[Jed_Trigado] Mes critiques 2015

[Dunandan]

Pendez les Haut et Court - Ted Post (1968)

Clint Eastwood avait quand même du nez faut l'avouer, au lieu de faire comme pas mal de ses compatriotes exilés en Italie en profitant de son statut de star pour enchainer les cachetons faciles, il va jusqu’à refuser la proposition de Leone de le faire apparaitre dans Il Etait une Fois dans l'Ouest pour retourner au bercail avec une idée bien précise : relancer le western dans son pays, préserver son intégrité tout en infusant certains aspects novateurs du western italien pour le faire évoluer. Pendez les Haut et Court son premier "vrai" western US est une œuvre bâtarde, pas vraiment aboutie ni d'un plan formel, ni thématique mais qui contient déjà les germes de l’œuvre du Eastwood réalisateur, le personnage de Jed Cooper est quelque part un Harry Callahan avant l'heure, un personnage qui subit la violence et ne peut y répondre sans sortir du cadre de la loi (Clint jette son étoile comme il se défait de son insigne à la fin de Dirty Harry).

D'ailleurs, là où on pourrait s'attendre à un film de vengeance stricto sensu, Post choisit une direction inattendue, en s’intéressant à la notion de Loi et de Justice dans un Far West qui se civilise de plus en plus, entre Cooper qui croit en un premier temps à la Justice en refusant de céder à la vengeance avant de tomber dans une certaine désillusion et se transformer en vigilante, mais aussi a travers le personnage du Juge joué par Pat Hingle qui est montré comme un fonctionnaire qui peut imposer ses règles du jeu sans contestation, il y avait une piste intéressante a traiter qui pouvait donner un excellent western mais qui s'auto-plombe régulièrement par des moments incohérents (certains clashs entre Hingle et Clint) quand ils ne sont pas inutiles (c'était obligé de foutre une romance dans la dernière demi-heure du film ?), on sent encore une certaine fébrilité et un manque de maitrise du genre, notamment dans la réalisation qui s'amuse timidement a singer les gimmicks du western spaghetti (les zooms rapides essentiellement). Malgré ses défauts assez ennuyeux, Pendez les Haut et Court a le mérite de détonner dans la filmo de Clint Eastwood, qui est impeccable comme toujours dès qu'il s'agit de jouer les tough guy, en plus les seconds rôles sont bien sympa (Ben Johnson, Ed Begley, Dennis Hopper ou Bruce Dern entre autres), un honnête western en somme.

6,5/10

[maltese]

Je mettrais un peu plus perso, mais je me retrouve bien dans ce que tu écris Un film qui vaut le coup d'oeil, l'un des meilleurs dans les "débuts" de Clint aux USA (enfin, l'après-Leone quoi...).

[puta madre]

Je le trouve trop sage, celui-là, trop lisse, à l'image d'un Clint rasé de frais là où il arborait une barbe de 3 jours chez Leone.

[Jed_Trigado]

Des mini-avis parce qu'en ce moment j'enquille les films à une vitesse dingue :

Radio Flyer - Richard Donner (1992)

Un Donner complètement méconnu qui fait figure de pause au milieu de la saga Lethal Weapon, avec un récit centré sur l'enfance et l'imaginaire en pleine Amérique des suburbs, on a limite l'impression d'être devant une production Amblin, si niveau réalisation et narration Radio Flyer est parfaitement maitrisé (on sent qu'il y a du métier), il m'a moins convaincu dans sa capacité a prendre le regard de l'enfance et tombe dans une mièvrerie embarassante là où le film est censé être plus glauque. Néanmoins, ça le mérite d'être honnête, sincère dans ce qu'il raconte et assez bien interprété.

6/10

Pour Cent Briques, t'as plus rien ! - Edouard Molinaro (1982)

Gros plaisir coupable ce film, je le rate a aucune de ses diffusions télé, le pitch est magique : deux branleurs au chômage décident de s’improviser braqueurs de banque. Avec un tel postulat, il y a de quoi faire de belles situations, le film étant d'ailleurs assez équilibré entre l'accumulation de merdes de Jugnot et Auteuil au début du film, la préparation du braquage avec Darry Cowl en concierge qui leur explique comment manier le M16 (énorme cette scène ) et enfin le fameux braquage où chaque otage vaut son pesant de cacahuètes en termes de réaction (la guichetière qui pète de rire à l'arrivée de Jugnot ), on a vraiment pas le temps de s'emmerder.

7,5/10

Le Guerrier d'Acier - Norberto Barba (1996)

On reste dans le registre "plus c'est con, plus c'est bon", mais là malgré quelques répliques impayables en VF et un rythme constant qui rend le film agréable a mater, on sent qu'il passe après un truc comme le Scorpion Rouge ou l'Homme de Guerre, Mario Van Peebles a beau bander les muscles comme il peut et jouer l’androïde comme une endive, Le Guerrier d'acier se démarque ni par son scénar', ni par sa réalisation, ce qui fait qu'on l'oublie très vite. En comparaison, même un truc comme le Soldier de Paul WS Anderson se distingue au moins par certaines séquences. A voir vraiment si on a envie perdre 1h30 sans prise de tête.

5/10

[angel.heart]

Pour Cent Briques, t'as plus rien, je l'ai pas revu depuis une bonne quinzaine d'années, mais c'est un film que j'adorais quand j'étais gamin.

J'ai voulu le revoir hier, mais madame a préféré regarder Le maître du jeu.

[Jed_Trigado]

The Weather Man - Gore Verbinski (2005)

Vous voulez un film qui condense tous les tics de la comédie indépendante d'une manière hilarante ? Weather Man peut s’avérer un mets de choix, tant j'ai trouvé que ça manquait d'honnêteté et de singularité a tous les étages, on dirait que Verbinski a sorti son manuel de la comédie actuelle illustrée : faut un héros dépressif faisant la gueule pendant tout le film, avec une famille complètement détraquée pour bien montrer qu'il a une vie de merde (les gamins de Cage en mode full retard), une voix-off omniprésente pour faire cool, une mise en scène faussement artistique a base de travellings latéraux qu'on a déjà vue mille fois ailleurs, tout ça pour s'achever sur un propos d'une bien-pensance rare. C’était assez gênant a mater au final, car même si Verbinski sur lâche a certains moments (la scène du camel toe. ), arriver a rendre un acteur de la trempe de Michael Caine complètement teubé et exploiter aussi mal une idée de base pourtant vue et revue, c'est vraiment la loose. La preuve je m'éternise pas sur cette merde, elle ne le mérite pas.

2,5/10

[Mark Chopper]

Caine il n'a besoin de personne pour être mauvais. Il cachetonne comme un goret.

[Jed_Trigado]

C’était plus le cas a cette époque.

[Scalp]

Caine il n'a besoin de personne pour être mauvais. Il cachetonne comme un goret.

C'est tellement vrai

[Dunandan]

School on Fire - Ringo Lam (1988)

School on Fire est une date dans la carrière du cinéaste Ringo Lam et dans l'histoire du cinéma hongkongais, parce qu'il conclut tout d'abord une trilogie magistrale sur les institutions qu'il avait initié l'année précédente avec City on Fire (suivi dans la foulée de Prison on Fire) qui marquait l'avènement d'un regard nouveau et profond à travers un genre codé (le polar) et une industrie alors en plein boom économique qui n'avait de cesse de reprendre les recettes qui fonctionnent jusqu’à plus soif. Mais cet opus possède quelque chose que ses deux prédécesseurs n'ont pas : c'est son détachement relatif à un quelconque genre et à une déontologie purement chinoise qui veut que l'on ne "doit" pas parler de problèmes sociétaux de manière directe, chose à laquelle Ringo Lam s'est toujours mis en porte-a-faux et lui aura posé pas mal de problèmes par la suite.

En effet, School on Fire sera le premier film maudit de sa carrière et se verra interdit, avant d'être censuré (la version intégrale peut être considérée comme perdue) lui ôtant quelques rares passages explicites montrant l'influence néfaste des triades sur les écoles, qui sont de véritables plateformes pour vendre de la came ou faire de la prostitution. Pourtant jamais à un seul instant, on peut accuser Lam de faire dans le racoleur et le gratuit tant sa vision ne s’embarrasse pas d'un quelconque pathos ou d'une violence injustifiée, il n'a même pas besoin de nous montrer les activités des triades à vrai dire pour nous choquer.
Ce qui est très alarmant, c'est qu'en à peine dix petites minutes, le spectateur aura compris qu'il observe une société malade, avec des institutions qui s'effondrent littéralement sous nos yeux (la scène de l'incendie de la bibliothèque est pour moi la plus signifiante du film) : la police est inefficace et l'éducation n'apporte aucun soutien, ni perspectives d'avenir à tel point que devenir un gangster devient une porte de sortie tout à fait raisonnable. Personne n'est tout est fait innocent dans cette dérive et la solution n'est pas donnée, preuve que Lam est observateur mais jamais donneur de leçons, c'est aussi la retranscription dans sa forme brute de son style, quoi qu'il arrive les choses ne pourront jamais aller mieux.

D'ailleurs son travail ne s'en remettra jamais non plus, puisque qu'il devra alterner commandes qu'il s'amusera à détourner (Touch and Go, Burning Paradise) et films personnels (The Adventurers, Full Contact, The Suspect ou Full Alert) qui n'auront plus la puissance formelle et rageuse de ce diamant noir ancré dans une époque bénie des dieux pour le cinéma.

9,5/10

[Jed_Trigado]

Daimajin - Kimiyoshi Yasuda (1966)

Premier volet d'une trilogie aux pitchs similaires mais qui a la qualité d'avoir le top du top des artisans du cinéma japonais aux commandes, ce qui permet au matériau de base pas forcément engageant au départ d'être parfaitement exploité pour divertir le spectateur. Comme la saga des Yokai, le "monstre" n'est pas le héros du film mais une entité neutre pendant une grande partie du film, qui est surtout une sorte de fable sur fond de vengeance où de gentils monarques et leur peuple vont subir la violence d'un tyran qui veut prendre le pouvoir. Un récit classique donc, mais avec un rythme et une réalisation parfaitement étudiées (j'ai jamais vu un film jap aussi bien fait dans l'incorporation de SFX ), me confirmant tout le bien que je pense de Kimiyoshi Yasuda, qui avait réalisé certains opus de Zatoichi parmi les plus intéressants de la saga.

7/10

House of Traps - Chang Cheh (1981)

Assez déçu par celui-là car on m'en avait dit du bien, en plus je me suis dit, le combo Venoms + Maison piégée, ça peut être cool, d'ailleurs l'intro m'a mis plutôt en confiance, le vieux Chang s'est un peu sorti les doigts du fion pour proposer des combats énergiques et montrer le fonctionnement de cette fameuse maison. Mais ça c'est 10/15 minutes de film tout au plus, ensuite ça enchaine des petites scènes de comédie avec Chin Siu-ho (alors tout jeune) qui se fait payer des restos, Philip Kwok qui en fait des caisses et se paye un couvre-chef ridicule en peau de lapin, entre autres joyeusetés. Du coup, on s'en fout de plus en plus, ça parlotte pour rien, en bref je vous renvoie a ma critique de The Weird Man car c'est la même chose mais en plus frustrant en somme....

3/10

[Mark Chopper]

Curieux de savoir ce que Misumi a apporté au kaiju eiga...

[angel.heart]

Bah j'ai envi de dire : pas grand chose. Son épisode est sympa, mais de mémoire j'avais préféré le premier volet.

[Dunandan]

(...)me confirmant tout le bien que je pense de Kimiyoshi Yasuda, qui avait réalisé certains opus de Zatoichi parmi les plus intéressants de la saga.

Mouais, pas trop d'accord (à part le défi et à la limite Retour au pays natal...), mais ta critique me rend curieux

[Jed_Trigado]

C'est pour ça que je dis "certains opus".