Birdman - Alejandro Gonzalez Inarritu - 2015
Inarritu, j'aimais bien. Avant. Et puis j'ai revu 21 Grammes et là j'ai souffert. Ou comment un réalisateur photocopie son film précédent (Amours Chiennes, le meilleur car le plus brut de décoffrage), invite des stars pour faire la tronche devant sa caméra et récolte les louanges des critiques et spectateurs du monde entier. Puis viendra ensuite la version mainstream (Babel), le tout formant une trilogie surchargée de pathos et pas bien excitante si on lui ôte son artifice consistant à déstructurer la narration. Pas vu la suite (Biutiful) et c'est peut être mieux comme ça. 2015, Birdman dans la place, porté aux nues par la terre entière et chronique d'une moisson de statuettes annoncée. Soit une pantalonnade qui verse un peu trop dans la facilité, tant technique que narrative. Constitué uniquement de plans séquences, certains brillants (l'intro, Keaton à oilpé dans la rue) quand d'autres ne se justifient absolument pas comme ces scènes d''introspection à base de caméra qui tourne sans cesse autour des personnages, ça devient chiant et ça rend limite nauséeux.
En marge de cela, on est clairement face à un film qui permet à la profession de se donner bonne conscience. On se remet en question mais pas trop, du coup on s'auto-congratule dans les cérémonies de remise de prix. Birdman est constamment sur le fil en terme de représentation de l'amour propre des acteurs. Néanmoins, paradoxe ultime, il faut saluer les performances des interprètes. Keaton est excellent, et aurait bien mérité de grimper sur l'estrade du Kodak Theatre tant il se démène comme un beau diable. Les seconds rôles sont plutôt à l'avenant. Mais voilà, qui intéresse réellement ce film hormis les gens de la professions et ceux qui les idolâtrent. Tout ça est un peu trop méta, on se poile bien par moment, on est circonspect à d'autres. L'emballage, gratifiant pour le genre, n'a-t-il pas tendance à détourner l'attention d'un script là encore pas franchement transcendant? Car si on y regarde de plus près, Birdman conte simplement l'histoire d'un acteur has been qui s'accroche fièrement à son statut d'ex idole. Le lot quotidien sous le ciel californien. Apparemment, il faut crier au génie mais je cherche toujours pourquoi. Parce qu'il jouit d'une réalisation chiadée et d'un casting conquis par le projet, Birdman sait se faire apprécier mais soyons sérieux quelques instants, meilleur film de l'année?
6/10