[Nulladies] Mes critiques en 2015

Modérateur: Dunandan

Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Nulladies » Lun 02 Mar 2015, 06:41

Mark Chopper a écrit:là ça reste abscons comme une private joke.

Le mec qui n'a pas vu le film, il est bien avancé.


Le film est assez proche de ça, abscons... Autant préparer les gens, non ? :wink:
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Eldorado - 8/10

Messagepar Nulladies » Lun 02 Mar 2015, 06:43

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Eldorado, Bouli Lanners, 2008


Le pays où la vie est moins chère.

Dans Eldorado, les gens sont assez cons, et ils le savent. Alors, la plupart du temps, ils se taisent.
C’est mieux comme ça.
Parce que sinon, ils ont tendance à ne pas savoir quand fermer leur gueule, et le jeu du « Non – Si » peut durer au-delà de toute limite raisonnable, ou se disputer à propose de cigarettes qui n’existent pas.

Dans Eldorado, il y a des morts. Que ce soit des frères ou des chiens ne change pas grand-chose. On porte toujours ça avec la même peine rentrée, et on va de l’avant.
Il y a des gens, aussi, au fil de la route. C’est sympa, parce qu’ils sont aussi étranges que les visiteurs. Alain Delon est un naturiste solidaire, et tous, à un moment ou un autre, ont un conseil à donner. On écoute, ou pas, et on reprend le volant.

Dans Eldorado, les paysages et la photographie sont superbes, tout comme la bande originale. Tout ce qui entoure et emballe les gens, en fait. Comme pour combler ; ou justifier qu’on continuer de tracer sous ce ciel bas et lourd, vers une frontière qui n’advient pas.

Dans Eldorado, on se fout clairement de notre gueule, et c’est là la grande réussite du film. On nous fait croire un moment que le film qui partait tellement de côté va finir par reprendre les rails de la convenance. Amitié, rédemption, deuil, décrochage de la dope, tout ça. Et on laisse en plan le spectateur comme le personnage principal, face au trou du réel et à celui qu’il creuse dans un champ. On boucle une boucle, mais pas la bonne, et on attend le noir de l’écran qui nous force à quitter ces compagnons éphémères.
Floués.
Emus.
Chapeau.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar osorojo » Lun 02 Mar 2015, 08:47

Intriguant, je ne connais pas du tout, un film à proposer pour le challenge ça ! :mrgreen:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Criminale » Lun 02 Mar 2015, 13:30

La seule chose dont je me rappelle c'est pas mal de passages chiants et une jolie photo.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar osorojo » Lun 02 Mar 2015, 13:48

Et où est donc ta critique ?? :mrgreen:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Criminale » Lun 02 Mar 2015, 17:31

Je l'ai vu au ciné en 2008 à cette époque c'était pas encore trop mon truc. :mrgreen:
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Batman - 6,5/10

Messagepar Nulladies » Mar 03 Mar 2015, 06:53

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Batman, Burton, 1989


Du crime et du spectacle il se proclame archange : Chanson de geste

Des bas-fonds ombragés aux anguleuses cimes
Minérale et obscure, vous voici dans Gotham
Lascive et vénéneuse expressionniste dame
Qui chante sa beauté par d’innombrables crimes.

Au sein du flot grouillant de lumières factices
Les cuivres rutilants accueillent l’intrusion
D’un drapé de cuir noir, oiseau de confusion
S’invitant dans Babel pour y faire justice.

Au sourd deuil fondateur du sombre milliardaire
Répondent les saillies d’un rutilant vandale
Ruinant par ses bons mots ou à coup de mandales
L’idylle en devenir pour la blonde incendiaire.

Car un nouveau venu émerge de la fange
Et impose à la foule un carnassier sourire.
Cartoon et cabotin, rimant sans coup férir
Du crime et du spectacle il se proclame archange.

Puisque les grands enjeux sont le pain et les jeux
Libérons les instincts de leur funeste cage !
Distribution de fric, cosmétique et saccage
Pourriront les faciès et les cœurs de ces gueux.

La danse colorée de cette mise à sac
S’organise en parade hargneuse et nihiliste
Et dans ce rutilant et cruel jeu de piste
La justice et la loi sont dans un cul de sac.

C’est donc au toit du monde en un clocher gothique
Que le tango fatal, savant déséquilibre
Changera de danseur dans une chute libre
Sous le coup éternel d’un grand rire hystérique.
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Re: Birdman - 4/10

Messagepar Val » Mar 03 Mar 2015, 18:52

Je reviens sur ta critique de Birdman, comme je sors du film :

Nulladies a écrit:En résulte un ensemble passablement indigeste, boursoufflé, faisant feu de tout bois et s’empêtrant dans toutes les béquilles qu’il ne cesse d’ajouter à ses excroissances… et l’envie furieuse de revoir Opening Night de Cassavettes.


Totalement d'accord avec tout ton texte (sauf peut-être Emma Stone^^) mais particulièrement cette dernière phrase. J'avais le film de Cassavetes en tête pendant toute la séance, et la comparaison fait mal à ce pauvre Birdman.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Nulladies » Mar 03 Mar 2015, 18:55

Val a écrit:Totalement d'accord avec tout ton texte (sauf peut-être Emma Stone^^) mais particulièrement cette dernière phrase. J'avais le film de Cassavetes en tête pendant toute la séance, et la comparaison fait mal à ce pauvre Birdman.


Merci, je me sens moins seul...
Mais c'est vrai qu'il y a des modèles plus pesants que d'autres.
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My sweet pepperland - 7,5/10

Messagepar Nulladies » Mer 04 Mar 2015, 06:45

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My Sweet Pepperland, Hiner Saleem, 2014


Pour une poignée de mollahs.

Le vent frais du renouveau souffle sur My Sweet Pepperland : un pays nouveau-né qui doit apprendre l’indépendance et l’application de la loi, de jeunes protagonistes bercés d’illusions et en prise avec un réel immobiliste, un genre enfin, le western mâtiné ici d’une fraicheur étonnante, entre la fable noire et le conte bienfaisant.
La scène d’ouverture donne le ton : la pendaison amateur à un panier de basket, qui prête à sourire dans ses échecs, ne s’en finit pas moins sur un plan sordide. Ce mélange des registres va irriguer tout le film, qui sait prendre l’occidental par la main pour mieux le perdre dans un récit aux épices inconnues.
Trop saints pour être entièrement convaincants, nos deux protagonistes, hérauts de la loi ou de l’éducation, sont beaux, phares dans l’obscurantisme ambiant. Face à eux, les tenants du désordre établi ont des mines patibulaires, de gros flingues et peuvent, à l’image des frères de la jeune rebelle, faire preuve d’un ridicule assez risible s’il n’était aussi dévastateur.
Au charme insolite de cette communauté improbable, dans laquelle on croise des mères castratrices et des combattantes bimbo qu’on croirait sorties des vidéos télévisées de Jackie Brown, s’ajoutent les splendeurs d’une nature aussi vaste qu’humide, de montagnes verdoyantes dans lesquelles on se cache ou l’on se pourchasse. Fluide dans ses soubresauts, le film alterne des nuits aux portraits proches de Delatour avec des saillies de violence nimbées de la même superbe, comme ce combat entre chevaux qui préfigure la tuerie à venir.
Au vu des thématiques qu’il traite, My Sweet Pepperland est finalement d’une profonde intelligence : sans vouloir verser dans le pathos que son sujet impose, sans prendre le parti d’un réalisme brut, il parvient à évoquer le poids de la religion, le fanatisme, la paix fragile et l’étouffante tradition avec un sens rare de l’équilibre.
Car s’il est une chose à laquelle il ne renonce jamais, c’est la beauté, des femmes, de la nature ou d’un idéal, qui colorent cette fable d’un éclat tout à fait singulier.
Critiques similaires
Film: My sweet pepper land
Note: 7,5/10
Auteur: osorojo

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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Scalp » Mer 04 Mar 2015, 07:51

Cte grosse merde ce Batman.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar osorojo » Mer 04 Mar 2015, 09:14

Bien d'accord avec toi pour My sweet pepperland (un titre pour toi ça ^^), une jolie surprise que j'étais allé voir sans rien en savoir l'année dernière. Réussir à aborder autant de thèmes sensibles sans sortir ni violon, ni démonstration balourde, j'avais trouvé ça assez admirable. Et j'ai beaucoup aimé le petit intermède musical au Hang :love:
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar Criminale » Mer 04 Mar 2015, 10:51

Oh oui ce passage au hang vraiment fabuleux.
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Inherent Vice - 7,5/10

Messagepar Nulladies » Jeu 05 Mar 2015, 06:42

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Inherent Vice, Paul Thomas Anderson, 2015



Vers l’asile, détective privé.

Pour pénétrer le continent Inherent Vice, un seul mot d’ordre : lâcher prise. Devise singulière si l’on songe à la pétrification qui guettait Paul Thomas Anderson au fil de son précédent et sur-maitrisé Master. Ici, nulle trace de cette rigidité, de cette ostentation d’une mise en scène parfaite et pénitentiaire pour son récit comme ses personnages.
En adaptant le profus et unique Pynchon, Anderson se libère d’un carcan et met son talent au service d’un plaisir retrouvé. Celui d’une narration délirante et paranoïaque dans laquelle vont se croiser nazis et narcotrafiquants, bouffeuses de chattes et hippies, junkies et infiltrés, flics et dentistes, dont la seule liste des noms propres vaut son pesant d’or, de Japonica à Shasta Fay, Sortilège, Sauncho Smilax, Petunia ou Coy Harlingen… Dans les vapeurs pourpres du L.A des 70’s, et sous les feux d’une BO d’enfer (originale du fidèle Greewood, mais convoquant aussi les références comme Neil Young ou le splendide Vitamine C de Can) tout semble possible, et rien n’est immuable : les faciès hébétés des adeptes de la fumette, les décors chamarrés (murs de moquette, canapés crème) et la ville elle-même en proie aux assauts des promoteurs immobiliers.
Le charme incongru du cette exposition atypique est évidemment attribuable à Pynchon, et Anderson parvient à restituer la singularité littéraire du maitre énigmatique. En faisant de Sortilège (séduisante Joana Newsom) la narratrice en off, en citant des passages explicites, le récit prend une patine supplémentaire.
Enquête tortueuse et à ramifications multiples, Inherent Vice affiche certes, dans sa première heure, une certaine parenté avec The Big Lebowski. La façon dont Phoenix gare sa voiture ou gère chaque inspiration par une taffe y fait beaucoup, et on saluera sa prestation, qui, peut-être sous l’influence de l’herbe, excelle dans une mesure qu’on lui connait rarement. Le délire ne se limite pas à l’attitude des personnages, mais contamine le récit tout entier, et cette alchimie hallucinogène est l’une des grandes réussites du film : souvent en contre plongée, dans des décors singuliers filmés avec un talent indiscutable, les protagonistes entrainent à leur suite un monde qui bascule dans sa totalité. Les comédiens sont tous excellents, avec un mention spéciale pour Josh Brolin, usant de divers artifices (doigté d’expert, bananes glacées aux lèvres) pour une composition assez hilarante.
Au fil de cette enquête qui n’en finit pas de se démultiplier, l’instabilité gagne les statuts (amoureux, vivants ou morts, légaux, criminels) mais aussi le langage lui-même : les échanges entre Brolin et Phoenix sont en ce sens particulièrement jubilatoire, entre malentendus et jargon déficient, tout comme la relation avec Sashta culmine dans un plan séquence fixe aussi torride qu’ambivalent.
Totalement impossible à résumer, l’intrigue nous perd avec son détective, qui se laisse porter avec une nonchalance providentielle. C’est là où le film peut finir par accuser certains essoufflements. 2h30 de retournements et de changements de directions ne se font pas sans certains dégâts, et si l’ennui pointe discrètement au fil de longueurs dispensables.
Car l’ambition assez nette de la durée est celle de faire basculer le récit vers des profondeurs que son exposition ne soupçonnait pas. Angoisse de la perte, de voir s’achever une période insouciante sous les crocs dorés du capitalisme sauvage que Reagan incarnera prochainement, deuil du couple ou valeurs immuable de la famille (la sous intrigue et sa résolution avec Owen Wislon, assez falote)… Le film, déjà volontairement saturé, s’épuise à vouloir ratisser trop large, d’autant que son rythme se ralentit progressivement, mettant le spectateur à rude épreuve (4 ou 5 spectateurs ont abandonné, j’avais rarement vu ça…).
L’ambition d’être un auteur hors norme est donc toujours d’actualité pour Paul Thomas Anderson : ce n’est pas pour rien qu’il s’est attaqué à Pynchon. Légèrement débordé par celle-ci, il accouche d’un film qui a beaucoup de mérite quant à son originalité et le talent avec laquelle elle est traitée, et qui poursuit une carrière exigeante, sacrifiant les facilités glamour au profit d’une exploration tortueuse des genres et de la psyché(délie) humaine.
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Re: [Nulladies] Mes critiques en 2015

Messagepar elpingos » Jeu 05 Mar 2015, 09:45

:super:
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