mais pas sans avoir inoculé auparavant le sida aux deux lycéens meurtriers...Avec cette adaptation d'un roman de Kanae Minato, le cinéaste Tetsuya Nakashima délaisse l'univers visuel très coloré de
Kamikaze Girls,
Memories of Matsuko et
Paco and the Magical Picture Book au profit d'une esthétique plus froide, afin d'épouser l'implacable noirceur de son sujet... Aucun espoir ne semble permis dans
Confessions, tant du côté des enseignants, avec cette mère célibataire prête à tout pour accomplir une vengeance que Park Chan-wook n'aurait pas reniée, que de celui des élèves (le film évoque le harcèlement scolaire et la démission parentale). Un seul personnage, à vrai dire, donne l'impression de conserver son humanité tout au long de cette marche funèbre : une lycéenne qui tente, en vain, d'apaiser la folie de son entourage... Mais lorsque celle-ci tend une main pour venir en aide à celui qu'elle aime, ce dernier ne se décide à la saisir que pour mieux l'assassiner.
Les points forts de
Confessions peuvent se confondre, aux yeux de certains, avec ses pires défauts. La structure narrative voit ainsi se succéder plusieurs points de vue qui montrent les événements sous un jour différent, à la manière de
Rashômon, et permettent de comprendre les motivations des personnages... aussi inexcusables soient-elles. Mais cette approche chorale peut parfois décontenancer. Les choix formels, surtout, risquent de diviser, avec une stylisation extrême qui flatte souvent la rétine, au risque de tendre vers un certain maniérisme : ralentis en pagaille, esthétisation de la violence, photographie ultra-léchée... d'où une froideur qui étouffe en partie l'émotion. Certains y verront une volonté d'allier le fond et la forme, une manière de transposer à l'écran l'effondrement d'une société en proie à l'anomie, quand d'autres se sentiront tenus à distance.
L'ultime scène, toutefois, clarifie l'intention première de Tetsuya Nakashima : présenter des personnages qui cherchent à tout prix à exorciser leur souffrance... et capables de retrouver leur humanité alors qu'ils la croyaient à jamais disparue.
Note : 7/10