Chappie de Neil Blomkamp
(2015)
Le troisième film de Neil Blomkamp confirme grosso modo ce que l'on pouvait présager après la déception Elysium, à savoir que le bonhomme n'arrive pas à réitérer le succès de District 9, ou plus précisément qu'il n'arrive pas à se renouveler depuis ce premier long-métrage. Qu'un cinéaste possède son univers et ses thématiques soit, encore faudrait-il qu'il les fasse évoluer par un traitement qui change de film en film, car là on retrouve exactement la même recette que ses précédents longs, à savoir de la SF contemporaine teintée d'action. Peu d'évolution donc, surtout de la régression dans le sens où le réalisateur se contente de faire la même chose, notamment quand il s'agit de parler des relations entre humanité et robotique. Non seulement le sujet a déjà été traité de façon plus brillante par le passé (A.I. étant le meilleur exemple qui me vient à l'esprit) mais en plus la comparaison avec les aliens de District 9 en devient évidente, jusque dans le final qui en reprend les grandes lignes. Là encore, si le traitement global du métrage se différenciait largement des précédents essais de Blomkamp, cela irait, mais là on est vraiment face à un réalisateur qui peine à avancer, convaincu qu'il pourra toujours proposer à son public la même chose pour qu'il soit applaudi. Une nouvelle fois, la présence d'un producteur fort comme Peter Jackson aurait sûrement été souhaitée.
Mais l'autre problème du métrage tient place dans un choix de casting incompréhensible, à savoir les membres de Die Antwoord, groupe de rap sud-africain à l'identité forte qui vampirise le métrage, non seulement visuellement (il faut voir ce jeu d'acteur poussif) mais aussi musicalement puisqu'on se tape leurs plus gros tubes (insupportables à mon sens) toutes les cinq minutes, à croire que Blomkamp souhaitait faire la promo de ses compatriotes coûte que coûte. Du coup, difficile de se concentrer sur les bons points du film, comme ce Chappie presque émouvant qui s'avère être le meilleur acteur du film, surtout lorsqu'on a en plus un script qui tombe toujours dans la facilité, entre une menace écrite avec les pieds et une dernière demi-heure qui tombe presque dans le hors-sujet avec LA facilité scénaristique de l'année. Difficile en ce qui me concerne de faire la moindre prévision sur son futur épisode d'Alien, mais je commence à croire qu'il faudrait que Blomkamp fasse, au moins une fois, autre chose que de la SF, et ce afin de se renouveler de façon efficace.
4/10